Batman vs Deathstroke : Test de paternité sous testostérone !

(image © DC Comics)

A votre gauche, Batman, le plus grand détective du monde, milliardaire, inflexible, rompu à tous les arts martiaux possibles. Face à lui, Slade Wilson dit Deathstroke. Ancien soldat qui a reçu un sérum augmentant ses forces, il est devenu le plus dangereux des mercenaires. L’enjeu ? Rien de mois que la paternité de Damian Wayne, l’héritier de Ra’s Al Ghul. Et le combat ne s’arrêtera pas à la simple mention de Martha !
■ par JB

 

 

Des braqueurs ont pillé les coffres d’une banque de Gotham. Le Commissaire Gordon contacte Batman malgré la banalité de l’affaire. En effet, sur la scène de crime, il a découvert une lettre adressée à Batman. Son contenu ? Des analyses ADN, qui révèleraient que Damian n’est pas son fils mais celui du mercenaire Deathstroke. Bien déterminé à connaître la vérité, Batman veut entendre la version de Slade Wilson, qui nie en bloc. Cependant, le Chevalier Noir sabote une à une les missions du mercenaire afin de le forcer à parler. Slade Wilson ne compte pas se laisser faire et s’intéresse de prêt à Bruce Wayne.

 

 

Miroir déformant

La numérotation de cet album est trompeuse. Batman vs Deathstroke n’est en effet pas une minisérie isolée mais bien la suite de la série Deathstroke de Christopher Priest dont il reprend les épisodes 30 à 35. Néanmoins, cet arc narratif revient en arrière dans la vie de Slade Wilson, ce qui justifie cet aparté. Dès les 1res pages du récit, le but est clair : identifier les ressemblances et les différences entre les 2 personnages éponymes. Les 1res cases montrent la rencontre des 2 mentors, Wintergreen et Alfred, qui évoquent la perte de repère de leurs protégés. Tout au long du récit, le lecteur découvre des témoignages des fils des héros, Robin et Jericho. Puis viennent les affrontements inévitables entre Deathstroke et Batman, qui voient leur apogée au plus profond de la Batcave. Les 2 ennemis doivent alors s’allier pour survivre, tout en échangeant leur regard sur la paternité.

 

 

Deathstroke en territoire inconnu

Autre élément qui justifie un album à part entière, hors de la numérotation habituelle : Slade Wilson se retrouve en terrain étranger. Sa fille Rose Wilson n’apparaît pas, pas plus qu’Ikon. Même l’ex-femme de Deathstroke, Addie Wilson, ne fait que de la figuration. La majeure partie de cet arc narratif tourne autour de Gotham, de Batman, de Robin et de Talia Al Ghul. Ce choix met Slade Wilson en position d’infériorité. Abandonné par Wintergreen, détesté par Addie et séparé de Jericho, il n’a pour seul allié que Damian qui vient lui prêter allégeance. Leurs précédentes rencontres n’ont pas été des plus cordiales, et Deathstroke ne dort que d’un œil lorsque le jeune Robin fait son tour de garde. Il s’improvise néanmoins protecteur du jeune homme lorsque la vie de Damian semble menacée.

 

 

La figure du père, toujours

La figure paternelle reste au centre du récit. Les témoignages de Robin et de Jericho évoquent leurs sentiments ambivalents envers leurs pères. Pour Robin, c’est l’intransigeance de Batman qui ressort. Il fait part de tout le travail sur lui-même qu’il a dû accomplir pour gagner le droit d’être Robin, c’est-à-dire l’approbation de Batman. Il fait cependant aussi part de son sentiment de n’être considéré que comme un pion. De son côté, Jericho insiste que son père est plus complexe qu’un simple supervilain, tout en reconnaissant que son métier ne fait de lui qu’un simple exécutant aux ordres de ceux qui l’emploient. L’histoire fait aussi émerger les traumatismes des 2 protagonistes. L’assassinat de Martha et Thomas Wayne d’un côté, la mutilation de Jericho de l’autre. Jusqu’au bout, la figure du père est omniprésente, jusqu’au final où les figures paternelles des personnages envoient leurs “fils” dans leur chambre !

 

 

Une narration exigeante pour une enquête haletante

J’adore Christopher Priest, mais son écriture demande une forte attention. Le lecteur retrouvera ici la composition non linéaire que l’auteur affectionne. On commence bien par la découverte des tests ADN sur Damian et l’on finit par la découverte de la vérité. En revanche, le reste du récit alterne le point de vue présent, les confessions vidéos de Robin et Jericho, les flashbacks sur le passé des héros ou les reconstitutions de scènes liées à l’affaire. L’auteur ajoute à cela les clichés historiques du polar. Révélations surprenantes, femmes fatales (bonjour, Talia), preuves falsifiées, tout y passe. Auteur et artistes (Carlo Pagulayan, Ed Benes et Roberto Viacara) sèment des indices qui éclairent une 2e lecture. Même la coupe de cheveux d’un certain personnage s’avère importante ! Si vous êtes fan de Deathstroke ou un inconditionnel de Christopher Priest, cet album est incontournable. Dans le cas contraire, c’est l’album idéal pour découvrir le personnage et l’auteur. ■

Batman vs Deathstroke est un comics publié en France par Urban Comics.




A propos JB 198 Articles
Lecteur de comics depuis 30 ans, pinailleur Marvel, râleur DC et nostalgique des séries Valiant des années 90.