Invisible Republic : 7,90 € pour une immense fresque politico-futuriste [AVIS]

(image © Image Comics)

Hi Comics réédite Invisible Republic au tout petit prix de 7,99 €. N’hésitez pas à vous lancer dans cette fresque étonnante mêlant SF et politique !
■par Fletcher Arrowsmith

 

En 2843, sur Avalon, satellite de la planète Aran, le régime Mallory dirigé par Arthur McBride est tombé. Croger Babb journaliste vedette, usé par une vie d’excès, met par hasard la main sur le journal de Maia Reveron, la cousine d’Arthur McBride. Ce document exceptionnel pourrait changer l’histoire ou du moins ce que l’on croit en connaitre.

 

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Des liens avec l’actualité

Invisible Republic se présente sous l’aspect d’un récit de science-fiction, mais brasse des thèmes très contemporains : lanceur d’alerte, dictature, liberté d’expression ou encore rébellion contre l’ordre en place. Bref un beau panorama des préoccupations ou points chauds du monde actuel. Loin de nous présenter des personnages clé en main, Invisible Republic montre l’ascension d’Arthur McBride passant de tête brulé à sauveur de la nation. Invisible Republic montre surtout l’envers du décor. Le postulat semble simple. À force d’être opprimé, la révolte gronde et le peuple se rebelle et ce n’est jamais en douceur que cela se déroule. Mais à travers le 1er numéro le lecteur découvre que le régime qui a pris la place ne semble finalement pas mieux que le précédent. Très loin de donner des réponses, ce 1er tome d’Invisible Republic est un volume d’exposition. L’histoire du journaliste d’investigation, métier finalement peu représenté, n’est guère mise en avant, Croger Babb manquant de caractérisation. Mais à travers lui Gabriel Hardman (Green Lantern : Earth One, Alien Dust to Dust, Hulk) et sa femme Corinna Bechko représentent les lanceurs d’alertes et la liberté de la presse. Et pour mieux prendre le lecteur à contre pied les auteurs dévoilent également peu du personnage d’Arthur McBride. Ce dernier est pourtant l’objet principal du scoop détenu par Croger Babb. Le récit évolue surtout à travers le parcours de la cousine de McBride, Maia Reveron. À travers elle, on découvre les conditions de vie sur la planète en abordant divers aspects que cela soit technologique, la politique intérieur et extérieur ou encore les conditions sociales. Le récit n’hésite pas à s’aventurer hors des complexes urbains à l’atmosphère pesante. Au présent, c’est plus fin comme analyse car il faut souvent passer par les dessins pour comprendre un peu mieux la situation d’Avalon.

 

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Un découpage cinématographique digne des grands thrillers politiques

Des allées retours entre passé et présent construisent la structure de chaque numéro d’Invisible Republic, avec des transitions étudiées à chaque fois comme un effet de caméra. De même, le découpage des planches fait penser à des scripts poussés de film, effet de story telling maitrisé renforcé lors des scènes d’actions notamment les courses poursuites comme dans le 3e épisode. La mise en scène des personnages ainsi que les dialogues s’apparent à un jeu d’acteur, chaque case étant étudiée pour que le lecteur ne s’ennuie pas.

 

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La couleur du post-apo

La colorisation d’Invisible Republic est essentiellement terne conformément aux époques sombres où évoluent les protagonistes. Le coloriste Jordan Boyd différencie les époques et les lieux. Effet renforcé par les détails apportés par le trait du dessinateur, jamais surchargé, là encore variant selon l’endroit où se passe l’action. Ainsi aucun problème pour passer d’une époque à une autre. Mais même si Jordan Boyd accentue les couleurs légèrement plus chaudes (ocre-jaune) quand l’histoire se focalise sur le passé de Maia et Arthur, il flotte en permanence une atmosphère post apocalyptique signe d’un monde dévasté quelque soit le régime en place. Les tons grisâtres représentant le régime Malory et ses conséquences semblent renforcer la démonstration des ravages de l’accession au pouvoir d’un citoyen pourtant issu du peuple. Cette approche graphique, véritable atout de Invisible Republic, n’est guère étonnante quand on sait que Gabriel Hardman présente sur son CV des travaux de story board sur des films tels que Logan, Interstellar ou encore Inception.

 

(image © Image Comics)

 

La conséquence des choix politiques

Bien qu’un peu lent dans sa mise en place, Invisible Republic interroge sur la moralité des choix politiques et leurs conséquences. Ce récit d’anticipation montre peu d’espoir vu qu’il semble aboutir aux échecs successifs des différents types de gouvernance. À la fin, le peuple reste exploité par ceux qui ont le pouvoir. On reste curieux de savoir comment l’antipathique Arthur McBride va renverser le régime en place et devenir un dictateur. Graphiquement très beau, l’aspect géopolitique nous entraine dans une histoire passionnante qui pleine de rebondissements et retournement de situation comme au cinéma. À lire comme une grande fresque politico-fururiste.

 

 

Un effort sur le prix

Si Top Comics consacre un article à Invisible Republic près d’un an après la sortie de ce 1er tome, c’est parce qu’actuellement le jeune éditeur Hi comics propose cet album pour la modique somme de 7,90 €. À ce prix-là, il serait dommage de passer à côté, surtout que l’édition est de qualité. Allez, dernière raison de vous pencher dessus, la traduction de 2 billets par Corrina Bechko qui nous parle de l’importance des abeilles et extrapole sur les avantages et inconvénients des voyages dans l’espace. ■

(image © Image Comics, Hi Comics)

Insivible Republic, tome 1 est un comics publié en France par Hi Comics.