Un lecteur de comics en confinement : Fletcher Arrowsmith vs COVID-19 (jour 4)

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(image © Image Comics)

Quatre jours déjà. Les amis il va falloir tenir, vous comme moi. La bonne nouvelle, c’est que j’ai de la réserve, entre les relectures à venir et ma pile de lecture. Je vous ai concocté 2 articles sur des comics depuis mon hydrobase où je suis désormais confiné, sans possibilité d’errer sur la plage, cette dernière étant désormais fermée.
■ par Fletcher Arrowsmith

 

Jour 1 : lundi 16 mars 2020 | Jour 2 : mardi 17 mars 2020

Jour 3 : mercredi 18 mars 2020

Jeudi 19 mars 2020

 

Gideon Falls n°21

(image © Image Comics)

Je continue à suivre en VO Gideon Falls, le titre horrifique de Jeff Lemire et Andrea Sorrentino (Green Arrow, Old Man Logan, the Smile Killer). Ce 21e numéro clôt l’arc en cours, « The Pentoculus ». On avance un peu plus dans l’horreur, mais surtout pour la 1re fois depuis le début de Gideon Falls, les protagonistes principaux sont réunis dans la même pièce. Jeff Lemire reste, une nouvelle fois, assez avare en révélations. Il semble se reposer sur l’impact visuel des planches d’Andrea Sorrentino, que je trouve encore une fois à la hauteur du délirant récit concocté par le scénariste canadien. Gideon Falls reste une série déconcertante. Son évolution peut décontenancer ceux qui s’attendent à une histoire somme toute linéaire. Jeff Lemire ne cesse de brouiller les pistes depuis le début, chaque arc prenant le contrepied du précédent. Cela démontre la richesse du scénario et encourage le lecteur à réaliser un effort inattendu. Aucun pavé de textes, peu de dialogue, des planches expressives mais finalement beaucoup de d’éléments à assembler. Gideon Falls déconcerte pour mon plus grand plaisir. Et ce n’est pas les 5 métas derniers pages de Gideon Falls n°21 qui vont me contredire ! Si vous voulez en savoir plus sur Jeff Lemire, je vous conseille mon best-of de ses œuvres à lire.

 

 

 

Men of Wrath

(image © Urban Comics)

Le 26 juin2015, Urban Comics publiait Men of Wrath, la dernière collaboration à l’époque de 2 stars des comics, Jason Aaron (Thor, X-Men, Avengers, War of Realms) et Ron Garney (Wolverine, Weapon X, Daredevil). Dévoré à l’époque, j’en gardais un souvenir mitigé. Le confinement m’oblige, oh le vilain, à donner une nouvelle chance aux aventures de la famille Rath. Cinq ans après, l’ultra violent récit de Jason Aaron, m’a bien emballé. Déjà je possède désormais un autre regard sur l’œuvre de Jason Aaron, un de mes scénaristes préférés. À l’instar d’un Jeff Lemire, il aime observer le spectre des relations père/fils à travers ses scénarios (Thor, De l’Autre côté). Jason Aaron cartographie souvent la violence dans un environnement pauvre comme le sud de l’Amérique (Southern Bastards) ou les réserves indiennes (Scalped). Il a puisé dans ses origines pour concocter la trame de Men of Wrath. Dans cette minisérie en 5 numéros, on découvre que la violence et le meurtre fait partie des gènes des hommes de la famille Rath. Et à priori le dernier en date ne semble pas faire exception sauf si son père s’en mêle pour le tuer avant. Pas de quartier chez les Rath. Vous l’aurez compris Men of Wrath est une histoire violente, autant dans les actes que graphiquement. Pas d’innocent dans Men of Wrath et rien ne semble faire barrière au cycle destructeur des Rath. D’ailleurs les cadavres s’accumulent et je ne vous conseille pas de trop vous attacher à un personnage en particulier, vous risqueriez d’être déçu. L’influence du Sin City de Frank Miller se fait ressentir jusque dans la fureur des planches de Ron Garney, très en forme. Seul bémol, Urban Comics à l’époque a agrandi les planches originelles dénaturant le travail de Ron Garney. Si vous êtes intéressé par un top sur les œuvres de Jason Aaron n’hésitez pas à nous le signaler sur Facebook. On ne sait jamais, pas les temps qui cours, je risque d’avoir du temps.

 

 

Charly 9

(image © Delcourt)

Et hop, une découverte de plus grâce à COVID-19, qui repartira bientôt dans les limbes de l’enfer. Datant de 2013, une excellente amie m’a offert à Noël dernier… non, le papa Noël m’a apporté (car il existe bien les enfants) l’adaptation par Richard Guérineau du roman de Jean Teulé. Charly 9 c’est la version punch des dernières années de Charles IX, un des rois de France les plus controversés. Il faut savoir que l’on ne dit pas « Charles baton croix » mais Charles 9, histoire de remettre les choses à leur place. Et donc qui est ce fameux Charly ? Un jeune homme sympa de 22 ans, qui le 24 août 1572 a ordonné le massacre de la Saint-Barthélemy. Des milliers de protestants tués laissant une marée rouge dans Paris et ensuite dans la France entière. Quoi une bande-dessinée historique déjà qu’à l’école l’histoire m’ennuyait, allez-vous me dire. Et bien la très bonne surprise vient de l’appropriation par Richard Guérineau de cette histoire tristement célèbre. Bien aidé par la prose originale de Jean Teulé, l’artiste du Chant des Stryges, à la fois dessinateur et scénariste pour l’occasion, rend une copie vivante et moderne. Avec un storytelling et des dialogues percutants, les dessins de Richard Guerineau dynamisent le destin de Charles IX. L’histoire en devient alors fascinante et offre une véritable relecture, inédite dans sa conception et sa représentation, sans jamais donner l’impression de trahir l’Histoire de France. La palette des couleurs est variée ne tombant jamais soit dans le délavé, symbole du passé, ou dans le criard ou flashy signes de trop de modernité. Les aplats de rouge en sont alors encore plus choquants comme fut ce massacre et ses conséquences. Une très grande BD.

 

 

 

Coté comics

(image © Defiant)

Pas de film ou série cette fois ci. Mais pour continuer sur Charly 9, j’ai découvert dans ma bibliothèque une vielle série en VO nommé Charlemagne. Edité par Defiant au milieu des années 90, cette minisérie inachevée m’a été offerte par JB, chroniqueur de Top Comics. Un OVNI que j’ajoute à ma pile de lecture surtout que les dessins sont du trop rare Adam Pollina. ■