Critiques doopiennes, le marathon comics : semaine 14 !

Barrier

(Brian K. Vaughan/Marcos Martin)

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(Image : © Brian K. Vaughan, Marcos Martin)

Barrier : ça raconte quoi ?

Liddy est une texane pur jus, elle gère son ranch du mieux qu’elle le peut. Oscar, quant à lui est un réfugié venant du Honduras. Barrier nous propose de suivre le destin de ces 2 personnages que tout oppose jusqu’à leur rencontre au bord de la frontière mexicaine. Alors que l’une pourrait tout à fait descendre l’autre d’un coup de fusil, un évènement particulier va se produire au moment même de leur rencontre. Cet évènement extraordinaire va faire en sorte que les 2 protagonistes, qui ne se comprennent même pas (l’un parle espagnol, l’autre anglais), unissent leurs efforts et résolvent leurs différends. Car sinon, il n’y aura pas d’autre issue que la mort.

Un comics différent

Nouvelle collaboration entre Brian K. Vaughan et Marcos Martin, après Batman, Dr Strange et Private Eye. C’est la 2e au sein de leur label Panel Syndicate, qui propose des comics sur Internet à un prix non fixé. C’est le lecteur qui décide du prix à payer. De fait, nous avons une édition un peu spéciale, pas du tout au format comics mais « à l’italienne », c’est-à-dire presque 2 fois plus large que long. Private Eye était une réussite, mais avec Barrier, les deux artistes (accompagnés de Muntsa Vicente aux couleurs) jouent véritablement avec le format des comics. Et je ne parle pas du format graphique, forcément différent à cause des dimensions et du fait que le comics ait été pensé pour le papier, mais du format scénaristique. En effet, Barrier se veut un comics qui réunit les gens, qui montre qu’en dépit de nos différences, nous sommes capables de faire des efforts pour comprendre, accepter l’inconnu. Et les deux artistes utilisent un procédé que j’avais encore peu vu jusque-là, c’est-à-dire faire parler leurs intervenants dans leur langues respectives sans en donner la traduction. Ce qui fait que si vous ne parlez pas espagnol, eh bien vous aurez la moitié du texte qui vous manque. Et le tour de force de Brian K. Vaughan et Marcos Martin, c’est que finalement cela ne change absolument rien. Le lecteur n’a pas besoin du tout de tout comprendre, il a juste à se laisser bercer par le talent des 2 auteurs.

We have met the enemy and they are us

Le duo va même encore plus loin en proposant un 3e langage, cette fois-ci totalement incompréhensible puisqu’il s’agit d’un langage extraterrestre. Ce qui va donc rajouter de la complexité à l’histoire mais encore une fois, cela ne pose aucun problème. Clairement, la moitié de tout le texte de Barrier ne vous sera pas compréhensible si vous n’êtes pas hispanophone (ou extraterrestre). Et c’est carrément le but de Brian K. Vaughan et Marcos Martin : nous mettre exactement dans les mêmes conditions que les personnages principaux de l’histoire. On essaye de comprendre ces êtres venus d’ailleurs, ce qu’ils veulent, ce qu’ils désirent, quel est leur but. De fait, Barrier, c’est un petit peu l’antithèse du film Premier Contact de Denis Villeneuve, où ce dernier montrait comment les humains s’adaptaient à un langage extraterrestre. Ici, il n’y a pas de compréhension possible. Et finalement, on comprend à travers les épreuves qu’ont traversé Liddy et Oscar qu’il n’y a pas de bon côté, qu’il n’y a jamais de justification pour la haine et la violence de l’autre, simplement une incompréhension. À ce titre, les dernières pages sont un petit régal, lorsque Liddy et Oscar se retrouvent devant la devanture d’un service de restauration rapide. On ne pouvait pas mieux clore le récit.

Des dessins extraordinaires

Que dire sur les dessins de Marcos Martin qui n’ait pas déjà été dit ? Rien. Simplement faire remarquer que le talent de Brian K. Vaughan, c’est aussi celui de mettre en valeur celui de son complice. Il lui offre sur un plateau un challenge formidable qui est non pas de dessiner un comics sans parole, mais de mettre en image une histoire où la moitié des textes sont dans une langue étrangère. Et le tour de force de Marcos Martin dans Barrier, c’est qu’on suit et qu’on comprend quand-même tout en dépit du texte inconnu. C’est fort, c’est puissant et c’est surtout très poétique. Parce que Marcos Martin livre dans Barrier des pages qui passent du réalisme le plus dur à l’onirisme et l’étrangeté la plus inadéquate. C’est tout simplement parfait. Et quelle mise en couleurs !  C’est un travail d’équipe absolu. Un comics différent qui traite justement des différences. Exceptionnel !  Retrouvez notre critique plus complète de Barrier avec ce lien !

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Barrier est une mini-série publiée sur internet en Vo par la plateforme Panel Syndicate et en France par Urban Comics.

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(Image : © Brian K. Vaughan, Marcos Martin)

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(images © Image Comics)

 

 




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.