Batman a 80 ans ! DC célèbre l’évènement via un numéro spéciale anniversaire. Detective Comics 1000 propose des récits hommages par les « suspects habituels », les auteurs connus et phares du héros et de la profession. Mais la popularité de Batman et la multiplication des célébrations donnent l’impression d’un non-événement et d’un léger gâchis.
■ par Ben Wawe
Batman est le superhéros le plus connu au monde, surement le plus populaire. Ses 80 ans sont un enjeu important pour DC, qui entend maintenir le succès du personnage via plusieurs « moments » au fil de l’année. Nous connaitrons bientôt le nom de l’acteur qui l’incarnera une nouvelle fois au cinéma, un nouveau jeu vidéo pourrait arriver… 2019 sera encore une année Batman. Mais la popularité extrême du Chevalier Noir affaiblit paradoxalement la portée de cet anniversaire. Cette mise en avant n’est qu’une parmi tant d’autres. Superman a profité de ses 80 ans en 2018 pour se révolutionner avec l’arrivée de Brian Bendis. Mais Batman n’a pas de grand moment associé à ce Detective Comics 1000, qui tombe donc un peu à plat. Et se révèle juste agréable, mais souvent mal dessiné.
Des récits sympathiques, mais anecdotiques
« Batman’s Longest Case » de Scott Snyder et Greg Capullo montre une enquête du héros sur plusieurs années, avant de découvrir quel groupe lui a laissé tant d’indices. Sympathique, bien dessiné, mais sans grande ambition. Warren Ellis et Becky Cloonan montrent une chasse aux terroristes dans « The Batman’s design », efficace mais une proposition sèche sur un Batman très froid. Brian Bendis et Alex Maleev s’amusent dans « I know », avec le Pingouin avouant qu’il a toujours su l’identité de Batman ; sympathique mais encore anodin. « The Precedent » de James Tynion IV et Alvaro Martinez est un bel hommage à Dick Grayson, mais l’ensemble parait froid, sans émotion. Doug Mahnke offre des pleines pages puissantes pour la conclusion donnée par Pete Tomasi, mais son ouverture sur les futurs numéros dédiés à un mystérieux Arkham Knight est malheureusement lourde et confuse.
Des récits aux graphismes défaillants
Kevin Smith offre de l’émotion avec « Manufacture for use », où Bruce recherche et réutilise l’arme qui a tué ses parents ; mais les dessins de Jim Lee sont tellement précipités qu’ils en deviennent gênants. « The Legend of Knute Brody » de Paul Dini et Dustin Nguyen est rigolo avec cet homme de main si maladroit (quoique…), mais le graphisme est trop irrégulier pour que cela fonctionne. Dennis O’Neil se perd dans la trop grande froideur du trait de Steve Epting pour le maladroit « Return to Crime Alley », réaction brutale de Bruce Wayne à l’anniversaire. Je n’ai rien compris au « Heretic Priest » de Christopher Priest et Neal Adams, maladresse laide sur la Ligue des Ombres. Kelley Jones livre des planches extrêmement faibles et amatrices pour « The Last Crime in Gotham », alors que le scénario de Geoff Johns aurait pu être émouvant. Tom King maitrise admirablement les interactions de la Batfamille dans « Batman’s Greatest Case », mais l’ensemble est gâché par les très inégaux Tony Daniel et Joelle Jones.
11 récits qui ne brillent jamais
Detective Comics 1000 est une anthologie, où plusieurs auteurs connus livrent des récits sympathiques sur Batman. Une série d’hommages, donc, qui permet des moments agréables… mais guère plus. En 2018, Action Comics 1000 avait la même formule, mais bénéficiait de quelques récits forts et touchants ; ce n’est pas le cas ici. Attention, Detective Comics 1000 n’a pas de « mauvais » moment, hormis les planches laides de Kelley Jones. Mais aucun récit ne brille ou marque, et beaucoup sont mal dessinés. Un comble pour les 80 ans d’un personnage si souvent bien servi graphiquement.
En conclusion : un triste non-événement
Batman est un personnage éminemment populaire, régulièrement mis en avant dans des numéros spéciaux. La portée de ses 80 ans est plus faible que pour Superman, dont la popularité a faibli et qui a pu profiter d’un tel « moment » pour se relancer. Detective Comics 1000 n’est pas un grand évènement, n’a rien de marquant ; aussi parce que DC a déjà livré des produits similaires. Detective Comics (Vol. 2) 27 de 2014, période DC Renaissance, était un clin d’œil à la 1ère apparition de Batman 75 ans plus tôt. On y retrouvait déjà des hommages et récits dédiés, bien plus pertinents et appliqués qu’aujourd’hui. Ce n°1000 apparait comme un passage obligé pour l’éditeur, qui n’a pas daigné s’y intéresser suffisamment pour y placer des récits porteurs et appliqués. L’ensemble reste sympathique, mais semble avoir été réalisé de manière précipitée. Une déception, car même un personnage aussi populaire méritait un anniversaire plus professionnel. On a 80 ans qu’une fois, quand même ! ■