Critiques Doopiennes, le marathon comics : semaine 8 !

L’appel de Cthulhu

(Gou Tanabe)

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(image : © Gou Tanabe)

 

L’appel de Cthulhu : ça raconte quoi ?

À la mort de son grand-oncle, Francis Thurston, un anthropologue, hérite de tous ses biens. Dans ses affaires il trouve une étrange statuette ainsi qu’un carnet : ce dernier va lui apprendre les circonstances de la mort de celui-ci ainsi que lui dévoiler l’existence d’une secte d’adorateurs de démons : les grands anciens. Ces derniers sont des dieux venus des étoiles il y a des millions d’années et qui dorment sous terre, attendant qu’on les réveille. À travers le récit de son oncle, Francis va découvrir un tout nouveau pan de la réalité !

J’ai 2 aveux à vous faire

Commençons cette critique par 2 aveux. Premièrement, je ne suis absolument pas connaisseur de manga. J’ai lu au mieux une toute petite dizaine de bd de ce genre. Ce qui ne veut pas dire que je dénigre cette branche de la littérature illustrée : c’est juste que je n’y connais rien ! Mais cela va me permettre d’avoir un regard assez neuf sur le livre. Deuxièmement, je ne suis pas un adorateur de Lovecraft. J’avais essayé de le lire il y a une bonne trentaine d’années et cela m’avait plutôt semblé hermétique. Depuis, je n’ai jamais eu l’occasion de m’y remettre. De fait, L’appel de Cthulhu, cette adaptation du récit fondateur de l’écrivain par un dessinateur de manga était l’occasion pour moi de combler ces défauts. Et c’est, je pense, le but de l’auteur : rendre les œuvres de Lovecraft accessibles pour tous les publics. Dans cette hypothèse, le pari est gagné.

Du gothique en manga ?

Encore une fois, je me demandais bien ce que ce mélange des genres allait pouvoir donner. Les quelques œuvres manga que j’ai pu lire jusqu’alors m’ont toujours paru assez claires : assez déliées. Du coup, je ne voyais pas comment l’auteur, Gou Tanabe, allait pouvoir faire ressortir la noirceur des récits de l’auteur. Eh bien il y arrive haut la main ! Gou Tanabe nous livre ce qui semble être une adaptation très fidèle de la nouvelle éponyme. Du chapitrage en passant par les personnages et les différentes circonvolutions du récit, cela correspond en tout point au résumé de l’histoire. Du coup, on pourrait bien se demander quel est l’intérêt de L’appel de Cthulhu, quelle est la valeur ajoutée de l’ensemble ? Eh bien il suffit juste d’ouvrir les pages du livre pour se rendre compte qu’avant tout, L’appel de Cthulhu version manga se distingue par sa maestria graphique.

Des dessins extraordinaires

Franchement, les dessins sont d’une beauté à tomber par terre. On reste bien évidemment dans un style très manga, surtout en ce qui concerne le protagoniste principal de L’appel de Cthulhu. Silhouette androgyne, cheveux longs, il n’y a pas de grosses surprises. En revanche, dès qu’il s’agit de dessiner les démons, Gou Tanabe nous gratifie de superbes doubles planches d’une noirceur inégalée ! Ces monstres sont … monstrueux, bizarres, tordus, déformés et toutes encadrées de noir ! L’artiste arrive pleinement à nous faire ressentir le gigantisme de ces créatures, de leurs cités, de leur univers. C’est vraiment un sacré tour de force. C’est très intense ! Après, je dois dire que j’ai eu parfois quelques difficultés à gérer l’action, que je n’ai pas toujours trouvée très fluide. Mais peut-être est-ce du au fait que je n’ai pas vraiment l’habitude de lire à l’envers.
En dehors de la simple adaptation en manga d’une œuvre culte, L’appel de Cthulhu nous propose une réelle valeur ajoutée par sa qualité graphique en même temps qu’une relecture respectueuse du mythe. Quelques mots sur la version française, dotée en plus d’une couverture dont la texture pourrait faire penser à du cuir et qui rajoute à la qualité de l’ensemble. Un pari réussi donc ! Gou Tanabe a apparemment adapté d’autres nouvelles de l’auteur. J’y jetterai un coup d’œil .

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(image : © Gou Tanabe, Ki-Oon)

L’appel de Cthulhu est un manga publié en France par les éditions Ki-oon.


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Lovecraft Les Montagnes Hallucinées
(image © Ki-Oon)

 

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A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.