Joker, l’Homme qui rit : Deux visions terrifiantes et crédibles de l’ennemi juré de Batman !

(image © DC Comics)

Dans Joker, l’homme qui rit, Urban Comics réunit 2 récits complets signés Ed Brubaker et qui soulignent, si besoin en était, toute la folie et la démesure du Clown Prince du Crime !
■ par Stéphane Le Troëdec

 

(image © DC Comics)

 

Dans Joker, l’homme qui rit, Urban Comics réunit 2 rééditions de récits avec le Joker imaginées par le scénariste Ed Brubaker. Celui-ci s’est fait connaitre à la fois par la qualité de ses scripts mais aussi pour son appétence naturelle pour les polars et les récits noirs. Les 2 récits de l’album Joker, l’homme qui rit ont été imaginés au début des années 2000, mais s’inscrivent chacun dans une démarche différente. Ce qui ne les empêche pas d’être tous les 2 très réussis.

 

(image © DC Comics)

 

L’Homme qui rit : la 1re rencontre entre Batman et le Joker

Avant L’Homme qui rit, il y a évidemment eu Batman : Année Un, un des récits de Batman les plus classiques qui soit. Demandez à n’importe quel lecteur de comics de faire une liste des albums pour commencer la lecture de comics Batman : Année Un en fera systématiquement partie. Car Frank Miller et David Mazzucchelli y racontent la 1re année Batman et de James Gordon à Gotham City dans un récit complet intelligent et accessible au néophyte. Restait alors un grand absent : le Joker. Enfin, pas tout à fait puisque, dans les ultimes cases de Batman : Année Un, le commissaire Gordon évoquait son apparition. Restait donc tout une histoire à imaginer, celle de la 1re rencontre entre Batman et le Joker. C’est en 2005 qu’avec L’Homme qui rit le scénariste Ed Brubaker imagine donc cette réunion au sommet.

 

(image © DC Comics)

 

Une vraie suite de Batman : Année Un

Si DC Comics a plusieurs fois tenté de lancer une suite d’Année Un. En 2005 l’Homme qui rit est une des tentatives les plus réussies. Ed Brubaker, au scénario, et Doug Mahnke, au dessin, jouent le jeu. Les 2 artistes se lancent dans la construction d’un véritable prolongement d’Année Un. Le Joker commence à semer le chaos à Gotham City, en s’attaquant à des notables de la ville. James Gordon est le 1er à découvrir qu’il se passe quelque chose d’anormal et il ne tarde pas à informant son nouvel allié qu’un dangereux maniaque menace la ville. Et justement, le Joker menace bientôt de s’en prendre à… Bruce Wayne ! Avec L’Homme qui rit, Ed Brubaker propose en réalité une relecture pertinente de la toute 1re apparition du Joker en 1940 dans Batman n°1. À la différence que dans L’Homme qui rit, Batman et James Gordon agissent de concert. Ed Brubaker reprend à son compte le ton sérieux d’Année Un et ses monologues intérieurs croisés. De son côté, Doug Mahnke ne peut pas rivaliser avec le talent de David Mazzucchelli, les 2 dessinateurs n’ont pas du tout le même style. Ce qui n’empêche pas Doug Mahnke d’essayer de coller à l’ambiance de son prédécesseur, et de récupérer quelques idées graphiques comme la forme et les couleurs des cases de monologues, par exemple. Dans la version américaine, l’encreur pousse l’idée jusqu’à émuler les polices d’écriture de Batman : Year One, Bruce Wayne et James Gordon ayant chacune la sienne. Hélas, la version française anéantit ce bel effort et effet de style avec une seule et même police sur l’ensemble des monologues intérieurs.

 

(image © DC Comics)

 

Un sniper tire dans la foule et sème la terreur à Gotham City !

Deux années plus tôt, Ed Brubaker mettait déjà en scène le Joker, mais dans une série et un contexte tout différent. Le comics Gotham Central propose une idée géniale : suivre le quotidien d’un commissariat de Gotham, la vie au jour le jour des agents de police sur le terrain, avec en toile de fond très lointaine les exploits de Batman. L’album Joker, l’homme qui rit reprend le polar noir intitulé « Cibles mouvantes », une saga composée de 4 épisodes co-écrits par Greg Rucka et dessinés par Michael Lark et Stefano Gaudiano. Gotham City est en proie à la terreur ! Le maire vient d’être abattu par un mystérieux sniper embusqué. La police de Gotham est sur le qui-vive ; toutes les forces de l’ordre sont réquisitionnées pour mettre la main sur le tireur. Car l’assassin abat méticuleusement ses cibles à intervalles réguliers, semant la confusion dans Gotham. Mais qui est-il ? Et quel est son véritable objectif ?

 

(image © DC Comics)

 

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joker lee bermejo brian azzarello
(image © DC Comics)

 

Le Joker à travers les yeux des citoyens de Gotham

Dans ces épisodes de Gotham Central, pas de Batman ni de combat acharné entre le Chevalier Noir et le Clown Prince du Crime. Non, Ed Brubaker et Greg Rucka font le focus sur les policiers du terrain. « Cible mouvantes » s’intéresse à décrire le chaos qui s’abat sur la ville, à travers les réactions des policiers, leurs enquêtes et leurs procédures, leurs espoirs et leurs coups d’éclat et leurs échecs. Tout ceci contribue à rendre ces personnages très humains, proches du lecteur. Batman apparait, mais furtivement, le temps de quelques cases. Il n’est pas le héros de l’histoire. Le Joker jouerait presque lui aussi les guest stars. Il a un rôle important, certes, mais vraiment, Ed Brubaker et Greg Rucka se concentrent sur les hommes et les femmes qui tentent vaille que vaille de ramener le calme dans la ville. Du coup, le Joker n’est pas réellement le héros de « Cibles mouvantes ». Cela dit, l’aventure décrit le Clown Prince du Crime en creux, par les réactions qu’il déclenche chez des gens ordinaires. Ces épisodes forment un récit complet, accessible aux néophytes, qui découvriront un autre versant de l’univers de Batman et du Joker, son ennemi juré. Vivement conseillé. ■

(image © DC Comics, Urban Comics)

Joker, l’Homme qui rit est un comics publié en France chez Urban Comics.

 

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(image © DC Comics)




A propos Stéphane Le Troëdec 628 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.