Mockingbird : la série gentillette de Chelsea Cain qui a fait polémique [critique]

Mockingbird : la série gentillette de Chelsea Cain qui a fait polémique [critique]
Mockingbird (image © Marvel)
Temps de lecture estimée : 4 min.

Pour son 1er essai dans le monde des comics, la romancière Chelsea Cain n’a pas eu beaucoup de chance puisque Mockingbird s’est arrêté au bout de 8 numéros. De plus elle s’est offert une belle polémique une fois la série terminée. Alors qu’elle va reprendre en main la destinée de Vision, faisons un retour sur son 1er travail, plutôt de qualité.
■ par Doop

 

Mockingbird : la série gentillette de Chelsea Cain qui a fait polémique [critique]
Mockingbird (image © Marvel)

Une volonté de changer la forme

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J’ai toujours beaucoup de réticences à voir un écrivain débarquer sur les comics. C’est presque toujours une grosse déception, l’auteur n’arrivant pas à s’approprier le rythme et les codes propres à ce médium. De fait, voir débarquer Chelsea Cain, une romancière (que je ne connaissais pas) avec Kate Niemczyk, une dessinatrice inconnue, sur un personnage de 3ème zone ne présageait pas un futur serein pour Bobbi Morse, alias Mockingbird. Et pourtant, il faut reconnaître que pour un 1er essai, la série Mockingbird est plutôt réussie. Plutôt que d’essayer de se fondre dans le moule, Chelsea Cain préfère tenter de nouvelles choses, avec une 1ere  arche narrative en 5 épisodes pouvant se lire dans n’importe quel ordre ! L’auteur avoue elle-même que le tout 1er épisode est complètement incompréhensible et que seule la lecture des 5 numéros permettra d’emboîter toutes les pièces du puzzle. Pas étonnant que cela ait refroidi certains lecteurs dans une lecture mensuelle. Si on fait une lecture globale, la série Mockingird passe en revanche plutôt bien. Les 1res pages de chaque épisode, souvent des fac-similés de fausses lettres ou de dossiers, sont très réussies et particulièrement drôles.

 

Mockingbird : la série gentillette de Chelsea Cain qui a fait polémique [critique]
Un exemple de première page d’un épisode de Mockingbird (image © Marvel)

Des dessins splendides

Sur Mockingbird, Chelsea Cain est particulièrement bien aidée par les dessins de Kate Niemczyk, que j’ai trouvé particulièrement réussis. À mon sens, quand on voit le niveau de la production Marvel actuelle, la dessinatrice est dans le haut du panier, réussissant à traduire tous les délires de la scénariste de manière impeccable. Le style de Mockingbird est très bon, très clair et très lisible, c’est vraiment un point fort, renforcé de plus par les splendides couvertures de Joelle Jones.

 

Mockingbird : la série gentillette de Chelsea Cain qui a fait polémique [critique]
Mockingbird (image © Marvel)

Mockingbird : une histoire féministe ?

L’histoire de Mockingbird est donc assez éclatée au départ. Mais l’intrigue (un virus donnant des pouvoirs à Bobbi) fonctionne. On sent bien que la volonté est de donner un ton léger à la série avec un personnage féminin fort et particulièrement bien développé. Mockingbird est tout de suite rendue sympathique et les différentes scènes du 1er épisode font bien le travail de présentation. C’est léger, drôle et les quelques vannes un peu féministes sont plutôt bien amenées sans être lourdes. Je sais que l’auteur a été vilipendée pour ses prises de position féministes par certains membres du Comics Gate. Mais, à la lecture, on se rend compte que ce n’est pas du tout le cas. Cela reste léger. La 1re arche narrative est donc innovante sur la forme et propose aussi de très jolis échanges entre Mockingbird, son ex-mari Hawkeye et son nouvel intérêt amoureux, Lance, lui aussi espion à la solde du SHIELD.

 

Mockingbird : la série gentillette de Chelsea Cain qui a fait polémique [critique]
Mockingbird (image © Marvel)

Un rétropédalage étonnant

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Les 5 premiers épisodes de Mockingbird forment une bonne saga, vraiment très agréable et innovante. Les 3 épisodes qui suivent et qui constituent la 2ème arche narrative sont structurés de manière beaucoup plus linéaire et opposent Mockingbird à son pire ennemi, le Phantom Rider (Chevalier Fantôme), le même personnage qui avait abusé d’elle dans des épisodes de West Coast Avengers. Et là, Chelsea Cain nous offre un rétropédalage en règle, que je ne comprends toujours pas. En quelques phrases elle annule complètement la notion de viol, accusant Hawkeye, son mari à l’époque, d’avoir tout inventé pour justifier son divorce. Je ne comprends pas cette décision. Était-ce pour rester dans un ton humoristique, pour rendre son personnage plus « fort » ? Je ne sais pas mais je trouve que cela ne fonctionne pas. C’est le seul point faible de ce 2ème arc, qui reste dans la même lignée que le 1er, drôle, fun, imaginatif et toujours superbement dessiné. La série étant annulée au numéro 8, Chelsea Cain précipite un peu sa fin mais termine sa série en apothéose, livrant un final complètement délirant avec des sirènes-corgis ! C’est réellement du n’importe quoi et c’est finalement très drôle, un joli final. En conclusion, Chelsea Cain et Kate Niemczyk nous offrent avec Mockingbird une série pas révolutionnaire mais plutôt réussie et avec une réelle volonté de proposer quelque chose de différent. Très agréable à lire, le ton et les idées développées n’auraient de toute façon pas permis de pérenniser la série sur le long terme. Plutôt conseillé si vous voulez un comics fun et léger. La fin est absolument délirante. Dommage que ce soit inédit en France, cela mériterait une publication en 1 seul tome. ■




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.