Moonshine, tome 2 : gangsters, prison et loup-garou ! [avis]

Moonshine tome 2
(image © Image Comics)

Dans Moonshine, Brian Azzarello et Eduardo Risso proposent une relecture des histoires de loups-garous pendant la période de la Prohibition dans les années 20. Un comics particulièrement réussi qui séduira les amateurs d’épouvante et de polar.
■ par Stéphane Le Troëdec

 

Moonshine tome 2
(image © Image Comics)

 

Dans Moonshine tome 2, la tension monte d’un cran ! Malade, le gangster Lou Pirlo fuit rapidement les Appalaches en montant clandestinement à bord d’un train. Au bout de plusieurs jours, il se réveille à la Nouvelle-Orléans, où les problèmes ne tardent pas à le rattraper. Pris dans une rixe, il se retrouve au bagne… Dans les Appalaches, la famille Holt est toujours aux prises avec Ago et les hommes de main du caïd Joe Masseria. Mais la belle Tempest et son frère Enos, son frère loup-garou, sont prêts à tout pour retrouver le patriarche de la famille. Quitte à passer un pacte avec Ago…

 

Moonshine tome 2
(image © Image Comics)

 

Un loup-garou en prison

Dans le tome 2 de Moonshine, j’ai beaucoup aimé que Brian Azzarello, le scénariste, bouscule son histoire en déplaçant Lou Pirlo très loin des Appalaches. Ce stratagème lui permet de diviser l’intrigue en 2 pôles aussi passionnants l’un que l’autre. Ainsi, Lou Pirlo se retrouve très rapidement séparé de sa petite amie Dalia. Elle est la grande absente de cet album mais on imagine qu’elle ne tardera pas à revenir. Les scènes de Pirlo en prison sont savoureuses car le jeune homme est devenu un loup-garou. La tension monte progressivement à mesure qu’on se demande quand la bête qui sommeille en lui va se réveiller. Ces scènes sont clairement le gros point fort de cet album. Leur contexte m’a beaucoup rappelé le film O’Brother des frères Coen : travaux forcés, costumes rayés, matons sadique, la brute de service, la solidarité entre prisonniers, etc. Les couleurs de Christian Rossi et Eduardo Risso renforcent ce sentiment : on est au côté de Lou, suant sous le soleil de plomb !

 

Moonshine tome 2
(image © Image Comics)

 

Les machinations dangereuses de la famille Holt

Brian Azzarello n’oublie pas les personnages restés dans les Appalaches. Si Lou Pirlo a fui, il reste à animer tout le casting du tome 1 de Moonshine. Les sbires de Joe Masseria ont enlevé le vieux patriarche Hiram Holt. Or, son épouse et ses rejetons n’ont clairement pas l’intention de rester les bras croisés. Seulement, tous les Holt ne voient pas la vengeance de la même façon. Brian Azzarello met en avant la sensuelle Tempest, qui par ses manigances va mettre le feu aux poudres. J’ai beaucoup apprécié que Brian Azzarello n’oublie pas ces personnages, qu’il leur consacre de nombreuses scènes, et qu’il fasse progresser cette partie de l’histoire en lui accordant autant d’importance que celle de Lou. Cela génère des dialogues particulièrement bien ciselés entre Tempest et sa mère ou des relations corsées entre la même Tempest et le vieil Ago.

 

Moonshine tome 2
(image © Image Comics)

 

Eduardo Risso à son aise pour illustrer les années 20

Graphiquement, Moonshine profite à plein des dessins d’Eduardo Risso. L’artiste semble naturellement très à l’aise dans ces jolis environnements ruraux. Ses personnages sont particulièrement expressifs. Les décors et environnement très typés années 20 (vieilles voitures, costumes) et typés Sud des États-Unis ajoutent un cachet graphique supplémentaire. Eduardo Risso ne réinvente rien mais profite consciencieusement de toutes les opportunités graphiques. Enfin, les rares scènes où le loup-garou se libère sont particulièrement violentes et gore. Je n’est finalement qu’un seul et unique regret, et il est tout à fait futile et minime : la couverture assez moche qui ne met pas suffisamment en valeur Moonshine. ■

Moonshine tome 2
(image © Image Comics, Urban Comics)




A propos Stéphane Le Troëdec 628 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.