GI Joe Homefront : la guerre 2.0 contre COBRA

GI Joe comics
(image © IDW)

Au moment où GI Joe dévoile son existence au grand public, l’organisation terroriste COBRA lance une contre-opération ambitieuse au cœur de l’Amérique. Leur objectif : discréditer les héros aux yeux du public. Un cocktail explosif d’action, d’humour, de drame humain et de politique !
■ par JB

 

GI Joe est une organisation secrète qui lutte contre les menaces terroristes. Ses agents se font passer pour mort afin d’opérer en secret. Jusqu’à maintenant ! Au début de ce GI Joe Homefront de Fred Van Lente (Archer and Armstrong, Ivar, Timewalker) et Steve Kurth, l’existence de GI Joe devient publique. Joe Colton présente son organisation lors d’une conférence de presse avant d’envoyer une équipe de Joes dans une 1re mission officielle : des agents de COBRA se trouveraient dans une petite ville aux alentours de New York. La mission tourne mal lorsque l’équipe tombe dans un guet-apens. Nos héros ont la surprise de se retrouver en territoire ennemi au cœur des Etats-Unis !

 

GI Joe comics
(image © IDW)

 

Une propagande au service des héros

Dès les 1res pages, l’accent est mis sur la communication. Le gouvernement veut vendre les GI Joes au peuple américain et sort la grosse artillerie. En plus de la conférence de presse, une jeune blogueuse accompagne l’équipe pour twitter leurs hauts faits. Duke, le chef d’équipe, est lui-même mal à l’aise avec ce concept, davantage habitué à être un héros de l’ombre. Dans un discours qui mêle patriotisme et cynisme, Joe Colton souligne que cette révélation a valu à GI Joe de tripler son budget. Ce coup de projecteur sur l’organisation est l’occasion de porter fièrement le drapeau et de recruter de nouveaux agents. Le soutien populaire est spécifiquement décrit comme une arme ! Et, pour ce faire, l’équipe doit se plier à des nouvelles règles : parité dans les agents sélectionnés, présence d’une civile lors des missions. Sur un ton plus léger, la série évoque le marketing. Duke est quelque peu consterné d’apprendre la création de jouets GI Joe. De son côté, le dénommé Shipwreck tente à tout prix de changer de costume et de pseudonyme, à la manière d’un Monsieur Pink tout droit sorti de Reservoir Dogs.

 

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(image © IDW)

 

Un parfum d’actualité

COBRA, à l’origine du guet-apens contre les Joe, prépare une campagne pour discréditer les Joes. Ils tentent par exemple de faire lire à un prisonnier un texte dénonçant les Joes et le gouvernement américain. De façon plus pernicieuse, les agents de COBRA utilisent la perte de confiance du peuple envers le pouvoir. La série date de 2013, mais continue à résonner aujourd’hui. Wikileaks, spécifiquement évoqué, a érodé la relation entre les américains et leurs gouvernement. La Baroness, en charge de cette opération, cible une partie de l’Amérique qui a le sentiment d’avoir été laissée pour compte. Le comics propose plusieurs scènes en miroir. Lorsque les Joes décollent pour partir en mission, la foule au sol les acclame. Dans cette ville retournée par COBRA, les habitants traitent les héros comme des assassins à la solde du pouvoir. Au discours de Colton sur les Joes qui bénéficient enfin de la lumière, la Baroness évoque la crédulité grandissante de la populace. Pour autant, le comics n’est pas manichéen. Le maire de la ville exprime ses regrets pour leur alliance avec COBRA née du désespoir. Côté GI Joe, les huiles sont prêtes à tout pour éviter de donner une mauvaise image de l’Amérique…

 

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(image © IDW)

 

Des personnages qui ont le mérite d’exister

Vous pensez peut-être qu’une série GI Joe propose des personnages aussi figés que leurs figurines ? C’est mal connaître l’historique des GI Joe en comics. Larry Hama a notamment écrit un run acclamé sur la franchise, d’abord chez Marvel avant de continuer ses histoires sous la bannière Image Comics. GI Joe Homefront reste dans la même tradition. Plusieurs des personnages bénéficient d’un arc narratif. Parmi les grands gagnants, la nouvelle venue, Aruna Singh alias Hashtag. Jeune blogueuse (pardon, journaliste), elle a fait jouer ses relations pour suivre l’équipe. Enthousiaste, opposée à l’usage des armes, elle se voit entraînée dans une situation où elle ne peut plus rester neutre. Cover Girl est une autre membre des Joes sur laquelle l’auteur s’attarde. L’arrivée d’une jeunette dans l’équipe, un nez cassé, un coup de taser sont autant d’élément qui lui rappelle que sa carrière dans la mode est loin derrière elle. En l’absence de leur officier en charge, Roadblock sent peser le poids des responsabilités lorsqu’il doit assurer la survie de son équipe Tous ne sont pas à la même enseigne et certains héros sont oubliables voir, comme Shipwreck, réduit à un ressort comique. Pourtant, c’est Duke qui accroche l’intérêt avec un numéro entier dédié à son passé.

 

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(image © IDW)

 

Les tourments du passé

Plus original que cette mission de reconnaissance et infiltration qui tourne à l’affrontement direct, l’un des chapitres de cette histoire se focalise sur l’interrogatoire de Duke. COBRA tente de lui soutirer un code. Les méthodes conventionnelles ne fonctionnent pas. Le Docteur Mindbender tente une nouvelle approche. Il fait revivre à Duke plusieurs moments de sa vie en tentant de le convaincre de donner ce code à une personne de confiance. Un jouet, un instructeur, une amante… Le lecteur découvre le personnage, de son enfance à son entrée dans les forces spéciales, sa romance avec une traductrice arabe jusqu’à une rupture houleuse, leurs retrouvailles sur le champ de bataille. Le héros est loin d’être parfait, intervenant à l’insu de sa compagne Aisha pour l’empêcher d’aller aider son peuple. Face à elle, il se réveille humain et faillible, ce qu’exploite le Docteur Mindbender en lui faisant revivre la conclusion de leur histoire.

 

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(image © IDW)

 

En résumé

L’histoire en elle même se déroule en 3 temps : le piège, le flashback de Duke et une conclusion explosive laissant la part belle à l’action et aux effets pyrotechniques. Imaginez un blockbuster au milieu duquel on vous passe un épisode du Prisonnier ! Même au sein des comics GI Joe, ce story arc m’a beaucoup rappelé GI Joe n°50 chez Marvel : COBRA y faisait évacuer une ville de fidèles lorsque GI Joe s’apprête à l’envahir. La série proposait déjà une inversion apparente des rôles. Dans GI Joe Homefront, la plume de Fred Van Lente ajoute un humour salvateur, plus discret cependant que dans ses séries Valiant. Un album qui redistribue les cartes pour la franchise en mêlant légèreté, tragédie et action. ■

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(image © IDW, Vestron)

GI Joe : Homefront est un comics publié en France par les éditions Vestron.

 

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A propos JB 198 Articles
Lecteur de comics depuis 30 ans, pinailleur Marvel, râleur DC et nostalgique des séries Valiant des années 90.