Années 90 : les 10 comics qui ont fait hurler les fans

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Iron Man #324 : Tony Stark, tueur en série sous hypnose temporelle

Ah, The Crossing. Ce crossover Avengers des années 90 est à la fois un chef-d’œuvre… de confusion, et une masterclass de « mais pourquoi ? ». L’idée de départ était simple : secouer un peu le cocotier Iron Man. Et ils l’ont fait. Sans subtilité. Un traître se cache parmi les Avengers, et il commence à assassiner des alliés dans l’ombre. Le genre de mystère qui aurait pu fonctionner… s’il n’avait pas abouti à une révélation sortie de nulle part : le tueur, c’est Tony Stark. Oui, Iron Man lui-même.

Mais attendez, c’est pas fini. Dans Iron Man #324, on apprend que Tony était en fait sous l’influence de Kang le Conquérant depuis leur toute première rencontre. Manipulé de longue date, notre héros préféré n’était qu’un pion dans un plan cosmique foireux. Du coup, pour sauver la mise, les scénaristes sortent le grand jeu : Stark est remplacé par… un Tony ado, venu d’une autre ligne temporelle. Et le vrai Tony meurt en mode sacrifice héroïque. Une idée si mauvaise qu’elle a été annulée à plusieurs reprises (Heroes Return, Avengers Forever) pour faire comme si rien de tout ça n’était arrivé. Et honnêtement, personne ne s’en plaint…

Green Lantern #49-50 : Hal Jordan, fossoyeur du Green Lantern Corps

À l’origine, Emerald Twilight devait juste être un tournant. C’est devenu une véritable purge générationnelle. Après le retour de Superman, DC balance un twist musclé : le Superman Cyborg fait sauter Coast City, le patelin de Hal Jordan. D’abord stoïque, Hal finit par craquer : il tente de recréer la ville avec son anneau. Les Gardiens trouvent ça un poil égoïste (les gars ont zéro empathie, faut dire), et décident de lui retirer ses pouvoirs. Erreur fatale.

Hal pète alors un câble XXL, direction Oa. Il massacre ses anciens collègues Lanterns un par un, récupère leurs anneaux comme des trophées, vide la batterie centrale, zigouille les Gardiens, et devient Parallax, entité cosmique sous stéroïdes. Dans la foulée, il tente même de rebooter l’univers pendant Zero Hour. L’ironie ? Malgré la polémique, DC ne rétconne rien tout de suite. Parce que de cette folie furieuse naît Kyle Rayner, un nouveau Green Lantern bien plus 90s-compatible, qui tiendra sa série solo pendant plus de dix ans. Hal Jordan, lui, attendra 2004 et Green Lantern: Rebirth pour avoir droit à sa réhabilitation. Mieux vaut tard que jamais.

Les années 90, les années extrêmes

Les années 90, c’est cette décennie où les éditeurs ont visiblement cru que plus c’était extrême, plus c’était vendeur. Des relookings à base de crochets et de poils en bataille, des morts bidon suivies de résurrections éclairs, des clones qui remplacent des héros cultes, et des intrigues tellement alambiquées qu’on aurait dit du Inception sous acide. Et pourtant, on les aime, ces comics bancals. Parce qu’ils représentent une époque où tout était possible, même le pire. Parce qu’ils ont marqué toute une génération de lecteurs, parfois pour de bonnes raisons… mais surtout pour les mauvaises.

Alors, faut-il brûler les années 90 ? Non. Mais les relire avec un soupçon d’ironie et une bonne dose de recul, ça oui. Parce que malgré tous leurs défauts, ces comics ont osé. Parfois trop. Souvent mal. Mais ils ont osé. Et rien que pour ça, ils méritaient bien un petit hommage tout en sarcasme.




A propos Stéphane 750 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.