Le véritable Captain America est revenu et a mis fin au règne de l’Hydra. Il est donc temps pour lui de redevenir un symbole d’espoir dans deux récits agréables et lumineux écrit par Mark Waid, et illustré par Chris Samnee puis Leonardo Romero.
■ par Mad Monkey
Captain America – La patrie des braves, s’il n’est peut-être pas un album indispensable, n’en est pas moins un récit agréable en rupture de ton avec ce qui avait été fait avec Captain America depuis quelque temps. Et c’est aussi un bon point de départ pour les néophytes puisqu’il constitue un nouveau départ pour le personnage nécessitant peu de connaissances préalables.
Un auteur solide pour un nouveau départ
Les comics de superhéros, du moins en ce qui concerne les grosses licences, sont un éternel recommencement. Même quand les auteurs ont les coudées franches, il se doivent de ranger les jouets avant de partir, et charge à leurs successeurs de reconstruire le statu quo pour les nouveaux lecteurs. Ainsi, après la mise en avant du « Cap Hydra » dans Secret Empire, il fallait un auteur chevronné pour restaurer l’image de Captain America. Marvel a donc fait appel à Mark Waid, qui avait déjà réhabilité le personnage par le passé avec d’histoires acclamées par la critique.
Cap doit se rassurer
Avec La Patrie des Braves, Mark Waid se voit donc incomber la tache de redorer le bouclier de Captain America. Le vrai Steve Rogers est en effet de retour après avoir mis un terme au règne de l’Hydra à la fin de Secret Empire. Et une fois revenu il décide donc de… prendre une moto et de partir. Pour être plus précis Steve Rogers fait le choix de parcourir l’Amérique afin d’aller à la rencontre des gens et de ne plus être cantonné à New York. C’est peut-être une façon de se rassurer à propos de ses concitoyens après ce que lui a dit son double, mais c’est avant tout un moyen pour lui de se ressourcer, de revenir aux fondamentaux. D’ailleurs dès le 1er chapitre il fracasse la mâchoire d’un milicien d’extrême droite. La base quoi. Puis après ce 1er arc qui va emmener Steve Rogers très loin, Mark Waid délaisse le héros pour se concentrer sur l’héritage qu’il laissera derrière lui. On va en effet suivre, dans un futur apparemment utopique, un descendant de Captain America. Ce personnage n’est pas un combattant, mais un historien qui va user de ses connaissances pour préserver l’idéal de son aïeul et déjouer un complot contre l’Amérique.
Actualisation du propos originel
Tout fan de comics le sait, quand Joe Simon et Jack Kirby livrent Captain America Comics n°1 en décembre 1940 ils poursuivaient un but politique. L’Amérique ne s’était pas encore lancée dans la Seconde Guerre mondiale et il fallait lui faire prendre conscience de l’importance de lutter contre le fascisme et les capitalistes qui s’étaient convertis à cette idéologie identitaire et raciste. Ils voyaient en elle le meilleur moyen de préserver leurs intérêts. Ainsi ce n’était ni un hasard ni anodin si le 1er Red Skull, qui est aussi le 1er « supervillain » de Captain America, se révèle être un important industriel américain. Avec La Patrie des Braves Mark Waid réactualise le propos de Simon et Kirby puisqu’on découvre vite que l’organisation qu’affronte Captain America, si elle est tout d’abord présentée comme un groupe suprématiste, est en fait dirigée par des ultra-riches menant littéralement une guerre contre le reste de la population pour garantir leur position en haut de l’échelle sociale. Naturellement, en grand fan de comics, Mark Waid agrémente le récit de voyage dans le temps, de costumes originaux et des parties de chasse que ne renierait pas le comte Zaroff, afin de rendre son histoire divertissante.
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Un historien comme successeur
Dans le 2nd récit nous suivons Jack Rogers, un descendant de Captain America dans une Amérique utopiste où les idéaux de Steve Rogers se sont concrétisés. Mais cette société est minée par un complot de l’empire Kree qui souhaite se servir des humains comme soldats dans un projet d’expansion de leur régime impérialiste. Complot découvert par hasard par Jack Rogers. Et la situation ne va pas s’arranger quand ce dernier va libérer par accident un Crane Rouge gavé de l’énergie d’un cube cosmique. Or contrairement à son ancêtre, Jack est un historien et non un combattant, ce qui va le pousser à jouer les stratèges plutôt que de se lancer dans la mêlée de façon frontale pour sauver la situation. Faire disparaitre le héros éponyme de la série au profit d’un historien, statut visiblement très respecté dans le futur, permet à Mark Waid de traiter Captain America comme une figure historique inspirante et de questionner le rapport qu’on peut entretenir vis-à-vis des « grands personnages ». De plus ça permet au scénariste de souligner l’importance de la connaissance historique comme outils pour la compréhension des évènements présents puisqu’il fait de la connaissance du passé un moteur de l’action et une source de résolution de l’intrigue.
Un récit lumineux
Avec La Patrie des Braves la mission de Mark Waid est de dépasser les évènements de Secret Empire pour repartir sur de nouvelles bases. Et ça se sent dans son écrire puisque même si la série n’est pas dénuée de sérieux et d’ombres, le scénariste nous offre son lot de scènes plus légères et met en avant nombre d’éléments fantaisistes comme seuls peuvent nous en offrir les comics. Tout ceci offre un ton léger et lumineux à la série. Mais pour fonctionner, il faut que la forme soit en accord avec le fond et donc que ça se sente aussi sur le plan graphique. Et pour ce faire on a fait appel aux dessinateurs Chris Samnee et Leonardo Romero qui ont tous les 2 un trait appartenant à la même école. Leurs styles assez proches offrent donc une certaine homogénéité au livre, en plus de rendre l’ensemble assez dynamique et lumineux. Ce qui est idéal pour un récit qui se veut porteur d’espérance. On est bien loin du très sérieux Secret Empire où chaque couture d’un costume était représentée dans un trait très réaliste. ■
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Captain America — La Patrie des Braves est un comics publié en France chez Panini Comics.