(image : © Atomic Monster Productions & Warner Bros Television)
Des acteurs…en carton
Bon, je pense qu’on a tout dit sur le scénario, qui traîne de plus très souvent en longueur avec des scènes de dialogue interminables et inutiles entre les personnages secondaires. D’ailleurs, les personnages secondaires sont tellement peu développés que finalement, ce sont ceux qui s’en sortent le mieux. Je pense notamment à Liz Treymane, son père et Caroline Woodrue, plutôt bien interprétés par Maria Stern, Al Mitchell et Selena Anduze. En revanche, le reste des acteurs nous propose un niveau de jeu assez proche du néant. Commençons par Crystal Reed, qui est aussi crédible en biologiste que moi en gymnaste olympique (toi-même tu sais !). Derek Mears, qui joue la créature lui donne uniquement deux expressions : la rage et le renfrognement. C’est certainement très difficile de jouer derrière une carapace en plastique, certes, mais j’aurais aimé voir un côté doux et protecteur qui n’existe pas. Mais c’est loin d’être le pire. Le pompon est, comme souvent, décroché par les méchants, qui se livrent à un festival de mauvais jeu. Ce sont pourtant les acteurs censés être les plus confirmés. On commence par Jennifer Beals qui joue le rôle de Lucilla Cable, la mère de Matthew et qui est la fliquette du village (d’ailleurs le village dans lequel se déroule l’action s’appelle… roulement de tambour…. Marais !!!). Elle nous avait habitué à mieux avec The L-World, là on est plutôt du côté de Flashdance ! Son histoire, sa trame narrative et malheureusement son jeu ressemblent à ce que l’on pourrait voir dans un soap quelconque… Ou des Mystères de l’Amour tant qu’on y est. C’est long, chiant, convenu et nul. Mais ce n’est rien comparé au personnage de Jason Woodrue, surjoué par Kevin Durand, celui qui jouait le Blob dans Wolverine Origins et qui a des motivations totalement foireuses. Clairement, on comprend ce qu’il veut faire, mais pas du tout comment il s’y prend… La palme (logique dans un marais) revient toutefois à Will Patton, qui joue Avery Sunderland, et qui passe totalement à côté du personnage. Il est censé être charismatique et manipulateur, il est juste stupide et fait toujours les mauvais choix, et je ne pense pas que ce soit fait exprès. Sunderland est un personnage un peu oublié, crée par Martin Pasko et Tom Yeates dans le relaunch de la série, juste avant l’arrivée d’Alan Moore. Je me disais que la série allait en faire une version d’Arcane et passer outre le comics, il n’en est rien. Je ne parlerai pas de Virginia Madsen par respect pour son travail sur Dune, Sideways et … Hot Spot !
Des effets spéciaux en plastique
On sent pourtant que la production a mis le paquet sur les décors. Le marais est vraiment crédible. Malheureusement, je crois que tout le budget a été dépensé dans ce décor. Le reste est assez factice. En effet, je n’ai pas du tout été convaincu par les effets spéciaux numériques concernant les évolutions de plantes. Cela fait très faux ! En fait, tenter des effets numériques sur quelque chose d’aussi organique demande pas mal de boulot, et je trouve que cela ne se voit pas du tout. Quant au personnage principal, c’est raté. On sent le costume en plastique, avec deux ou trois plantes accrochées dessus, cela sort totalement le spectateur du thème. Je ne parle même pas du personnage à la fin. C’est d’ailleurs un peu dommage. Lorsque Swamp Thing découvre son lien avec le Vert, on aurait pu s’attendre à un peu plus d’innovation. Rappelez-vous lorsque la créature renaît après son autopsie, à partir d’un simple bourgeon. Cela aurait été je pense très intéressant. C’est remplacé dans la série par un effet spécial classique de « raccordement » comme on a pu le voir des dizaines et des dizaines de fois.
Une fin totalement foirée
Bon, après on va être un peu plus compréhensif sur la fin. En effet, la série était prévue pour durer 13 épisodes et la production l’a réduite à 10 en cours de route. Ce qui donne des intrigues trop rapidement expédiées ou sans aucune finalité. L’accident de Matt Cable qui ne sert à rien par exemple. Le dernier épisode d’ailleurs, tombe totalement à plat en opposant le monstre à … des militaires, qui ne représentent en rien une menace crédible et qui sont introduits juste 10 minutes avant. Quand on termine une série, on s’attend à une confrontation entre les deux personnages antagonistes, il n’en est rien ici. Après, le rétrécissement de la série explique certainement tout cela, mais quitte à couper, il aurait mieux valu supprimer quelques intrigues « soap » qui alourdissent inutilement le récit. C’est vraiment dommage. Après, c’est toujours sympathique de voir sur écran les personnages que l’on aime, mais avec la liberté accordée aux auteurs, on aurait pu s’attendre à autre chose qu’une série d’horreur lambda. Surtout qu’il n’y avait qu’à se servir dans les comics. ■
Swamp Thing est une série de 2019 produite par Atomic Monster Productions et Warner Bros Television, diffusée à partir de mai 2019 aux USA et disponible sur Amazon Prime Video.
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