Jupiter’s Legacy : Quand la série Netflix aseptise le comics de Mark Millar !

Jupiter's Legacy
Au secours ! Je suis prisonnier d’une CGI pourrie ! (Image : NETFLIX © 2020)

 

Des effets spéciaux et des designs low cost

Quand on s’appelle Netflix et qu’on lance en grande pompe une série sur les super-héros, il faut quand-même avoir les moyens de ses ambitions. Et malheureusement ce n’est pas le cas. Ce qui choque vraiment, ce sont les costumes et la réalisation de différents super pouvoirs ! En dehors des évènements sur l’île, le reste est assez poussif, pour ne pas dire à côté de la plaque. On a affaire à un réel problème de réalisation, clairement pas à la hauteur : aucun style, aucune patte, c’est plat. Les rayons et projections en toutes sortes sont moches, on sent l’apport du numérique quasiment partout et tout sonne faux. Quand c’est une série qui se veut parodique comme The Boys, on peut tolérer des effets cheap et des costumes ringards, mais là, ce n’est pas le but de la série et c’est gênant. Il faut simplement voir le look de Blackstar, le méchant de la série et le 1er combat pour se rendre compte qu’on se trouve sur fond vert et que tous les moyens n’ont pas été mis sur la production. C’est encore pire que Steppenwolf sur la 1ère version du film Justice League. En clair, côté réalisation et production, c’est très en dessous. Et c’est certainement ce problème qui entraîne tout le reste.

 

Jupiter's Legacy
Moutarde Man power ! (Image : Netflix © 2021)

 

Et pourtant ça se regarde

Bon, je viens quand-même de descendre la série pendant quasiment 2 pages, et pourtant j’ai regardé jusqu’au bout ! Parce qu’il y a quand-même quelques bons moments. Si ce n’est pas la meilleure série de superhéros qui m’ait été donné de voir, c’est loin d’être la pire. Disons qu’il y a une réelle volonté de tenter une réflexion, de vouloir proposer quelque chose d’un peu plus réfléchi que d’habitude. Mais clairement, c’est trop gros pour les personnes qui sont aux commandes de Jupiter’s Legacy ! Après, j’ai quand-même eu l’impression de me retrouver devant un pilote de 8 heures, tellement l’intrigue n’avance pas ou peu. Le pire, ce sont les flashbacks sur la découverte de l’île, qui pour le coup ne servent strictement à rien ! Ils n’apportent même pas de tension entre les personnages, cela sert juste à combler et à rallonger la sauce. De fait, si Jupiter’s Legacy avait été un gros épisode de deux heures, cela serait passé, mais là c’est trop long ! Dès que l’écran s’agrandit (signe de flshback), on se dit qu’on va encore s’ennuyer pendant de longues minutes. Après, on a posé des bases et en toute honnêteté, le dernier épisode est nettement plus intéressant.

 

Jupiter's Legacy
Trash mais pas trop ! (Image : NETFLIX © 2021)

 

Vous reprendrez bien une sucrette ?

Jupiter’s Legacy est la série qui m’avait réconcilié avec Mark Millar. En effet, après Civil War, le scénariste s’est lancé uniquement dans des projets personnels, qu’il a voulu immédiatement adaptables sur grand écran et qui prônaient la provocation facile et le trash à outrance. Oui, Kick Ass le comics est une purge sans nom, représentant tout ce que je déteste dans le comics. Si l’on continue avec des horreurs telles que Nemesis ou Supercrooks, on avait définitivement perdu, à mon sens l’auteur. Et pourtant, avec Jupiter’s Legacy et quelques autres titres plutôt sympathiques (Starlight, Huck), Mark Millar était redevenu un scénariste lisible, s’effaçant devant les histoires qu’il voulait raconter. Bon, il est depuis retombé dans ses travers en nous proposant du vide intersidéral depuis quelques années avec The Magic Order ou encore Prodigy mais qui sont uniquement réalisées pour Netflix. Jupiter’s Legacy le comics, sans être un chef d’œuvre, proposait quelques pistes plutôt intéressantes et n’hésitant pas à brouiller les pistes. Il faut dire aussi que les dessins de Frank Quitely apportent une maturité et une ambiance poisseuse qui améliore grandement la lecture. Et malheureusement, la série Netflix édulcore grandement le ton. Jupiter’s Legacy se veut un peu plus mature que les ado-niaiseries dégoulinantes de guimauve habituelles à la chaîne, mais la volonté de faire du consensuel prend rapidement le pas. Et c’est un peu l’arroseur arrosé !

 

Jupiter's legacy
Shake and Bake ! (Image : Netflix © 2021)

 

L’ironie de la chose

Mark Millar écrit depuis des années des comics uniquement calibrés pour être adaptés au cinéma clés en main ! Intrigues faciles, situations surprenantes, personnages un peu trash pour émoustiller les adolescents boutonneux, on n’a quasiment rien à faire si l’on veut adapter stricto sensu un comics du Millarverse. Et pourtant, Netflix a pris la décision de tout transformer, de tout modifier pour l’adapter à son public. De fait, le travail d’adaptation réalisé ici annihile quasiment tout le discours de Mark Millar dans le comics Jupiter’s Legacy ! C’est finalement assez drôle quand on y pense. Après, ce n’est pas non plus une catastrophe. Même si l’article est un peu à charge, Jupiter’s Legacy se regarde, surtout si l’on n’a pas lu le comics ! Sans avoir été conquis, je n’ai pas passé un moment aussi désagréable que ça à regarder ces 8 épisodes. À suivre !

 

LIRE AUSSI : Superman – Red Son : le Superman soviétique imaginé par Mark Millar mérite-t-il vraiment sa réputation de classique ?

superman red son
(image © DC Comics)




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.