Sous prétexte d’écrire une trilogie de fantasy, James Tynion IV et Michael Dialynas nous offre un récit d’aventures, certes, mais aussi plein de questionnements sociétaux et politiques.
■ par Stéphane Le Troëdec
Rien de distingue réellement Wynd des autres garçons de son âge. Les journées s’écoulent paisiblement dans la ville de Pipetown. Son quotidien est rythmé par son travail à la taverne, sous la houlette de sa mère adoptive et ses escapades durant lesquels il lorgne sur le fils du jardinier royal, pour lequel Wynd a une certaine attirance. Mais notre jeune héros dissimule un secret. Ses oreilles pointues et d’étranges rêves sont le signe extérieur qu’il possède des pouvoirs magiques ! Mais hors de question de révéler ses dons car dans le royaume, la magie est totalement interdite à tel point que les magiciens sont traqués et supprimés. Voici donc Wynd pris entre son envie de mener une existence semblable à celles des autres adolescents de son âge et son désir de mieux comprendre ses pouvoirs mais aussi ses origines. Face à ce dilemme, Wynd choisit alors de s’enfuir, aidé par Oakley, sa meilleure amie. Il se lance dans une aventure incroyable qui va dévoiler ses origines mais aussi lui faire affronter un terrible adversaire : l’Écorché !
Une atmosphère plus onirique que le tout venant de la fantasy
Une fois n’est pas coutume, je vais commencer par parler des dessins de Wynd. Le dessinateur Michael Dialynas choisit de se démarquer du tout venant de la fantasy. Ainsi dès les 1res pages, Wynd donne l’impression de baigner dans une ambiance onirique, plus féerique que d’ordinaire. Michael Dialynas opte pour un dessin et un encrage plus doux, plus sensuel que d’ordinaire. Un choix qui contraste avec certains passages relativement durs du récit. Ce qui au final confère à Wynd une atmosphère différente des autres bandes dessinées d’heroic-fantasy.
De la fantasy qui questionne l’adolescence
Si on en croit le scénariste James Tynion IV, la gestation de Wynd a pris du temps. James Tynion IV a préféré attendre le bon moment et surtout d’être suffisamment expérimenté pour concrétiser une idée qui lui trottait dans la tête depuis longtemps. Wynd parle de l’acceptation de soi, mais surtout du regard de l’autre quand on se sent différent. Une thématique qui parlera évidemment à la plupart des adolescents, qui sont clairement les lecteurs ciblés par le récit. James Tynion IV aborde avec subtilité le sujet de l’orientation sexuelle et des questionnements, parfois complexes, parfois même violentes, qui en découle, surtout quand on se sent différent d’une norme établie. Comme quoi, si Wynd donne l’impression au 1er feuilletage d’être simple, on tient là une œuvre plus complexe qu’elle n’y paraît.
De la fantasy tout en subtilité
Il y a donc 2 récits dans Wynd. D’un côté, l’aventure pleine de fantasy ; et de l’autre, si on sait lire entre les cases, la thématique de l’identité. Wynd relie le tout de façon habile, fine et réussie pour former un comics d’aventure décalé. Rendez-vous dans le tome 2 pour la suite des aventures fantastiques de Wynd ! ■
Wynd, tome 1 : L’Envol du prince est un comics publié en France chez Urban Comics. Il contient Wynd Book One: Flight of the Prince 1-5.