Critiques Doopiennes, le marathon comics : semaine 2 !

marathon comics critiques doopiennes 2
(image © Marvel Comics, DC Comics, TKO)

Dans cette nouvelle rubrique, je vous propose un défi totalement fou : une critique comics par jour ouvré !  Une seule contrainte : tenir le plus longtemps possible !
■ par Doop

 

Les comics au sommaire de cette semaine

Cette semaine, on aborde le deuxième round avec These Savage Shores, un comics réussi et original. On découvrira aussi une série sortie il y a à peine quelques semaines en VO, The Union, qui met en scène les super-héros Marvel anglais. Puis je vous expliquerai pourquoi Black Widow : Plus de Secret par Mark Waid et Chris Samnee est raté. On fera encore un tour chez le splendide Sentient de Jeff Lemire et Gabriel Walta avant de finir par une nouveauté attendue depuis des mois : le Batman/Catwoman de Tom King et Clay Mann. On reprend sa respiration et met un pied devant l’autre.

Avant propos

Les Critiques Doopiennes, le marathon comics est un défi assez fou : faire le plus longtemps possible une critique comics par jour ouvré, les 5 étant regroupées dans une chronique hebdomadaire. Elles sont le reflet de mes lectures « à chaud » et assurément trop passionnées. Je vous promets toutefois de rester le plus impartial possible, de ne pas mettre de spoilers et de toujours développer mon avis. Une règle immuable : « Lorsqu’on lit une critique, le meilleur moyen de se faire un avis, c’est toujours de lire le comics en question » ! Ces critiques sont surtout là pour vous permettre de découvrir des titres et pourquoi pas, échanger vos opinions sur notre page Facebook. Alors ? Brocoli (comics de qualité notés de 1 à 5) ou Chamois (comics qui ne sent pas très bon) ? C’est parti !

 

These Savage Shores

(Ram V/Sumit Kumar)

 

critiques doopiennes semaine 2
(image : © Ram V, Sumit Kumar, Vault Comics)

These Savage Shores : Ça raconte quoi ?

 Nous sommes en 1766, à Calicut. La compagnie des Indes essaye d’élargir ses intérêts au mépris de la population locale et elle va envoyer un représentant assez particulier : un vampire. Malheureusement, ce dernier devra affronter d’autres créatures légendaires, issues du folklore hindou. C’est le choc des cultures, au sens propre comme au sens figuré.

Un contexte inédit

En effet, je n’ai pas vu beaucoup de comics s’intéresser de près à la culture indienne. Et c’est un peu dommage car le folklore et les légendes qui lui sont associées sont non seulement millénaires, mais particulièrement riches. Avec l’ouverture des comics vers d’autres cultures, et notamment l’intégration d’auteurs d’origines diverses et variées, j’espère voir dans le futur plus de titres faisant référence à ces mythes. Surtout si c’est aussi agréable à lire que These Savage Shores. Parce que tout d’abord, on fait référence à des points historiques assez précis. Un comics situé en pleine colonisation de l’Inde par les Européens, je ne me rappelle pas déjà avoir vu ça. De plus, le contexte politique est omniprésent. These Savage Shores nous présente une histoire majoritairement composée d’éléments fantastiques mais n’hésite pas non plus à s’éloigner de son sujet pur nous dévoiler certaines tractations entre les européens et certains chefs indiens, prêts à tout pour assurer leur héritage et la prospérité de leur descendance. Et c’est toujours bien d’enrichir une histoire avec un contexte fort et surtout, dans le cas de These Savage Shores, assez inédit. On apprend des choses et on se divertit en même temps, c’est le principe d’un comics réussi !

