DC Comics propulse Wonder Woman au cœur d’un futur post-apo barbare. Daniel Warren Johnson en profite pour livrer un récit de guerre furieux à la fois bourrin et subtil. Pour une approche étonnante et rafraîchissante de l’Amazone de DC.
■ par Stéphane Le Troëdec
L’Holocauste nucléaire a frappé de plein fouet l’humanité. Les rescapés se sont réfugiés dans des cités vivant en autarcie, comme Fort Nouvelle Demeure. Le tyrannique Theyden dirige la ville et semble être le seul capable de contrer les assauts des « Haedras », d’ignoles monstres mutants. Partis explorer la région de la Vieille Gotham, un groupe d’éclaireurs y découvre par hasard une mystérieuse grotte. Des étranges caissons d’hibernation stockés dans la caverne surgit une jeune femme appelée… Diana alias Wonder Woman ! Dotés de puissants pouvoirs, la jeune femme pourrait bien représenter un nouvel espoir pour les survivants humains. Encore lui faut-t-il résoudre le mystère de la disparition de ses consœurs Amazones…
Diana la guerrière
Et si Wonder Woman était la seule survivante des superhéros DC Comics dans un monde post-apocalyptique ? Wonder Woman : Dead Earth est une histoire déconnectée de la continuité DC, et Daniel Warren Johnson profite de ce concept à fond. Dès les 1res pages, on est plongé dans un monde de fureur et de douleur, et que ça ne va pas rigoler. À juste titre puisque l’univers imaginé par Daniel Warren Johnson est un futur à mi-chemin entre le Mad Max de George Miller et le Conan de Robert E. Howard. L’histoire se focalise sur Wonder Woman, et ne touche que très peu aux autres figures emblématiques de DC, via des références historiques et transversales, très astucieuses par ailleurs, qui ne prennent jamais le pas sur le récit.
La fureur du trait
Pour retranscrire la fureur de son intrigue, Daniel Warren Johnson impose un trait puissant, dur, et gras, avec des emprunts graphiques aux mangas dans la mise en scène de l’action. Et ça marche ! Wonder Woman : Dead Earth est un monde violent, sanglant et le style de l’artiste nous propulse au cœur de l’action via de nombreuses doubles pages impressionnantes de puissance. L’ensemble est relevé par le format carré un peu plus grand qu’un comic-book standard. D’un combat en arène à la bataille finale, Dead Earth gâtera donc le lecteur avide de bastons poignantes et graphiques. Mais, heureusement, Wonder Woman : Dead Earth ne se résume pas qu’à une succession de combats, heureusement.
Wonder Woman prise au piège de son humanité
Car Daniel Warren Johnson réussit un petit tour de force de rendre son récit émouvant. Il place Diana dans une position pas confortable, retournant contre elle son empathie et son humanité. Ces dernières qualités finissent d’une certaine manière par plonger Wonder Woman au cœur d’un dilemme qui pourrait bien la détruire. C’est rudement bien joué de la part de l’auteur, la fureur des combats faisant alors écho aux questionnements intérieurs de Wonder Woman. On ressort de Dead Earth essoré par la puissance des batailles, mais aussi par les défis émotionnels relevés par Wonder Woman. Un joli récit complet tout en finesse donc malgré les apparences, et qui constitue une approche originale de l’Amazone de DC Comics. M. Daniel Warren Johnson, des récits comme celui-ci, on en redemande ! L’ami Doop évoquait Wonder Woman Dead Earth dans son marathon comics, alors pourquoi ne pas poursuivre la lecture avec sa review de cet album ? ■
Wonder Woman : Dead Earth est un comics publié en France chez Urban Comics. Il contient Wonder Woman Dead Earth 1 à 4.