Interview exclusive de Laurent Lefeuvre : « J’ai envie de surprendre, de faire plaisir, d’étonner »

Laurent Lefeuvre atelier workshop interview

 

Loin d’être un artiste solitaire, tu échanges très régulièrement sur les réseaux sociaux et sur de nombreux salons, tu as besoin de ce contact avec ton public ?

Je suis solitaire dans le sens où je travaille seul chez moi (comme présentement en cette belle matinée ensoleillée, au son étouffé de la radio distante branchée sur France Inter). Mais je me ressource auprès des lecteurs, car nous partageons ce qui est le socle de mon activité (en tout cas telle que je la conçois) : la passion ! Ce partage de nos souvenirs de lecteurs, ressentis d’auteur (pour moi) reflété par les lecteurs, les curieux, les gens de passage, est en effet nécessaire pour entretenir ce feu. J’ai envie de surprendre, de faire plaisir, d’étonner, et c’en est même la récompense, bien plus qu’un éventuel prix : considération de la profession ou de mon banquier.

 

On sent bien avec les commissions, mais aussi à travers tes œuvres – les éditions Roa ou Fox Boy – ta très grande connaissance de l’histoire des comics, c’est important de s’inscrire dans une tradition ?

Ce sont mes racines. C’est de là que je viens (et dont je ne suis pas complètement sorti). Alors en effet, j’essaie de faire du neuf en puisant dans l’enfance au fond de moi.

 

En parlant de Fox Boy, le troisième volume est annoncé pour 2018, peux-tu nous en dire un peu plus ?

Alors il aura mis un peu de temps à arriver, en effet, parce que j’avais un engagement à tenir en premier : l’album Comme une Odeur de Diable chez Mosquito, autour de l’œuvre de Claude Seignolle, et autres reportages dessinés, comme Breizh Migrants. Du coup, Fox-Boy continue de m’accompagner, déjà par une parution régulière d’épisodes inédits dans le journal Pif, mais pas aussi intensive que lors du premier cycle des tomes 1 et 2.

Mais normalement, le 3 paraîtra à l’automne, chez un nouvel éditeur, et sans doute un retour au numéro 1 (je n’en dis pas plus pour l’heure – on se revoit dans quelques mois, si vous voulez).

 

Comme une odeur de diable
Extrait de Comme une odeur de diable de Laurent Lefeuvre

 

Ton incursion dans le monde légendaire et fantastique de Claude Seignolle aura-t-elle une suite ? À quand la légende de la mort d’Anatole Le Braz illustrée par Laurent Lefeuvre ?

Alors oui, il y aura bien une suite à ce premier album hommage aux nouvelles horrifiques de Claude Seignolle. J’espère m’y atteler à l’automne, si je ne tombe pas d’épuisement avant (hum).

Quant à la Légende de la Mort, il y a eu tant de choses ces 15 dernières années que je ne suis pas sûr qu’il y ait encore de la place pour ma propre vision. On verra… dans 10 ans (après tout, ça fait près de 20 ans que j’ai cette idée dans un coin de la tête, je ne suis plus à ça près) !

 

À Paris Manga lors d’une conférence, tu disais que tu aimais tellement les personnages de comics que tu pensais qu’ils étaient vivants quelque part, si tu devais discuter avec l’un d’eux, ce serait lequel ?

J’hésite. Bruce Wayne m’a l’air flippant, en fait. Un perso Marvel de toute façon. Kurt Wagner (Diablo), Logan (Serval), Ororo Munroe (Tornade), Ben Grimm (la Chose), ou Matt Murdock (Daredevil). Va pour Daredevil, car rien que pour interviewer quelqu’un qui voit le monde par son sens radar… ça devrait être passionnant (parce qu’évidemment, parler avec eux me servirait à prendre des notes pour un album)!

 

Pour finir, quelle question à laquelle tu aimerais répondre ne te pose-t-on jamais ?

Comment faites-vous pour trouver les bonnes réponses aux questions que nous ne pensons jamais à vous poser ?

 

Interview : Sonia Dollinger (avril 2018)

 




A propos Sonia Dollinger 18 Articles
Sonia est tombée amoureuse de Jean Grey à l'âge de six ans et lit des comics depuis bientôt quarante ans. Créatrice du blog Comics have the Power, elle participe également au collectif LesComics.fr et au podcast les GG Comics. Son gros problème est qu'elle ne sait pas choisir et qu'elle lit tous les titres qui lui passent sous la main en gardant une affection particulière pour tout ce qui touche aux X-Men.