Conan le barbare, tome 1 : Jason Aaron parvient-il à renouveler les aventures du Cimmérien ?

Conan revient chez Marvel après 20 ans d’absence. Et qui d’autre que Jason Aaron, le scénariste tout terrain de Marvel, pour narrer ses nouvelles aventures ? Sauf que c’est difficile de faire du neuf avec du vieux. Pas mauvais mais très anecdotique.
■ par Doop

 

(image © Marvel Comics)

 

Un défi compliqué

Écrire Conan, c’est compliqué. En effet, la série ne se concentre depuis sa création que sur un unique personnage, le cimmérien, qui vit la plupart du temps des aventures qui ne durent qu’un seul épisode. Si on caricature un peu, une fois c’est Conan qui se bat contre un sorcier, une autre fois c’est contre un serpent géant avant de se battre contre des fantômes-démons, avant un autre sorcier et ainsi de suite. Seul Roy Thomas avait réussi à mettre un peu de continuité dans la série Conan Le barbare avec Belit et quelques intrigues au long cours. De fait, relancer Conan et faire une proposition scénaristique originale, c’est difficile. Difficile aussi de passer aux dessins derrière John Buscema, qui a marqué à jamais les comics du barbare. C’est pourtant la mission qui a été confiée au scénariste Jason Aaron, qui a prouvé qu’il était à l’aise avec les guerriers impitoyables lors de son run sur Thor et au dessinateur Mahmud Asrar (Avengers, X-Men Red). Et si on ne peut absolument pas remettre en question l’envie et le dévouement des 2 auteurs envers leur histoire… On a quand-même déjà lu mieux.

 

(image © Marvel Comics)

 

La vie et la mort de Conan

Dans Conan le barbare, tome 1, Jason Aaron et Mahmud Asrar nous font faire un tour des différentes étapes de la vie de Conan. Sa jeunesse, l’époque où il est un mercenaire ou un roi… le tout dans un ordre qui n’est pas chronologique, tout en mettant en arrière-plan une intrigue avec une sorcière qui a une revanche à prendre sur notre Cimmérien préféré. On s’inscrit donc vraisemblablement dans une série qui ne sera pas chronologique non plus, puisque le fil rouge se déroule à l’époque où Conan est déjà roi depuis longtemps. La plupart des épisodes sont construits de la même manière : une histoire déconnectée du reste qui présente une aventure du barbare à une époque différente et qui se termine par une page ou 2 (généralement toujours la même d’ailleurs) sur le fil rouge et la sorcière revancharde. De fait, cela devient assez répétitif, surtout que les histoires en solo ne sont pas des plus extraordinaires. Comme je le disais, c’est difficile de se renouveler à chaque épisode. Je retiens globalement 2 histoires sur les 6 proposées dans ce tome : celle avec les Pictes contre des serpents géants et celle où le roi Conan veut redevenir un barbare. Le reste est assez oubliable et se règle généralement au fil de l’épée. Ce qui n’est pas un problème, on est dans un comics Conan, mais j’aime bien lorsqu’il y a une sorte de morale derrière chaque combat. Ou alors il faut que les dessins soient irréprochables.

 

(image © Marvel Comics)

 

Des dessins corrects mais difficile de faire oublier John Buscema

Disons-le clairement : Mahmud Asrar n’est pas John Buscema. C’est un bon dessinateur de comics, cela ne fait aucun doute, mais je trouve son trait un peu trop actuel et peut-être pas assez développé encore pour donner du corps à un univers aussi imaginaire. Mahmud Asrar est parfait pour les superhéros, un peu moins pour les diablesses court vêtues ou les monstres des marais. De fait, c’est du bon dessin mais on reste dans un comics classique, pas dans du Conan. Mahmud Asrar n’apporte pas de valeur ajoutée à l’histoire, mais il ne la diminue pas non plus. D’ailleurs, lorsqu’il est remplacé par Gerardo Zaffino, au style beaucoup plus exigeant, on voit rapidement le changement. Ça m’ennuie de dire cela, parce que je pense que Mahmud Asrar met toute son énergie dans ce comics Conan, mais clairement, ce n’est pas exceptionnel. Et puis, si désormais Conan a été assagi au niveau de sa sexualité, ou tout du moins, bien affadi au niveau de sa libido et de la nudité, la violence bien gratuite et le gore ont fait leur apparition. Une sorcière à moitié décapitée avec les morceaux qui tiennent, des grosses gerbes de sang, je trouve ça vraiment facile. En gros, on ne verra pas de demoiselle un peu dévêtue mais des têtes décapitées ou des gerbes de sang ne posent pas de souci. Ce n’est pas vraiment rebelle… Classique dans le sens pas original mais pas raté. J’attendais un peu mieux. ■

(image © Marvel Comics, Panini Comics)

Conan le barbare, tome 1 – Vie et mort de Conan est un comics publié en France chez Panini Comics.




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Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.