Le Survivant d’un monde parallèle : une ghost-story dans laquelle un pilote d’avion enquête suite à un crash dévastateur

Le survivant d'un monde parallèle
(image © Rimini Editions)

Rimini Editions réédite Le Survivant d’un monde parallèle, film fantastique oublié sorti en 1981. L’occasion de découvrir ce film de David Hemmings, mêlant deux genres, le film catastrophe et la ghost-story, dans lequel un pilote cherche à comprendre les raisons du crash de son avion. Mais les esprits des disparus pourraient bien lui venir en aide…
■ par Stéphane Le Troëdec

 

Le survivant d'un monde parallèle
(image © Rimini Editions)

 

Le Survivant d’un monde parallèle s’ouvre sur le crash d’un Boeing 747 et la mort de tous ses passagers. Tous ? Pas tout à fait, puisqu’il y a un survivant : Keller, le pilote, est retrouvé indemne. Comment a-t-il pu survivre à une telle catastrophe ? Et pourquoi a-t-il perdu tout souvenir du crash ? Keller lui-même s’interroge : on a beau lui assurer qu’il a sauvé plus de vies qu’il n’a causé de morts (l’avion aurait pu s’écraser sur des habitations), Keller est rongé par le remord. Il décide donc de mener sa propre enquête pour connaître les raisons de cet étrange accident. Rapidement, il entre en contact avec Hobbs, une médium assaillie de visions depuis la nuit du crash. L’affaire se complique bientôt quand des fantômes d’enfants se manifestent. Keller et Hobbs vont se rapprocher d’un prêtre qui semble persuadé de l’innocence de Keller…

 

Le survivant d'un monde parallèle
(image © Rimini Editions)

 

Une scène de crash impressionnante et primordiale

Le Survivant d’un monde parallèle, The Survivor en VO, n’a pas connu le succès escompté par ses producteurs, même en Australie où il a été produit et tourné. Les généreux bonus de cette édition reviennent largement sur les raisons de cet échec, mais la simple vision du film de David Hemmings permet de les imaginer. La construction narrative du Survivant d’un monde parallèle est particulière, bancale, et peut facilement perdre le spectateur par ses ellipses ravageuses. Le film démarre par la scène du crash puis de l’arrivée des secours. Dès lors tout le film tournera autour de cette longue introduction via des scènes dans les décombres ou au milieu les cadavres (rien de gore, l’ensemble reste globalement très sage). Le rythme de The Survivor s’enlise dans une torpeur qui déplaira au public avide d’action., malgré 2 ou 3 scènes de meurtres furtives. Mais ils auraient bien tort.

 

Le survivant d'un monde parallèle
(image © Rimini Editions)

 

Dans Le Survivant d’un monde parallèle, tout est dans l’ambiance

Au lieu de privilégier les scènes chocs ou gore, Le Survivant d’un monde parallèle choisit d’installer une ambiance. Le scénario étire sur 1 h 30 une histoire qui pourrait être racontée en 5 minutes, on a parfois l’impression d’un épisode de La 4e dimension étiré sur 90 minutes. Reste donc l’ambiance. C’est de ce côté qu’il faut chercher les qualités de ce Survivant d’un monde parallèle. Le ton est prenant, éthéré et si on accepte le rythme lent et elliptique, on plonge dans un monde mystérieux via notamment de jolis plans en cinémascope, soutenus par une belle photographie de John Seale. Brian May compose une partition très agréable, et particulièrement fonctionnelle puisque parfois elle tient la tension à bout de bras à elle seule. Tout comme Keller, on ressent tout au long des 90 minutes du Survivant d’un monde parallèle le poids infernal de la scène du crash.

 

Le survivant d'un monde parallèle
(image © Rimini Editions)

 

Robert Powell et Jenny Agutter font de leur mieux

Dans Le Survivant d’un monde parallèle, Robert Powell et Jenny Agutter se démènent pour soutenir cette ambiance pleine de mystère. Dans le rôle du commandant Keller, Robert Powell prête son air triste, mystérieux voire inquiétant. Jenny Agutter endosse le rôle de la médium Hobbs : elle apporte un charme ésotérique (dans le livre originel de James Herbert, Hobbs est un homme) tout en portant sur ses épaules une partie du film. Par contre, hélas, Joseph Cotten porte bien mal la soutane du prêtre du film. Fatigué, absent, l’acteur à la carrière, pourtant incroyable, donne l’impression de traverser le film tel un fantôme sans jamais réussir à le marquer de son empreinte alors que son rôle l’exigeait (ce sera d’ailleurs son dernier rôle).

 

 

Une édition somptueuse pour un film oublié

Après son échec, Le Survivant d’un monde parallèle est devenu un film oublié, même des amateurs de fantastique. Cette réédition chez Rimini Editions est donc l’occasion de découvrir ce film intéressant malgré ses faiblesses. Pour cela, Rimini Editions a mis les petits plats dans les grands avec une édition pléthorique ! Jugez plutôt : le coffret propose le film dans sa version longue restaurée ou courte non-restaurée, en DVD ou en Blu-ray s’il vous plait. Rimini Editions propose 2 bonus vidéo intéressants. Un reportage sur le tournage, repris d’une émission australienne, nous offre plusieurs petites interviews réalisée pendant le tournage du film : Jenny Agutter, Joseph Cotten, Angela Punch McGregor notamment reviennent sur les conditions de tournage et les ambitions du film. Autre bonus vidéo, les interviews contemporaines d’Antony I. Ginnane, producteur, et John Seale, directeur de la photographie, reviennent notamment sur les difficultés du tournage et du financement du Survivant d’un monde parallèle. Enfin, Rimini Editions est allé chercher Marc Toullec, brillant rédacteur au magazine Mad Movies, pour écrire un livret qui vient à merveille compléter les interviews. En une vingtaine de pages agrémentées de photos, Marc Toullec balaie toute la production du film, les raisons complexes de son échec, les coupures réalisées dans le cut final, le désamour de James Herbert, l’auteur du roman originel. Tous ces bonus forment exactement ce que tout fan attend de ce genre de bonus : de l’info, des anecdotes et du recul (comprendre qu’il ne s’agit pas d’une suite de promos). Tous ces bonus viennent parfaitement compléter le visionnage du Survivant d’un monde parallèle, film qui mérite d’être réévalué malgré ses défauts qui lui ont injustement empêché d’avoir la carrière que le film méritait. ■

Le survivant d'un monde parallèle
(image © Rimini Editions)

Le Survivant d’un monde parallèle est un film édité en France par Rimini Editions.




A propos Stéphane Le Troëdec 628 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.