Reprenant un personnage oublié et datant de presque 50 ans, Richard Corben et Daniel Way nous proposent une histoire qui sent bon les têtes tranchées et autres brutalités barbares. Avec peut-être un petit discours métatextuel. Starr Le Tueur est donc une série correspondant parfaitement aux forces du dessinateur.
■ Par Doop
En 2018, Richard Corben a obtenu le grand prix d’Angoulême. Il aurait été dommage pour Panini de ne pas en profiter. En quelques mois, on a pu voir apparaitre dans les rayons de nos librairies la quasi-totalité du travail du dessinateur chez Marvel ! Dernière pierre à l’édifice : Starr Le Tueur, une mini-série de la collection MAX réalisée en 2009 et scénarisée par Daniel Way (Deadpool, Wolverine Origins).
Starr Le Tueur : un contrepied au personnage d’origine
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Starr est un personnage oublié des années 70 créé par Roy Thomas et Barry Windsor Smith (qui réaliseront quelques années plus tard Conan pour Marvel). Starr est un barbare vivant dans un monde sauvage et dangereux. Sauf que surprise ! cet ersatz de Conan réussit un jour à s’échapper de l’esprit de son créateur pour tuer ce dernier avant que celui-ci ne mette fin à la série de romans dont il est le héros. Dans Starr le Tueur, Richard Corben et Daniel Way décident de prendre le contrepied de l’histoire originelle. En effet, ce n’est plus la créature qui intègre notre réalité mais le créateur qui se retrouve projeté dans son propre monde imaginaire. Tout commence lorsque Len Carson, le créateur du personnage dans le comics se retrouve fauché et contraint de réécrire une dernière histoire de Starr, le héros qui lui a fait gagner beaucoup d’argent. Alors qu’il est sur sa machine à écrire, le voilà projeté dans le monde de sa création, obligé d’interagir avec les propres personnages qu’il a imaginés ! Le pitch de départ est plutôt intéressant et on aurait pu penser que les 2 auteurs en profiteraient pour glisser quelques références sur les comics, le monde de l’édition et ses défauts, mais il n’en est absolument rien. À peine a-t-on droit à une petite boutade sur la rétrocontinuité. L’histoire est nettement plus linéaire et très 1er degré. D’ailleurs, Len Carson n’intervient quasiment pas dans l’histoire, c’est simplement un clin d’œil qui va permettre aux auteurs de se faire plaisir.
Chansons & décapitations
Les admirateurs de Daniel Way et de Richard Corben en auront pour leur argent ! Dans Starr le Tueur, ils proposent une histoire correspondant totalement à leur manière d’écrire ou de dessiner. Richard Corben propose des planches classiques, avec des têtes tranchées et des femmes dénudées aux seins lourds. Daniel Way essaie de se démarquer des récits de Roy Thomas en faisant utiliser à ces personnages d’un âge barbare un vocabulaire moderne et un humour potache. En effet, les 3 premiers épisodes nous sont racontés via une chanson, avec des rimes et un langage urbain. Et après tout pourquoi pas ? C’est une réelle volonté de proposer quelque chose de différent. Sauf que le procédé est très mal utilisé. Les rimes sont faibles et la construction des phrases un peu au tout venant pour jouer sur cet effet. Du coup, je plains le traducteur de la version française qui a certainement passé un sale quart d’heure. Personnellement, cette technique narrative et les choix du registre de langue m’ont totalement fait sortir de l’histoire. Mais il faut saluer l’effort. Daniel Way ne fait pas de Starr un héros, il le met souvent dans des situations ridicules qui sont amplifiées par les dessins. Après, ce n’est pas non plus comme s’il y avait grand-chose à raconter dans Starr Le Tueur. Le personnage de Len Carson étant aux abonnés absents durant 3 épisodes sur 4, Daniel Way laisse donc la place intégralement à Richard Corben qui peut se faire plaisir. Il livreun florilège de combats contre des monstres et de scènes de corps dénudés. Encore une fois, ce n’est pas un bouquin qu’on achète pour son histoire ou ses dialogues. Starr Le Tueur est un comics fait surtout pour mettre en avant le travail de Richard Corben. Et si l’artiste réalise parfois des scènes difficiles à comprendre (la narration n’est pas si fluide que ça), les fans de l’artiste apprécieront sans aucun doute. ■
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