Edenwood, tome 1 : une dark fantasy sauvage, viscérale et sans compromis

Edenwood tome 1
Temps de lecture estimée : 4 min.

Avec Edenwood, Tony S. Daniel nous transporte dans un univers où la fantasy, l’horreur et la guerre fusionnent dans une explosion de violence et de mystère. Ce premier tome, qui compile les cinq premiers épisodes d’Edenwood, ne perd pas de temps pour nous plonger dans une lutte sanglante entre sorcières et démons, avec l’humanité prise au milieu du carnage. Et au centre de tout ça ? Rion, un gamin qui n’a rien demandé mais qui va devoir embrasser son destin de chasseur de démons !

Un world-building aussi dense que fascinant

Dès les premières pages, Edenwood en met plein la vue avec un monde à la fois riche et impitoyable. Le Midwest américain n’est plus qu’un champ de bataille entre Necronema, un royaume démoniaque qui a supplanté la civilisation, et Edenwood, un bastion tenu par des sorcières prêtes à tout pour empêcher l’extinction de l’humanité. Tony Daniel construit son univers avec une minutie efficace, parsemant l’histoire d’éléments de lore qui rendent le tout encore plus immersif. C’est dense, parfois complexe, mais jamais gratuit.

Rion, un héros malgré lui

Si le récit est peuplé de figures marquantes, comme Bastille, ce guerrier charismatique qui semble tout droit sorti d’un cauchemar, c’est bien Rion qui porte l’histoire. Son évolution, de môme un peu paumé à véritable combattant, est l’un des moteurs de ce premier arc. Et même si certains passages s’étendent vraiment un peu trop sur l’exposition, on sent que chaque épreuve qu’il traverse a un but : le transformer en une arme capable d’affronter les horreurs de Necronema.

Une narration qui ne prend pas le lecteur par la main

Soyons honnêtes : Edenwood n’est pas un comics qui se lit en mode détente. Entre les multiples personnages, les sauts temporels et les révélations qui s’enchaînent rapidement, mieux vaut être bien réveillé. Les épisodes 2 et 3 en particulier ajoutent une tonne d’éléments au world-building, au point qu’on peut parfois avoir l’impression de se perdre. On rappellera que Tony Daniel n’est pas scénariste, à la base (qui se souvient de The Tenth ?). Mais cette richesse narrative, loin d’être un défaut, donne au récit une dimension quasi mythologique. On n’est pas là pour une simple baston entre gentils et méchants, mais pour une fresque qui prend son temps pour poser des enjeux solides.

Edenwood, une régalade visuelle

Visuellement, Tony S. Daniel frappe fort. Son trait précis et ultra détaillé, boosté par la colorisation percutante de Leonardo Paciarotti, donne une vraie personnalité à Edenwood. Les démons ont une dégaine cauchemardesque, le body horror est bien présent et certaines planches explosent littéralement sous les yeux. Mention spéciale à l’armure de Rion, qui se révèle dans une scène aussi intense que marquante. Entre combats chorégraphiés et moments de pure terreur, le visuel sert toujours la narration avec brio.

Une fin de premier arc qui annonce du très lourd

Le dernier épisode de ce tome 1 recentre le récit sur Rion et son héritage, tout en ouvrant des portes intrigantes pour la suite. On en sait enfin plus sur son rôle, son armure et les forces en présence, et tout s’imbrique de manière plus fluide. Si la guerre entre sorcières et démons semble désormais bien définie, on espère que la suite du récit saura aller plus loin que cet affrontement classique et explorer d’autres aspects de cet univers ultra-prometteur.

Verdict : Un coup de massue à ne pas manquer

Edenwood, tome 1 est un pur concentré de dark fantasy nerveuse et viscérale. Ça tranche, ça cogne, et ça construit un monde à la fois fascinant et terrifiant. Si la richesse du lore et la narration exigeante (car maladroite) peuvent déstabiliser certains lecteurs, la puissance visuelle et le développement des personnages compensent largement. Une introduction brutale et captivante qui promet du très lourd pour la suite. À suivre de très près !

Edenwood, tome 1 est un comics de 128 pages publié en France par Delcourt Comics. Il contient : Edenwood #1-5.




A propos Stéphane 722 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.