Prenez un soupçon de Preacher, une dose de Jodorowsky, un peu de Transmetropolitan. Mettez tout ça ensemble, brassez et vous obtiendrez Maestros ! Une lecture trash, irrévérencieuse, volontairement provocante et complètement folle. Voilà comment je peux décrire mon expérience avec Maestros de Steve Skroce publiée chez Hi Comics. Une expérience dont je ne suis pas sorti sans séquelles !
■ par Paper Man (du Podcast des Crinqués)
Le Maestros est mort, vite un autre !
L’histoire commence avec la mort très douloureuse, ce n’est pas peu dire, du Maestros Meethra Kahzar, le plus puissant sorcier de l’univers. Sa famille, composée de ses nombreuses femmes et enfants ont aussi trépassé en même temps que lui. Voilà donc l’univers privé de son dirigeant. Bien vite, les recherches du dernier descendant de Kahzar commence, car il est l’héritier de l’univers, rien de moins ! Et où se cache-t-il, cet héritier ? Sur la Terre, bien entendu ! Fruit d’une union houleuse entre le grand sorcier et Margaret, une terrienne, William, l’héritier, consume sa petite vie sur notre belle planète bleue. Les relations entre lui et son père n’étant pas au beau fixe, ce dernier l’ayant banni de son royaume, il ne voit donc pas de bon œil son retour. Mais bon, faut ce qu’il faut et on ne lui ne laisse pas vraiment le choix.
Un début, un milieu et une fin de règne chaotique
Voilà le donc William propulsé dirigeant de l’univers entier. Il hérite des responsabilités de son père, mais aussi de ses problèmes. Comme son paternel n’était pas de tout repos et avec une fâcheuse tendance à ne penser qu’à lui, les problèmes sont légions ! Faut bien dire que Willy ne se donne pas beaucoup de chance en voulant réformer l’univers à sa façon. Façon qui ne plaît pas aux nombreux ennemis qu’avait son père qui sont devenus, par la force des choses, ses ennemis aussi. Bref, c’est le bordel total du début à la fin. Bien que Willy soit le plus puissant sorcier de l’univers, il a hérité de ça aussi, il n’arrive pas à se sortir tout seul de toutes les péripéties qui lui tombent dessus. Mais il ne sera pas seul pour y faire face. Sa mère, Margaret va le supporter et l’aider, de même que son amie Wren, devant la menace de Rygol, un sorcier qui veut la place de Maestros mais surtout du surpuissant Mardok, l’assassin de son père.
Une lecture intense pour l’esprit et la rétine
Ce genre de lecture est sans nul doute une de mes favorites. Je ne connaissais rien de cette BD et de cet auteur. J’étais donc vierge de toute influence extérieure avant de commencer ma lecture. Cela me permet de me laisser aller totalement dans une œuvre et pénétrer entièrement dans l’histoire qui m’est racontée. Je n’ai pas été déçu ! L’histoire de Maestros est éclatée, tire un peu dans toutes les directions en faisant référence à toutes les sphères de l’imaginaire. Il y a des monstres, de la magie, des démons, des insectes, du cannibalisme et j’en passe ! L’auteur laisse libre cours à son imagination et ne se donne aucune limite. Malgré ce fait, l’histoire de Maestros est cohérente et ne laisse aucun temps mort aux lecteurs. C’est de l’action sans arrêt, des retournements, des situations folles, intenses, parfois grotesques et drôles. Les personnages sont bien définis, bien développés et viennent donner corps et âme à l’histoire de l’auteur. Willy est attachant dans sa naïveté et son désir de changement est crédible. Mardok dépasse le statut de simple méchant. Ses motivations et son passé changent l’histoire à la fin et viennent expliquer de brillante façon la finalité de cette BD. Maestros possède donc un scénario très bien ficelé, haletant et d’une grande intensité.
Une efficacité graphique sans faute
Steve Skroce nous offre une explosion visuelle hallucinante et le mot est faible. Parfois très sanglant, à la limite de l’acceptable, l’auteur laisse aller son crayon pour donner vie de brillante façon à ses créatures. La magie est très bien exploitée et est très vivante sous le dessin de Skroce. Les personnages sont très bien réalisés et très vivants. Les décors sont magnifiques et les détails pleuvent dans toutes les planches. La mise en scène est bien réalisée ce qui rend la lisibilité de cette BD facile. Dave Steward qui s’est occupé de la couleur, renforce le côté psychédélique du dessin avec ses teintes très prononcées de couleurs vives. C’est donc une collaboration parfaite entre les 2 artistes qui donnent à Maestros un graphisme sans faute.
Un mélange explosif qui se doit d’être lu !
Maestros de Steve Skroce m’a donné un très beau moment de lecture. J’ai retrouvé une partie de la folie de Preacher, le côté psychédélique de Jodo, l’intensité de Transmetropolitan. Un mélange de plusieurs influences qui donne à Maestros une saveur de réussite et prend une place indélébile dans mon palais mental ! ■
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