Lorsque le scénariste Jeff Lemire réalise enfin un rêve d’enfance, à savoir s’occuper de la Justice League, c’est déjà intéressant. Mais lorsqu’il se permet en plus d’associer les superhéros de DC Comics avec les protagonistes de sa série phare Black Hammer, cela devient carrément immanquable. Et pourtant, ce crossover accouche finalement d’une souris. ■ par Doop
On a échangé nos séries
Le crossover Justice League/Black Hammer repose sur un principe assez simple : un mystérieux personnage débarque dans la ferme où se trouvent les héros de Dark Horse et les échange avec ceux de la Justice League. Superman, Batman, Wonder Woman et Cyborg se retrouvent sans trop savoir pourquoi dans la ferme isolée du monde de Black Hammer et les autres sur la terre DC Comics. Avec l’aide de tous les héros magiques de l’univers (Zatanna, Green Lantern, Le Spectre), l’équipe de Black Hammer va essayer de regagner son univers, même si cela doit entraîner de fâcheuses conséquences. De leur côté, les héros de la Justice League, complètement amnésiques, vivent leur vie comme si de rien n’était. Cela faisait très très longtemps que je n’avais pas lu de crossover à l’ancienne, c’est-à-dire entre deux compagnies. La concurrence étant rude, c’est de plus en plus rare et cela mérite donc d’être souligné.
Un crossover classique, avec ses forces et ses défauts
Les héros de Black Hammer, pour ceux qui ne connaîtraient pas, sont aussi de vibrants hommages à leurs contreparties de chez Marvel ou DC, donc l’échange fait sens. Barbalien est une copie assumée du Limier Martien et les voir se rencontrer donne forcément un peu de piquant à la série. Et permet aussi à Jeff Lemire de se faire un peu plaisir. Comme lorsque Aquaman voit Golden Gail, une petite fille de 10 ans jurer comme une charretière et lui faire de l’œil sans connaître son destin tragique. Malheureusement, comme la plupart des crossovers inter-compagnies, et en dépit de quelques rares exceptions, les ambitions sont relativement limitées. On ne peut bien évidemment pas faire évoluer les personnages de façon significative. De fait, il ne se passe pas grand-chose, surtout du côté de l’univers DC. On comprend bien que Jeff Lemire ne peut pas vraiment faire ce qu’il veut avec les personnages de la JLA pour des raisons évidentes. Nous ne sommes pas dans un crossover JLA/Avengers, les 2 équipes sont loin d’avoir la même popularité. Je suppose même d’ailleurs que l’histoire est plus destinée au public de Black Hammer qu’à celui de la Justice League, dont la moitié ne connaît pas la série de Dark Horse.
Un comics finalement anecdotique
Jeff Lemire est un excellent scénariste, il a proposé de très bonnes séries et mini-séries dans un cadre plutôt indépendant (Sweet Tooth, Descender, Gideon Falls). Mais il a, à mon sens, beaucoup de mal à gérer les séries de groupe, surtout quand ces dernières sont connues. Sa Justice League Dark ou Canada et ses Extraordinary X-Men étaient au mieux passables. Comme s’il n’osait pas proposer des choses un peu différentes sur ce genre d’icônes. Et c’est un peu le cas ici. En dehors des quelques passages amusants et obligés de la rencontre entre les 2 équipes, on n’a finalement pas grand-chose à se mettre sous la dent. L’histoire n’est pas très forte, avec un méchant qui intervertit les personnages sans réelle raison. C’est rapidement oublié et finalement ne laissera pas de trace. Et c’est dommage, car Jeff Lemire aurait pu essayer de développer un peu ses personnages de Black Hammer. Et en dehors de Golden Gail, il n’y a finalement pas beaucoup de moment d’émotion ou d’évolution dans les personnages. Ces derniers se retrouvent de fait à jouer un peu les copies conformes de certains héros DC et Jeff Lemire n’est donc pas parvenu à les faire se démarquer un peu du lot. Pas sûr que les lecteurs de la Justice League qui ne connaîtraient pas Black Hammer aient véritablement envie de lire les aventures de ces derniers avec ce récit. C’est dommage car cet univers a énormément de potentiel et livre une série assez fantastique. Quelques mots pour finir que les très bons dessins de Michael Walsh, qui progresse de comics en comics et qui rajoute ici à sa palette un style un peu plus sombre qui colle mieux aux personnages de Black Hammer. Sympathique mais anecdotique. ■
Justice League/Black Hammer est un comics publié par Urban Comics. Il contient Black Hammer/Justice League : Hammer of Fate.
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