Rendez-vous avec Rama : embarquez pour une exploration spatiale stupéfiante et un véritable trip mental ! [critique]

Rendez-vous avec Rama
Temps de lecture estimée : 4 min.

Coup de projecteur sur l’une des œuvres fondatrices d’Arthur C. Clarke, l’auteur de 2001, Odyssée de l’espace. Rendez-vous avec Rama fait sans aucun doute partie des livres de science-fiction les plus intrigants et les plus insaisissables jamais écrits.
■par Doop

 

2131, presque 50 ans après que la chute d’un météore ait provoqué une catastrophe d’ampleur mondiale. Depuis lors, on a mis en place un système de surveillance des astéroïdes. Soudain ce dernier détecte un étrange objet qui semble traverser notre système solaire. L’envoi d’une sonde ne fait plus de doute : l’objet, baptisé Rama, n’est pas un astéroïde mais un cylindre métallique parfait d’une vingtaine de kilomètres de diamètre et d’une cinquantaine de kilomètres de long. Seul le vaisseau de surveillance solaire Endeavour peut intercepter l’objet en question avant que celui-ci ne quitte définitivement notre système solaire. Le Capitaine Norton et son équipage ont quelques semaines à peine pour pouvoir accoster et explorer le vaisseau. Après un amarrage autour de l’orbite de Venus, l’équipage arrive à entrer dans la construction. Il découvre que cette construction est divisée en 2 parties par une mer cylindrique (nous sommes dans l’espace et il n’y a pas de gravité). Non loin de là, des constructions inhabitées font penser à des villes et à des rues. Mais quel est le but de ce vaisseau ? Quelle est la véritable intention des Raméens, qui construisent toujours tout par trois ? Vous le saurez en lisant Rendez-vous avez Rama, un chef d’œuvre de hard science publié en 1973.

 

 

Rendez-vous avec Rama (critique)

 

Rendez-vous avec Rama et la hard science

La hard science est un genre particulier de la science-fiction où toutes les avancées et progrès technologiques décrits se basent sur les connaissances actuelles. C’est de l’extrapolation plutôt que de l’invention avec un accent fort porté sur la cohérence interne des technologies. Ce genre a connu son âge d’or avec des auteurs comme Arthur C. Clarke mais aussi Kim Stanley Robinson (la trilogie de Mars), Stephen Baxter (Voyage) ou encore certaines œuvres d’Isaac Asimov. Et le moins que l’on puisse sire, c’est que Rendez-vous avec Rama regorge de petites astuces cohérentes avec nos connaissances de l’univers. Dans un roman ou un comics, Rama aurait simplement été un vaisseau spatial comme on a pu en voir dans toutes les séries ou les films (genre une voiture de l’espace). Ici tout est compliqué par la gravité artificielle de l’objet. En effet, celui-ci possède une vitesse de rotation sur son axe afin de donner un semblant de gravité sur les bords du cylindre. De fait, il n’existe ni haut, ni bas, ni droite, ni gauche. Ce fait scientifique est l’une des principales caractéristiques de Rendez-vous avec Rama. De fait, Arthur C. Clarke passe plus de temps à nous décrire le processus d’exploration que l’exploration en elle-même et forcément, cela rajoute au suspense et au mystère du vaisseau et de sa création. La seule référence que je pourrais trouver au cinéma serait le début du film Premier Contact de Denis Villeneuve, lorsque les scientifiques entrent dans le vaisseau et où la gravité est totalement inversée.

 

 

Rendez-vous avec Rama (critique)
Couverture de Galaxy d’octobre 1973, une des premières publications de Rendezvous with Rama

 

Un roman passionnant et un véritable trip mental

Dans Rendez-vous avec Rama, comme dans la quasi-totalité des romans d’Arthur C.Clarke, ce ne sont pas les personnages qui sont importants mais l’intrigue de base. De fait, les personnages principaux de Rendez-vous avec Rama ne sont pas énormément développés. Mais l’intrigue est réellement passionnante et le suspense entourant le cylindre terriblement saisissant. Finalement, l’absence d’un développement approfondi des personnages ne pose aucun problème. Le style sobre de Arthur C. Clarke et ses personnages s’effacent derrière l’immensité de Rama et ses mystères. Cela ne gêne en aucun cas l’identification. On se sent réellement à l’intérieur du vaisseau avec les autres astronautes. De plus, l’écriture clinique d’Arthur Clarke permet d’appréhender au mieux les conséquences de se déplacer dans un cylindre qui tourne autour de son axe, sans aucune notion de direction. C’est un véritable trip mental qui fera chauffer vos neurones. Quant à la fin Rendez-vous avec Rama, elle est parfaite, totalement en adéquation avec la place de l’homme dans l’univers.

 

 

Trois suites et un rendez-vous manqué avec le cinéma

Pour ceux qui resteraient frustrés par ce roman, Arthur Clarke et Gentry Lee (un ancien ingénieur de la NASA) ont donné 3 suites à Rendez-vous avec Rama : Rama II, Les jardins de Rama et Rama Révélée. Malheureusement, celles-ci sont nettement inférieures en qualité. En fait, le 1er roman est autosuffisant et les suites dénaturent un peu sa conclusion. De plus, Rendez-vous avec Rama a failli être adapté au cinéma. Les droits avaient été achetés par Morgan Freeman et David Fincher mais le projet a capoté autour des années 2000. Il n’y a pas eu non plus d’adaptation en comics, mais je ne vois personne d’autre que Jack Kirby qui aurait pu le faire (à la rigueur Warren Ellis). ■

 




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.