Après les évènements de Secret Empire, Marvel relance une nouvelle série Captain America avec l’un des scénaristes phares de la compagnie, Ta-Nehisi Coates, et la valeur sûre Leinil Yu aux dessins. Et si les 1ers épisodes fonctionnent au niveau de la caractérisation des personnages, on a un peu l’impression de tourner en rond au niveau des thèmes.
■ par Doop
Une bonne compréhension des personnages
Il faut que je vous avoue, c’est l’une de mes 1res rencontres avec Ta-Nehisi Coates puisque je suis complètement passé à côté de ses comics Black Panther. Cependant j’en ai entendu énormément de bien. Il était donc temps de voir si cet auteur mérite toute cette bonne publicité autour de ses histoires. Et la manière dont Ta-Nahesi Coates gère ses personnages dans Captain America : Winter in America est très satisfaisante. Ses dialogues sont bons, même s’il a parfois tendance à user et abuser des monologues intérieurs. En toute honnêteté, le scénariste a parfaitement capté les motivations et l’état d’esprit non seulement de Steve Rogers mais de tous les personnages secondaires qui gravitent autour de lui. Le couple Steve Rogers/Sharon Carter est bien décrit et parfaitement campé dans ces temps nouveaux. Ce sont, après tout, 2 personnes complètement hors du temps : un vieil homme dans un corps de jeune athlète et une jeune femme dans une enveloppe trop âgée. J’ai beaucoup aimé cette relation. Steve est toujours aux prises avec ses émotions conflictuelles dues au crossover Secret Empire, et son alter ego n’est plus en odeur de sainteté vis à vis de ses compatriotes américains. Captain America : Winter in America est bien écrit, il y a de bons moments, mais sincèrement, on a quand-même l’impression d’avoir déjà lu ça des dizaines de fois.
Toujours les mêmes thèmes
Je pensais qu’après le sublime run de Mark Waid et Chris Samnee, Steve Rogers aurait avancé un peu psychologiquement. C’est ma 1re déception. J’ai l’impression que Ta-Nahisi Coates n’a tout simplement pas pris en compte les dernières aventures du Vengeur étoilé. Captain America : Winter in America pourrait commencer après Secret Empire que ce serait la même chose ! C’est un peu dommage et comme le scénariste insiste énormément sur cet aspect, c’est à la longue répétitif. Mais bien écrit quand même. Ce qui est plus gênant, c’est qu’on commence à avoir l’impression que les différents auteurs qui ont à gérer Captain America ne savent plus faire autre chose que de le mettre face aux contradictions de son pays. C’était déjà fort bien fait dans Secret Empire et sincèrement, on ne peut pas dire que c’est mal exécuté ici, mais clairement Winter in America sent le réchauffé. Lorsque Captain America doit faire face à une armée complète de Nuke, lorsque l’on nous ressort encore une confrontation entre Captain America et le gouvernement, lorsqu’on le met face à des terroristes qui portent le drapeau, on se dit que cela a déjà été écrit et développé de très nombreuses fois. Et je n’ai pas pu m’empêcher de pousser un « encore ! » lorsque l’on nous donne l’identité de l’ennemi principal du héros. Ta-Nehisi Coates emprunte à toute la mythologie de Captain America, que ce soit Nick Spencer, Ed Brubaker, Mark Waid voire même Steve Englehart, mais ne donne pas de nouvel angle à toutes ces idées. Quelques épisodes sont aussi un peu trop décompressés, comme lors de cette bataille interminable avec le Maitre de Corvée qui s’étale sur 2 numéros pour pas grand-chose.
Mais des points positifs
Je m’attendais à un peu plus d’originalité mais Captain America : Winter in America n’est toutefois pas sans qualités. À commencer par la présence de Séléné, ennemi jurée des X-Men, qui est l’un des seuls aspects un peu originaux de la série. Nous avons aussi beaucoup de mystère qui se dégage de l’un des protagonistes : une jeune femme russe aux pouvoirs mystérieux, Alexa, parfaitement décrite jusqu’à ce que Ta-Nehisi Coates s’attarde un peu sur ses origines et son passé. Elle devient alors une simple exécutante alors que son introduction promettait plus. J’ai bien aimé aussi le fait de remettre la Russie au centre de l’histoire, avec un parallèle plutôt surprenant entre le peuple russe et les américains soumis par Hydra. C’est finement exécuté.
Leinil Yu : on l’aime ou on le déteste
Les 6 épisodes sont signés Leinil Francis Yu, et là encore, il n’y a aucune surprise. Le style du dessinateur n’a pas bougé d’un iota depuis plusieurs années, ce qui est une qualité si l’on aime ses dessins. Si en revanche vous avez du mal avec ses scènes d’action parfois un peu trop confuses et ses personnages un peu ratés (notamment les héroïnes trop anguleuses), vous n’adhèrerez pas. Pour ma part, je trouve que Captain America : Winter in America est loin d’être son plus mauvais travail. C’est du Leinil Yu sans surprise. On peut toutefois mettre à son actif le fait qu’il dessine les 6 épisodes sans avoir besoin d’être secondé, ce qui devient malheureusement de plus en plus rare et qui donne incontestablement une unité graphique forte à cette histoire. ■
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