Qui est le Joker ? Les vraies origines du Clown Prince du Crime !

Joker
(image © DC Comics)
Temps de lecture estimée : 11 min.

Bientôt 80 ans que le Joker affronte inlassablement Batman ! Personne ne pouvait imaginer que ce clown sinistre allait devenir un pilier de l’univers DC, aussi populaire que Batman ou presque. Retour sur la carrière du Joker, le Clown Prince du Crime !
■ par Stéphane Le Troëdec

 

Après plusieurs films Batman (et Suicide Squad), le Joker retrouve le haut de l’affiche le 9 octobre 2019. Et cette fois-ci, la vedette, c’est lui ! Mais connaissez-vous réellement les différentes facettes du Clown Prince du Crime ? Retour sur la carrière d’un supervilain indispensable devenu une des pires menaces de l’univers DC… mais aussi une des plus fascinantes !

 

 

Premiers crimes

(image © DC Comics)

Le Joker apparait pour la toute 1re fois en 1940 sur la couverture de Detective Comics n°40 où il menace Batman et Robin d’une hache. Faux départ : il n’entre réellement en action que quelques semaines plus tard dans les pages de Batman n°1. Et dès le début, le Joker n’est pas un vilain comme les autres. Jusqu’alors, Batman et ses alliés affrontaient des bandits, des cambrioleurs ou des braqueurs de banque. Avec le Joker, on change de registre. L’homme est manifestement un sadique, un type dérangé, limite un serial killer. Voire peut-être déjà l’incarnation d’autre chose, de plus « chaotique ».

 

 

Une paternité disputée entre Bob Kane, Bill Finger et Jerry Robinson

Conrad Veidt Homme qui rit
(image © DC Comics)

Difficile de savoir qui a réellement créé le Joker. Trois artistes s’en disputent la paternité. Les faits remontent tout de même 1939-1940, chacun proposant sa version de la création du personnage. On peut donc affirmer sans trop se tromper que le Joker a 3 géniteurs : le dessinateur Bob Kane, le scénariste Bill Finger et l’assistant Jerry Robinson. Les 2 premiers sont les créateurs de Batman et les auteurs réguliers de la série, Jerry Robinson l’assistant de Bob Kane qui aurait dessiné plusieurs épisodes. L’idée générale, c’est qu’on voulait créer un adversaire majeur à Batman autour de la thématique du clown. Trois éléments inspirent les auteurs : un manège de Coney Island à l’effigie d’un clown, la figure des cartes à jouer, et la prestation de l’acteur Conrad Veidt dans le film L’Homme qui rit de 1928. Quant à savoir quels rôles ont joué précisément Bob Kane, Bill Finger et Jerry Robinson, c’est probablement le 1er des mystères du Joker !

 

 

Sauvé in extremis par son éditeur

(image © DC Comics)

C’est bien connu : les meilleures blagues sont les plus courtes. À l’origine, le Joker doit mourir à la fin de Batman n°1 ; le Joker glisse et s’empale sur son couteau. Clap de fin pour le Joker ? Non, car chez DC Comics, on flaire le potentiel du supervilain. Dans la version initiale, un infirmier annonce à Batman que le Joker est mort. L’éditeur de Batman, Whitney Ellsworth, sauve le Joker et fait réécrire le dialogue : on comprend alors que le Joker est toujours vivant. Mine de rien, avec ce sauvetage inespéré, l’éditeur vient de déclencher un des éléments clés du personnage : noyez-le, explosez-le, détruisez-le, mettez-le sur la chaise électrique… Au final, le Joker s’en sort toujours. Il survit à tout, pour le bonheur de son éditeur évidemment.

 

 

Les véritables origines du Joker

Red Hood
(image © DC Comics)

La légende voudrait que les toutes 1res origines du Joker n’arrivent que dans les années 80 avec le Killing Joke d’Alan Moore. Il faut dire que, dans ses 1res apparitions, DC Comics « oublie » l’origin story du Joker. Comme si la psychopathie du clown suffisait pour capter l’attention du lecteur. En gros, à l’origine, le Joker est un sadique qui aime se déguiser en clown. Point. Oui, mais… Le détail étrange, à bien y regarder, c’est qu’il n’apparait jamais autrement que maquillé, même lorsqu’il est en prison, instaurant une aura particulière au personnage. Finalement, début 1951, dans Detective Comics n°168, les origines du Joker sont racontées. Avant de devenir le Joker, le vilain opérait déjà comme criminel flamboyant sous le nom de Red Hood (le Chaperon Rouge). Au cours d’un affrontement avec Batman, Red Hood tombe dans une cuve de produits toxiques. Il en ressort avec un teint de craie, des cheveux verts et très perturbé. Et donc une sacrée dent contre Batman ! Les origines du Joker relie donc Batman et le Prince du Crime, et donne au Joker une raison à son comportement psychotique et à son acharnement sur le Chevalier Noir de Gotham. Ce dernier devient donc indirectement responsable de ses crimes. Un élément important qui, des années plus tard, servira de base aux travaux de scénaristes comme Alan Moore et Frank Miller. L’autre conséquence de ce Detective Comics n°168, c’est l’adoucissement du personnage. Dès lors le Joker passe petit à petit du serial killer au criminel loufoque plein de panache, héritage de son passé sous le masque de Red Hood. En pleine censure du Comics Code Authority, DC Comics n’y trouve évidemment pas grand-chose à redire…

La suite ? Tout de suite !




A propos Stéphane Le Troëdec 631 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.