Une opposition à tous les niveaux

Ce que j’ai apprécié dans These Savage Shores, c’est que le thème du récit, c’est-à-dire la confrontation entre deux civilisations, est finement abordé. Plutôt que de livrer un récit un peu lourd et uniquement à double entrée (les gentils indiens contre les méchants européens), le scénariste Ram V utilise parfaitement la métaphore de l’affrontement entre 2 créatures légendaires. Le vampire, symbole de cette Europe du XVIIIe siècle et le Rakshasa, monstre protéiforme créé aux pieds de Vishnou sont des monstres. Il ne faut pas en douter. Et pourtant, elles ont une âme, une certaine conscience et une volonté de dépasser leur destin. Le début, où le vampire européen écrit à son frère, peut tout à fait faire penser que c’est lui le héros de la série. Tandis que Bishan, le Rakshasa peut se voir comme le méchant. Cette volonté de brouiller les pistes dans These Savage Shores donne un récit vraiment rafraîchissant et intense, qu’on ne pourra pas lâcher tellement on a envie de connaître la fin de l’histoire, qui sera cette fois-ci un peu plus tranchée. Ram V apporte énormément de soin au développement de ces créatures mythologiques mais aussi à son casting secondaire.

Des personnages touchants

C’est à mon sens la force principale de These Savage Shores. Ram V prend son temps pour développer tous les intervenants de la série et il réussit à le faire parfaitement. Les liens qui unissent les personnages, quels qu’ils soient, sont vraiment impeccablement présentés et nous font immédiatement ressentir de l’empathie pour eux. C’est vrai pour Bishan, via sa relation avec un jeune prince ou sa fiancée humaine mais aussi pour les vampires. Ram V évite les clichés et arrive à donner en 5 épisodes seulement une profondeur et une complexité à une grande partie de sa distribution. Alors qu’il aurait été tellement facile de rester dans la superficialité, comme environ les ¾ de la production actuelle, cette tentative de développer et de faire ressentir des émotions est à souligner. Elle apporte énormément au corps du récit. Même s’il y a encore quelques défauts.

Des dessins qui magnifient l’écriture

Tout n’est toutefois pas parfait dans These Savage Shores. L’idée de vouloir ouvrir chacun des épisodes ou de délivrer des informations par le biais d’une lettre est certes sympathique, mais l’écriture reste quand-même parfois un peu planplan. C’est à mon sens le plus gros défaut de These Savage Shores : son écriture. L’histoire est bien vue, le contexte impeccable, la volonté de proposer plusieurs éclairages pour chaque personnage particulièrement appréciable, mais l’écriture m’a semblé parfois un peu lourde. On sent bien l’idée de proposer un récit parfois contemplatif, de donner une véritable poésie à l’histoire, mais c’est à mon sens en tout cas, un tout petit peu en dessous. Le texte est parfois assez banal et n’arrive pas à restituer ce que veut l’auteur. En revanche, les dessins de Sumit Kumar sont vraiment impeccables. C’est un futur grand du dessin à mon sens, avec un style et des compositions impeccables qui peuvent faire rougir une grande partie des dessinateurs de comics actuels. Si These Savage Shores n’est pas un chef d’œuvre, notamment en raison d’un style parfois un peu trop ampoulé et d’une fin rapide, cela reste incontestablement une réussite ! Un tout petit mot aussi pour attirer votre attention sur la splendide édition française (un vrai beau livre) de chez Hi Comics que l’on peut remercier pour cette histoire. Un seul défaut : le texte est parfois trop petit. Mais c’est un détail. These Savage Shores est extrêmement recommandé !

critiques doopiennes brocolicritiques doopiennes brocolicritiques doopiennes brocolicritiques doopiennes brocoli

These Savage Shores est une série en 5 épisodes publiée aux Etats-Unis par Vault Comics et en France par Hi Comics.

 

critiques doopiennes semaine 2
(image : © Ram V, Sumit Kumar, Vault Comics, Hi Comics)

 

LIRE AUSSI : La ligue des Gentlemen Extraordinaires : Nemo – le comics « blockbuster » et accessible d’Alan Moore et Kevin O’Neill !

comics alan moore nemo
(image © Top Shelf poductions, Panini Comics)

 

À suivre : Black Widow




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.