Venom War, tome 1 : la guerre des symbiotes est déclarée… sur un ring de catch !

Venom War
Temps de lecture estimée : 5 min.

Résumé de l’article

  • Plongez dans Venom War, une saga où Eddie et Dylan Brock s’affrontent dans un duel père-fils… sur un ring de catch.
  • Découvrez les qualités de ce crossover rythmé, porté par Spider-Man et un symbiote en pleine introspection.
  • Repérez les incohérences de ton et les enjeux flous d’un récit qui hésite entre parodie musclée et drame familial.
  • Explorez les tie-ins inclus dans ce tome, entre buddy-movie avec Spidey en costume noir et pastiche noir avec Carnage.
  • Décidez si ce premier tome mérite le détour ou s’il s’agit d’un divertissement pop, aussi bruyant qu’oubliable.

Marvel l’avait teasée depuis un moment, et la voilà qui déboule à toute vitesse : Venom War, c’est le choc générationnel entre Dylan Brock et son père Eddie, deux Venom qui s’affrontent dans un duel père-fils à coups de symbiotes et de paradoxes temporels. Ce premier tome regroupe les deux premiers épisodes de la saga principale, Venom War #1 et #2, et quelques tie-ins. De quoi poser les bases d’un événement aussi loufoque que spectaculaire.

Le pitch est simple : Dylan veut empêcher Eddie de devenir maléfique en lui retirant Venom. Plusieurs soucis à cela : d’un côté, le klyntar a décidé de se cacher (persuadé qu’il est voué à pourrir tous ses hôtes ; de l’autre, Eddie ne voit pas les choses de la même manière et préfère organiser un affrontement… dans un ring de catch. Oui, un vrai, avec cordes et commentateurs survoltés. Venom War prend le pari de mélanger bastons cosmiques, conflits familiaux et ambiance ring de catch. Et pour pimenter le tout, voilà que Spider-Man s’en mêle, que des versions alternatives d’Eddie débarquent façon Terminator, et qu’un certain Meridius tire les ficelles depuis un futur apocalyptique. Le résultat ? Un cocktail joyeusement foutraque, mais tout de même divertissant.

Du fun, du rythme… et du Spider-Man

Côté réussites, ce premier tome de Venom War a quelques atouts dans sa manche. Le principal, c’est sans conteste la mise en avant de Spider-Man, qui endosse à nouveau le costume noir pour faire tampon entre les deux Brock. Et ça marche. Al Ewing parvient à tisser une relation réussie entre Peter et le symbiote, oscillant entre méfiance mutuelle, nostalgie d’une époque disparue et confiance rennaissante. Le tout est porté par des flashbacks bien fichus qui résument sans alourdir la longue histoire du costume.

Autre point fort : l’énergie qui se dégage des pages. Le style du dessinateur Iban Coello, soutenu par les couleurs de Frank D’Armata, colle parfaitement au ton grandiloquent du récit. Ça crie, ça bondit, ça explose. Mention spéciale aux mimiques du symbiote, qui réussit à être expressif sans visage. Et si vous aimez les scènes WTF, vous allez être servis : Eddie qui organise une team de catcheurs… symbiotiques, Dylan qui fusionne avec un nouveau symbiote, et une baston entre Spidey et Venom digne des grands classiques. Bref, on ne s’ennuie pas.

Mais… c’est quoi le ton, au juste ?

Et pourtant, malgré tout ça, difficile de ne pas hausser un sourcil à la fin de la lecture. Parce que Venom War ne semble pas tout à fait savoir ce qu’il veut être. Sérieusement dramatique ou joyeusement débile ? Les deux premiers épisodes jonglent entre tension familiale, apocalypse à venir et… concours de catch. C’est drôle sur le moment, OK, mais même en étant indulgent ça flingue un peu la crédibilité des enjeux. D’autant que le futur Dylan Brock, extrait d’une boucle temporelle pas vraiment claire, vient embrouiller une intrigue déjà bien chargée.

Et puis, il faut le dire : on a du mal à se soucier de l’issue du conflit. Team Dylan ou team Eddie ? La narration oublie un peu de nous faire ressentir les vraies conséquences de cette guerre. Même Meridius, pourtant introduit comme le grand vilain du récit, reste en arrière-plan, ruminant dans son coin avec ses zombies symbiotes. Ce flou scénaristique empêche le récit de vraiment décoller. On est plus dans le “fun pour le fun” que dans une saga marquante. Et l’insertion de tie-in (on va y revenir) n’aide pas vraiment le récit à trouver du rythme et de la lisibilité.

Et les « inévitables » tie-ins

En bonus de ce premier tome de Venom War, les épisodes Venom War : Spider-Man #1 et 2 nous offrent un plaisir coupable assumé : revoir Peter Parker en symbiote noir. Écrit par Jackson Lanzing et Collin Kelly, ce tie-in dynamique multiplie les scènes d’action pures, les dialogues savoureux entre Peter et le symbiote originel (oui, ils se parlent !), et une ambiance buddy-movie inattendue mais plutôt efficace, renforcée par l’apparition de MJ Watson alias Jackpot ! Malgré quelques facilités visuelles de Greg Land, l’ensemble se lit avec un vrai plaisir, entre combats contre les Bouffons et petites surprises. Pas indispensable pour comprendre l’intrigue de Venom War, mais un vrai bonbon (noir) pour les fans de Spidey.

De son côté, Venom War: Carnage #1 tente une satire à la American Psycho, mais malgré une ambiance sombre réussie et le style efficace de Pere Perez, l’épisode tourne vite en rond, répétant les mécaniques habituelles de Carnage et s’avérant dispensable dans le cadre de Venom War.

Pour conclure sur Venom War tome 1

En résumé, ce premier tome de Venom War assume son côté série B musclée, décomplexée et tape-à-l’œil, avec juste ce qu’il faut d’autodérision pour ne pas sombrer. Si vous venez pour le grand spectacle, vous serez ravis. Si vous attendiez un vrai conflit shakespearien entre père et fils, avec un enjeu clair et un ton maîtrisé… vous repasserez. Mais qui sait ? Peut-être que la suite remettra un peu d’ordre.

Venom War tome 1 est un comics publié par Panini Comics. Il contient : Venom (2021) 35-36
Venom War (2024) 1-2, Venom: Spider-Man (2024) 1-2, Venom War: Carnage (2024) 1




A propos Stéphane 735 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.