En 1988, Chris Claremont et Alan Davis lançaient Excalibur, un comicbook lié aux mutants X-Men de Marvel Comics. Mais plus qu’un simple spin off, les 2 artistes se réapproprient tout un héritage de Marvel UK, la filière anglaise de l’éditeur, pour des aventures épiques et humoristiques.
■ par Stéphane Le Troëdec
Nous sommes en 1988 et Marvel Comics souhaite continuer à étoffer les séries de la franchise X-Men. En réalité ce développement a déjà commencé quelques années plus tôt avec Les Nouveaux Mutants en 1982 et X-Factor en 1986. Chris Claremont s’était opposé à cette idée d’augmenter les titres de la franchise, sans doute par crainte de perdre le contrôle de personnages qu’il a grandement contribué à rendre populaire. 1988 va voir apparaître 2 nouvelles séries, chacune scénarisées par Chris Claremont : Wolverine et celle qui nous intéresse aujourd’hui, Excalibur !
À la poursuite de Rachel Summers
À la fin de la saga « Fall of Mutants », dans Uncanny X-Men 227, les X-Men sont laissés pour morts. En réalité, ils ont discrètement été sauvés par une entité divine, un miracle que le grand public ignore. Aux yeux de tous, les X-Men ont disparu. Leurs proches pleurent les disparus. Parmi eux, il y a Kitty Pryde et Diablo. En effet, blessés au cours des événements de « Mutants Massacre », les 2 X-Men se remettaient de leurs blessures en Europe sur l’île de Muir et n’ont donc pas pu aider leurs équipiers. Toujours au Royaume-Uni, Captain Britain, qui a aussi perdu sa sœur Psylocke, noie son chagrin dans la solitude et l’alcool, au grand dam de son épouse, la polymorphe Meggan. L’aventure démarre avec le retour d’une jeune femme : Rachel Summers. Cette dernière avait disparu dans la dimension délirante de Mojo après avoir été enlevée par Spirale dans Uncanny X-Men 205. On comprend que Rachel vient de s’en échapper et débarque à Londres, poursuivie par des « lycaons », d’étranges créatures capables de prendre votre apparence en vous volant, très littéralement, votre peau ! Mais les lycaons ne sont pas les seuls à poursuivre Rachel. Car, Saturnyne, une « vieille connaissance » extradimensionnelle de Captain Britain, entend bien mettre la main sur la jeune mutante et a dépêché un groupe de mercenaires dirigée par l’opulente Gatecrasher. Kitty Pryde, Diablo, Captain Britain et Meggan se précipitent à la rescousse de Rachel. Ces cinq personnages ne von pas tarder à former une nouvelle équipe d’aventuriers : Excalibur !
Un ton à part
Excalibur est une série de la franchise X-Men à part à cause de son ton humoristique. Cela ne se perçoit pas dans les 1res pages car Chris Claremont prend le temps d’appuyer sur le deuil ressenti par les personnages après « Fall of Mutants ». Un chagrin particulièrement perceptible à travers les larmes de Kitty ou l’alcoolisme de Brian Braddock. Mais Chris Claremont redirige vite Excalibur sur une autre voie. Très vite, le ton vire à l’humour délicat et aux situations gentiment absurdes. Oh, Excalibur n’est pas une pochade lourdingue, rassurez-vous, mais le travail de Chris Claremont et Alan Davis aboutit à une ambiance quasi unique dans les comics. Cela passe par des easter eggs (les références cinématographiques pleuvent, du Loup-garou de Londres à Rambo en passant par Freddy), des X-Men parodiés plusieurs fois, des scènes curieuses (comme les Lycaons qui changent d’apparence en récupérant les peaux de leurs victimes), ou des héros mis à mal (Kitty Pryde qui grossit comme une bulle, Meggan désarticulée). Excalibur navigue régulièrement entre le grave et l’étonnant, et c’est ce qui fait sa saveur, en plus de ses racines profondément anglaises, comme on va le voir. (suite de l’article page suivante)
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