Curse Words, tome 1 : Gandalf part en vrille… Et on adore ça ! [avis]

Curse Words
(image © Image Comics)

Avec Curse Words, Charles Soule imagine un magicien déjanté, sorte de Gandalf dément mais gentil, exilé sur notre Terre. Le résultat est un étonnant mélange de fantastique et d’heroic fantasy.
■ par Stéphane Le Troëdec

 

Curse Words
(image © Image Comics)

 

Wizord est un puissant sorcier qui s’est échappé d’une autre dimension dominée par le terrible Sizzajee. Même s’il ne comprend pas parfaitement les us et coutumes de notre Terre, l’égocentrique Wizord essaie de s’intégrer. Et sa puissante magie est un véritable atout. Il ignore que Sizzajee ne compte pas le laisser impuni : le tyran envoie ses sbires sur Terre à la recherche de Wizord, et parmi ses acolytes se trouve l’ex-petite amie du magicien exilé, une terrifiante guerrière…

 

Curse Words
(image © Image Comics)

 

Wizord, un sorcier déjanté

Dr Strange, Zatanna, La Sorcière Rouge, Dr Fate, Magik, Raven, Constantine… Ce ne sont pas les magiciens qui manquent pas dans les comics ! Avec Curse Words, Charles Soule imagine Wizord, un magicien déjanté. Et il a de bonnes raisons de l’être, puisqu’il vient d’un univers de fantasy. Cela implique que Wizord ne maitrise pas tous les codes de notre société. Il découvre bientôt que non, ça ne se fait pas de littéralement griller son adversaire en public. Encore moins de miniaturiser un stade de foot et tout le public qui s’y trouve. Bref, Wizord est un magicien complètement frappé qui fait des bourdes. Qui a pour animal de compagnie un koala qui parle. Et qui, pour avoir l’air plus crédible, porte une barbe postiche façon Gandalf… Mais Wizord est finalement un moindre mal dans l’univers déjanté de Curse Words.

 

Curse Words
(image © Image Comics)

 

Un mix détonnant de fantasy et d’heroic fantasy

Avec Curse Words, Charles Soules m’a surpris. Le scénariste réussit un mélange détonnant et surprenant de fantasy urbaine et d’heroic fantasy. Avec une remarquable facilité, l’intrigue passe de notre Terre à l’Antre-Monde, la dimension médiéval-fantastique du tyran Sizzajee. Seulement voir Wizord se dépatouiller dans notre monde n’amuse qu’un temps. Sans doute conscient du risque de lassitude, Charles Soule fait rebondir l’intrigue de Curse Words en développant l’Antre-Monde et ses habitants. Il offre ainsi à son univers un background un peu plus poussé qu’on aurait pu l’imaginer à la fin du 1er épisode. Au fil des pages, et des nombreux flashbacks, la série s’enrichit progressivement et gagne en qualité. Le risque était de ne faire de Curse Words qu’une série délirante avec un magos déjanté et un koala qui parle, et puis c’est tout. Charles Soule contourne ce souci et parvient donc à capter notre intérêt.

 

Curse Words
(image © Image Comics)

 

Des dessins de Ryan Browne très colorés et un découpage original

Ryan Browne se retrouve en charge d’illustrer les délires scénaristiques de Curse Words. Les séries déjantées, Ryan Browne connait : les lecteurs français ont pu croiser l’artiste dans quelques épisodes de Manhattan Project ou de Bedlam. Quelqu’un de taillé pour les délires donc, et pour Curse Words en particulier. Dans ce tome 1, Ryan Browne développe une mise en page particulière avec de nombreuses cases aux bords étrangement biseautés. Avec son comparse Michael Garland, il colorise Curse Words en poussant les couleurs à fond, pour un rendu très vif. Ce choix confère à cette histoire une ambiance bien particulière en adéquation avec l’ambiance délirante générale. Autant dire que le 1er tome m’a convaincu. Et malgré mes inquiétudes initiales (je suis loin d’être amateur des travaux de Charles Soule), j’attends le tome 2 avec un intérêt. ■

Curse Words
(image © Image Comics, Glénat Comics)

Curse Words tome 1 est un comics publié en France chez Glénat Comics.




A propos Stéphane Le Troëdec 628 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.