Bloodborne, tome 2 : un récit d’horreur accessible et parfait complément du jeu vidéo [avis]

(mage © Titan Comics)

Néophyte de l’univers du jeu vidéo Bloodborne, c’est le nom d’Aleš Kot qui m’a interpelé. J’ai apprécié cet auteur versatile sur les séries Secret Avengers, Winter Soldier ou encore Generation Gone. Aleš Kot rend très prenant cette histoire indépendante du 1er tome et très lisible que l’on connaisse ou non le jeu vidéo. Histoire d’amitié de trahison, de science et de foi, cette histoire d’horreur est une curiosité à découvrir.
■ par JB

 

(mage © Titan Comics)

 

Les habitants de la cité de Yharnam sont décimés par une épidémie. Celle-ci tue ou transforme ses victimes. Les corps envahissent le fleuve, les cercueils des plus chanceux sont cerclés de chaînes. Les Chasseurs exécutent ceux que la maladie change en monstres. L’Église du Remède seule offre l’espoir d’une cure. 2 hommes en doutent. L’un d’eux, Alfredius, est un médecin qui n’a que méfiance et mépris pour la religion. L’autre est le Frère Clément, homme de foi qui commence à douter des agissements de son Église. La rencontre entre les 2 personnages est percutante, mais peu à peu, l’amitié naît. Mais de tels sentiments ont-ils leur place dans la cité maudite ?

 

(mage © Titan Comics)

 

Des NPC sous les feux de la rampe

Le 1er volume suivait un personnage calqué sur le héros incarné par un joueur de Bloodborne. Il s’agissait d’un chasseur au genre flou, chargé d’une mission d’escorte au sein de décors oniriques désertés par la population et hanté par des monstres. L’auteur utilisait les codes du jeu vidéo, y compris une case « You died ». Ce 2nd arc narratif est très différent. Yharnam n’est pas encore complètement tombée au début de l’histoire. Nos héros ne sont pas non plus des combattants. Le Frère Clément note d’ailleurs qu’Alfredius à une droite mollassonne. Cette histoire se focalise sur le lore, la mythologie de Bloodborne à travers les yeux de nos héros. Ceux-ci s’apparentent aux personnages non-joueurs, planqués derrière leurs portes dans le jeu. Le lecteur suit ici leurs quêtes et leurs pensées à travers leurs journaux respectifs. Alfredius, homme de science, montre des obsessions croissantes envers la maladie et sa voisine Mathilde, récemment devenue veuve. Le Frère Clément est un homme de foi qui doute des autorités de l’Eglise. Auteur et artiste soulignent le parallèle entre les 2 hommes par des effets miroirs, telles ces scènes où nos héros sont aspergés de sang. Pourtant, on croit à la relation d’amitié naissante, qui commence avec un coup de poing et une blague sacrilège. Cela ne rend la conclusion inévitable de cette histoire que plus déchirante.

 

(mage © Titan Comics)

 

Une horreur à visage humain

Le 1er tome de Bloodborne laissait la part belle à l’affrontement contre les monstres, au gore, aux transformations horribles. Cette histoire prend une autre voie. Aleš Kot installe ici une ambiance décadente. Si un loup garou apparaît, c’est des Chasseurs inquiétants ou de l’Église corrompue que vient la menace. Les personnages bravent les interdits pour rechercher un remède au mal qui touche la ville. La corruption qui gagne les habitants est tout d’abord physique. Alfredius et Clément examinent chacun des corps rongés par la vermine, alors qu’autour d’eux les rues se transforment en charniers. Cette déliquescence est aussi morale. Le supérieur de Clément apparaît de plus en plus fou, un filet de sang constamment à la lèvre. De son côté, Alfredius commence à faire ce que tout bon savant fou fait : expérimenter sur sa propre personne. Au fur et à mesure de l’histoire, les 2 héros doutent de leurs certitudes et s’interrogent sur le prix qu’ils sont prêts à payer pour l’amitié ou l’amour. En plus de l’ambiance lovecraftienne propre au jeu vidéo, la 1re scène de Clément fait ouvertement référence à Edgar Poe avec l’utilisation d’un pendule. Les dernières pages de Bloodborne, en revanche, m’ont furieusement rappelées Stephen King. On peut trouver pire comme références.

 

(mage © Titan Comics)

 

Un graphisme inspiré

Je ne connaissais pas Piotr Kowalski. Déjà artiste du 1er tome de Bloodborne, il a également illustré un comics dérivé de la franchise The Witcher. L’attrait du précédent volume était l’aspect monstrueux des créatures qui hantent Yharnam et ses environs. La quasi absence de monstres difforme nécessite ici une autre approche pour retranscrire l’horreur plus psychologique que physique. J’ai trouvé que Kowalski se rapproche ici du style de Guy Davis, notamment sa série The Marquis ou la mini-série Batman: Nevermore. Son trait donne un grain de folie aux personnages, dont les expressions retranscrivent bien le déséquilibre croissant. Les couleurs blafardes, les teins grisâtres illustrent également la progression de la maladie. Piotr Kowalski fait également de Yharnam un personnage à part entière. Plusieurs pleines pages magnifient l’architecture que parcourt le joueur de Bloodborne, et des couleurs de plus en plus rouges confèrent une atmosphère apocalyptique à l’histoire.

(mage © Titan Comics, Urban Comics)

Bloodborne tome 2: La Quête du Remède est un comics publié en France chez Urban Comics.




A propos JB 198 Articles
Lecteur de comics depuis 30 ans, pinailleur Marvel, râleur DC et nostalgique des séries Valiant des années 90.