Alors que Descender s’est arrêté aux États-Unis, revenons sur cette saga qui se trouve être finalement la 1re partie d’une histoire beaucoup plus ambitieuse. Retour sur une série de qualité mais qui possède quelques longueurs.
■par Doop
Le Soulèvement des machines
Il y a dix ans, les 9 planètes du conglomérat galactique unifié ont été attaquées par des robots de taille cosmique, qui ont réduit la population de plus de 90% sans aucune explication. Depuis, le gouvernement a détruit la quasi-totalité des machines de chaque planète, craignant un retour de ces fameux « Moissonneurs ». Mais voilà qu’une nouvelle de taille vient troubler l’ordre partiellement rétabli : le code source des moissonneurs semble correspondre à celui d’une vieille série de robots, les TIM, qui avaient l’apparence de jeunes garçons et servaient généralement de baby-sitters. Problème : tous les TIM ont été détruits après l’attaque des moissonneurs et la purge mécanique qui s’en est suivie. Tous ? Non. Sur la petite planète minière Dirishu-6, TIM-21 vient de s’éveiller après de longues de coma robotique. Le Conseil Galactique Unifié décide alors d’envoyer le capitaine Telsa, la fille du commandant du conglomérat, accompagnée du Docteur Quon, le créateur des TIM (mais aussi d’autres modèles de robots conscients) pour le récupérer. Mais le petit TIM-21 doit faire face à tout un tas d’ennemis… Des chasseurs de prime, des tueurs et même un escadron de robots clandestins ! Tout ce petit monde va conduire TIM-21 à travers le système galactique, pour une course poursuite haletante qui risque bien de se terminer de la pire des manières : le retour des moissonneurs…
Le jugement dernier
Descender est une œuvre qui se veut ambitieuse car elle est à l’échelle d’une galaxie toute entière. C’est plutôt nouveau de la part du scénariste Jeff Lemire qui a souvent tendance à proposer des récits plutôt intimistes comme Sweet Tooth ou encore Essex Country. De fait, Descender fait énormément penser à Saga de Brian K. Vaughan au niveau des ambitions du récit : décrire une galaxie entière dans ses moindres détails et via un casting assez fourni et plutôt développé. C’est quand même moins réussi. En effet, Descender est une série qui prend son temps et je trouve que les personnages sont beaucoup moins charismatiques que ceux de Saga. Ce n’est pas qu’on s’ennuie, mais disons que parfois l’enchainement des courses poursuites et des kidnappings est un peu redondant. Jeff Lemire arrive à donner à chacun des membres de son casting une personnalité propre, bien définie mais souvent trop monocorde. Quon n’est un pleutre menteur et jamais il ne dévie de sa définition principale, tout comme TIM-21, trop souvent décrit comme le gentil robot innocent. Le scénariste canadien arrive toutefois à produire une idée de départ plutôt forte (les moissonneurs vont-t-ils revenir ?) et l’intrigue principale est parsemée de retournements de situation qui arrivent à ne pas faire perdre au lecteur son intérêt pour la série. C’est même plutôt bien vu car à chaque fois que l’intérêt décroit, Jeff Lemire sort un lapin de son chapeau pour donner un éclairage différent à une situation ou à un personnage. Par exemple, lors de la suite de 6 épisodes sur le passé des personnages principaux, on se dit que c’est un joli exercice de style mais que c’est assez vain. Et pourtant, on découvre au fil des pages des explications ou des approfondissements. C’est agréable à suivre, cela se lit bien mais c’est finalement assez neutre. Le dernier volume de Descender, qui arrive à réunir tous les participants dans un combat d’ampleur cosmique, souffre d’une fin un peu trop longue et d’un deus ex machina que l’on voit venir de très très loin.
Renaissance
Chaque épisode de Descender est illustré par Dustin N’Guyen, dessinateur plus que doué qui arrive à donner une véritable identité graphique à la série. Les personnages ont des poses très reconnaissables et souvent, les designs des robots sont bien trouvés. C’est surprenant car pour moi Dustin N’Guyen était avant tout un dessinateur très organique, avec son Lil Gotham. Son style a véritablement évolué vers quelque chose de plus pur, de plus cérébral par rapport à ce qu’on avait pu voir de lui sur WildCATS. Avec ces dessins qui font beaucoup penser à de l’aquarelle, le graphiste nous propose des planche d’une très grande qualité, qui sont souvent magnifiques à regarder. Habillées par des couvertures sublimes, les dessins de Descender sont à mon sens l’un des points très forts de la série. Seul petit problème, D. N’Guyen souffre parfois dans ses scènes d’action, où tout n’est pas toujours très clair. Mais cela ne concerne que quelques pages dans la série et le tout est graphiquement très cohérent.
Genysis
Descender n’est en fait que la 1re partie d’une saga d’ampleur beaucoup plus importante. En effet, si l’histoire autour de TIM-21 est terminée, Jeff Lemire et Dustin N’Guyen semblent vouloir nous dire sur les dernières pages de la série que l’on va retrouver tout l’univers déjà décrit dans une nouvelle série, Ascender, qui va se dérouler une dizaine d’années plus tard. Après nous avoir offert une vision technologique de cet univers spatial, il semblerait que les 2 auteurs veuillent désormais s’intéresser plus à la magie présente dans toutes les planètes de ce système. Il y aura toutefois un lien avec la 1re série, rassurez-vous. En résumé, Descender est une bonne série, agréable à lire, avec de bons dessins mais quelques petits défauts. Cela reste largement au-dessus du panier. Autre point positif : vous pouvez faire lire Descender à votre petit neveu ou nièce de 12 ans, il n’y a rien de très graphique, ni de très violent. Bref, une sorte de Saga pour tout public. Je lirai je pense les 1ers épisodes d’Ascender, mais il faudra que les 2 auteurs proposent quelque chose de plus…vivant. ■
Descender est une série en 32 épisodes publiée aux Etats-Unis de mars 2015 à juillet 2018 par Image comics. Elle est traduite en VF par Urban Comics dans une collection qui va compter 6 tomes.