1 mois pour dépenser 70 euros en comics (août 2020)

70 euros août 2020
(Image : ©Image Comics_Kieron Gillen_Stephanie Hans)

 

Jouer à en mourir

Il faut que je vous avoue tout de suite que je ne peux pas être partial avec le combo Kieron Gillen et Stéphanie Hans. D’ailleurs, je ne peux pas être partial avec Kieron Gillen tout court, qui est pour moi l’un des meilleurs auteurs de ces dernières années. Je le compare énormément à un Neil Gaiman, tant son écriture est profonde et les thématiques qu’il développe assez proches du créateur de Sandman. Car si l’on peut voir ce Die comme une sorte d’hommage aux jeux de rôle des années 90, en fait, ce comics propose nettement plus que ce qu’il laisse entendre. Je le vois, en dehors d’une histoire plutôt bien construite, comme une réelle réflexion sur les histoires, et notamment la fantasy. Die me paraît, en tout cas dans ce 1er volume, comme une proposition qui serait centrée non pas sur un univers de fantasy, mais surtout sur les idées et la façon d’écrire de la fantasy. Le tandem formé de Kieron Gillen et Stéphanie Hans nous propose des petites histoires dans l’histoire et la présence  d’auteurs célèbres au sein de l’intrigue vient renforcer cet aspect littéraire. Les personnages sont ambigus, cachent des secrets et sont parfaitement développés. Et autant Kieron Gillen maîtrise parfaitement les dialogues et les situations, autant Stéphanie Hans se fait réellement plaisir dans une univers qui lui convient parfaitement. Certaines de ses illustrations sont tout simplement à tomber par terre ! C’est fluide, les compositions sont impeccables et les designs adaptés. Cerise sur le gâteau, ce 1er tome est vendu au prix de 10 € pour son lancement. Au vu de la qualité de l’histoire et des dessins, il ne faudrait surtout pas se priver ! Foncez !

 

70 euros août 2020
(Image : ©Marvel Comics)

L’origine du cosmique

Autant dire qu’avec la publication de cette intégrale Adam Warlock, il n’allait pas rester beaucoup de place dans la liste du mois. Il faut le dire tout de suite : cette intégrale est une œuvre tout simplement magistrale : l’une des meilleures de tout le cosmique Marvel. Les histoires qui sont proposées dans ce numéro ont simplement tout défini de l’univers cosmique. Thanos, Warlock, Magus. Jim Starlin nous entraîne dans un récit fou, mêlant philosophie, psychédélisme, réflexion sur l’homme et la mortalité. Bref, un essentiel. Pour un récit qui a plus de 40 ans en plus ! Les dessins de Jim Starlin sont parfaits, et même si l’on peut reprocher parfois un ton un peu verbeux, c’est tout simplement ce qui se fait de mieux. Enterré le Thanos de Jason Aaron, tout ce qui fait la complexité du personnage est défini et mis en place ici, dans ce récit qui devrait limite être obligatoire pour tout lecteur Marvel qui se respecte. En plus un grand nombre de ces épisodes n’a pas été réédité en France depuis 30 ans (en dehors de 2 volumes aux éditions Hachette). Un joyau qui manquait au catalogue Panini en France  !

 

 

70 euros août 2020
(Image : © DC Comics)

Le Joker du mois

C’est un choix surprenant, qui va en déconcerter plus d’un mais c’est un choix que j’assume totalement. En effet ce comics représente tout ce que l’on peut faire de bien avec le personnage. Il est constitué de 2 histoires totalement distinctes. Le 1er récit est un arc de la série Legends of The Dark Knight et nous propose de découvrir un Joker devenu … normal, après s’être débarrassé de Batman. Cela vous rappelle quelque chose ? Eh bien oui, c’est globalement le même principe de départ que le White Knight de Sean Murphy. A la différence que le récit date d’il y a 25 ans et que cette fois-ci, il y a un véritable scénariste à la barre. JM De Matteis, comme à son habitude, nous propose un récit psychologique, alliant rêve, fantasmes et réalité. Parfois c’est raté, mais ici c’est totalement réussi, même si encore une fois un peu trop verbeux. Alors oui, cela se veut moins arty, moins hype que le Batman White Knight, et ce Joker sain d’esprit possède les défauts de son époque, mais les idées développées y sont carrément 10 fois plus intéressantes que ce qui se fait actuellement. Et les dessins peuvent aussi surprendre au 1er abord. Car Joe Staton n’est certainement pas le préféré des fans de dessin moderne. Sauf que son dessin, un peu bancal et désuet, est plein d’innovations qui servent parfaitement le récit. Staton n’a pas peur d’aller loin, de pousser le délire jusqu’au bout et c’est une curiosité. Quand au 2e récit, c’est tout simplement à mon goût l’une des 2 ou 3 meilleures histoires jamais écrites sur le Joker. Réalisée par Chuck Dixon et Graham Nolan, elle prouve à tous les lecteurs qu’il n’y a pas besoin d’aller dans la provocation ou dans le gore pour pouvoir écrire un Joker effrayant et totalement fou. Alors que ce dernier est condamné à mort, il doit faire appel à Batman pour ne pas se retrouver sur la chaise électrique. Et c’est vraiment perturbant. Les deux auteurs ont réussi un véritable truc avec ce récit d’environ 90 pages. En résumé, ce Joker : Fini de Rire est la preuve absolue que l’on savait très bien écrire sur le personnage et sur sa relation avec Batman il y a plus de 30 ans. Mais surtout qu’il n’y a pas besoin d’artifices tels que le gore ou les scènes choix pour le rendre effrayant. Deux récits qui enterrent à mon goût toutes les versions contemporaines du personnage, et dieu sait qu’on en a eu, et la plupart du temps très mauvaises. Le Joker définitif se trouve dans ce comics. Cela ne plaira certainement pas à tout le monde, surtout aux adorateurs du travail de Scott Snyder sur Death of the Family, mais cela vaut vraiment le coup de s’y plonger ! Mon coup de cœur du mois.

 

Avec les 6 € économisés ce mois-ci, ma tire-lire contient maintenant 11,10 € que je pourrai rajouter aux 70 € du mois de septembre. Vivement la rentrée !




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.