Captain America , Mère Patrie : Quand Captain America visite Guantanamo !

Captain America Mère Patrie
image : © Marvel Comics
Temps de lecture estimée : 4 min.

« Trop américain », c’est souvent le reproche qu’on entend sur le super-héros Captain America de la part des personnes qui ne le connaissent pas ou qu’au travers des films. Et pourtant Captain America a souvent été l’un des héros de comics les plus politisés ! Comme dans ce récit polémique qui fait visiter à la « sentinelle de la liberté » les camps d’emprisonnement de Guantanamo au lendemain des évènements du 11 septembre. Une histoire qui vaudra à son scénariste d’être remercié par Marvel !
■ par Doop

 

Captain America Mère Patrie
(image  © Marvel Comics)

Un changement de direction radical

Alors que les artistes John Ney Rieber et John Cassady s’apprêtent à relancer un titre Captain America, voilà que le 11 septembre vient changer totalement la donne. Le titre s’écarte des standards super-héroïques pour adopter la cause américaine. Globalement, les ennemis farfelus tels que Crâne Rouge, Arnim Zola ou Armadillo laissent la place à des terroristes ou des saboteurs. Mais cette nouvelle version ne connaît pas vraiment de succès et les auteurs ne restent que très peu de temps sur le titre, qui va enchaîner les scénaristes. L’éditeur en chef Joe Quesada décide alors de confier le récit à un nouveau scénariste, le journaliste et dessinateur de presse Robert Morales, qui avait déjà produit la série très polémique Truth sur les origines du 1er Captain America noir !  Et c’est peu de dire que l’on change radicalement de ton. Les idées de Robert Morales sont décapantes et vont véritablement à contre-courant de l’esprit de l’époque, nous proposant un Steve Rogers plus conscient des évènements qui l’entourent que jamais et mal à l’aise avec certains aspects de la politique de son gouvernement. Un soldat hors de temps pris entre deux contradictions dans un récit très réaliste et en phase avec les interrogations de l’époque. Une histoire qui mérite largement d’être relue avec attention.

 

Captain America Mère Patrie
(image  © Marvel Comics)

Captain America et Fidel Castro

Captain America alias Steve Rogers est redevenu le symbole des Etats-Unis. Lorsqu’il ne passe pas du temps avec sa nouvelle petite amie Rebecca, il enchaîne les missions commandées par son gouvernement, la plupart du temps contre des terroristes. Et voilà qu’on lui propose une tâche délicate et assez éloignée de ce qu’il a l’habitude de faire : être jury dans un procès militaire à Guantanamo, où un historien américain d’origine iranienne va être jugé pour terrorisme. Les politiques pensent en effet que la présence du symbole de la liberté va permettre de légitimer un jugement rapidement expédié. Sauf que la réalité est plus complexe que ça. A peine débarqué sur l’île, Steve Rogers remarque des choses qui ne lui plaisent pas, notamment concernant le traitement des prisonniers. Une évasion spectaculaire va alors l’obliger à s’allier avec le SHIELD et… Fidel Castro ! Captain America doit en effet retrouver à la Havane une arme de destruction massive avant que des terroristes ne la fassent exploser. Parallèlement, un avocat, celui qui représente le prisonnier qui doit être jugé, propose à Steve de devenir son vice-président pour la future campagne présidentielle ! Vous l’avez compris, Robert Morales place le titre Captain America sur le fil de la critique politique. Il confiera d’ailleurs plus tard qu’un des thèmes de son arche narrative aurait permis de voir notre héros concourir lors des présidentielles en tant que candidat indépendant. Même si l’auteur refuse l’idée d’un titre « politique » et précise qu’il n’a fait qu’appliquer ce qu’on lui avait demandé, le ton de ses récits n’a pas plu à certains éditeurs, qui ont préféré revenir vers des aspects plus super-héroïques. Alors que Morales avait été engagé pour 18 numéros, le voici écarté au bout de 8 sans pouvoir mener ses intrigues jusqu’au bout. Ce qui est dommage, car le titre Captain America faisait alors partie de la ligne Marvel Knights, plutôt hors continuité.

 

Captain America Mère Patrie
(image  © Marvel Comics)

Chris Bachalo en forme

Chris Bachalo est l’un de mes dessinateurs préférés, même si j’ai une préférence pour ses anciens travaux (ceux qui vont de Shade à Generation X). Le voir œuvrer sur Captain America, un personnage massif est toutefois assez intéressant et, je trouve, à contre-emploi. Et pourtant cela fonctionne plutôt bien, en dehors de quelques visages. Les compositions du dessinateur sont toujours aussi surprenantes et assez lisibles. Il fait un joli travail assurant 6 épisodes d’affilée dans un univers réaliste qui ne lui correspond pas à priori mais dont il a su mettre les éléments les plus importants en valeur. C’est un point fort du récit ! J’aime beaucoup la manière dont il applique son style à la réalité du quotidien de Captain America, notamment sa relation avec sa petite amie. C’est d’ailleurs toujours impressionnant de voir comment Chris Bachalo arrive à rendre ses personnages féminins attirantes et sexy sans jamais avoir recours à des artifices mammaires grossiers.  Les scènes d’exposition sont particulièrement réussies ainsi que certains designs : la scène où Steve se trouve dans une galerie d’art permet à Chris Bachalo de donner libre cours à ses idées !  Une seule déception : les couvertures de Dave Johnson qui ne fonctionnent absolument pas alors que c’est l’un des meilleurs artistes de couverture de l’industrie. Cela ne l’inspirait vraisemblablement pas !   ■

 

Captain America Mère Patrie
image : © Marvel Comics

Captain America : Mère Patrie est un comics publié en France par Panini Comics. Il contient les épisodes Marvel Knights : Captain America n°21 à 26.

 

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(image © Marvel Comics)




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.