The Banks : le braquage dans le sang et de mère en fille chez Panini Comics

The Banks
(image © TKO, Panini Comics)

Panini Comics publie The Banks, un comic-book paru aux USA chez TKO. Trois générations de femmes afro-américaines se réunissent pour organiser un casse. Au final, The Banks reste un récit complet de cambriolage trop conventionnel pour se démarquer.
■ par Stéphane Le Troëdec

 

The Banks
(image © TKO, Panini Comics)

 

Dans la famille Banks, le cambriolage, c’est presque une tradition familiale qui se transmet de mère en fille. La plus âgée, la grand-mère, Clara, a été initiée aux plaisirs de la cambriole par son époux. Malgré les déboires de ce dernier, ils ont transmis le virus à leur fille, Cora. La fille de celle-ci, la petite dernière, Celia, ne semble pourtant pas avoir hérité du gène. Encore que, si on y réfléchit bien… Car Celia travaille dans le milieu de la haute finance. Elle voit passer des sommes d’argent monstrueuse. Celia a beau travailler d’arrache-pied, ce milieu fermé et macho ne lui offre pas la place qu’elle estime pourtant mériter. Longtemps incorruptible, Celia pense finalement à prendre sa revanche quand un « coup » s’offre à elle : la rumeur raconte qu’un riche financier possède des lingots d’or et des millions de bitcoins qui n’attendent qu’à être dérobés dans une villa de luxe très protégée. Celia reprend contact avec sa mère et sa grand-mère pour organiser le casse. Mais les relations familiales détériorées et le passé familial pourraient rendre la mission plus difficile que prévue…

 

The Banks
(image © TKO, Panini Comics)

 

Une saga familiale

Premier point positif de The Banks, c’est de mettre en avant la saga familiale des Banks. La scénariste Roxane Gay met en avant l’histoire sur plusieurs générations de cette famille totalement hors normes. Les 1ers épisodes de The Banks sont donc consacrés à fouiller le passé complexe de la famille via un enchevêtrement de plusieurs flashbacks. Et dans la famille Banks, on a le casse dans le sang, comme une tradition : on est cambrioleuse de mère en filles. Ce qui suscite tout de même pas mal de tensions. Si Clara la grand-mère et Cora la mère sont des voleuses accomplies, il n’en va pas de même de Celia la petite dernière, ce qui va poser pas mal de problème, même si elle ne manque pas de ressources. Et comme les 3 femmes afro-américaines de The Banks ont chacune leur caractère, souvent bien trempé, et la collaboration ne s’annonce pas sans heurt. The Banks est donc autant un comics sur le cambriolage que le portrait de 3 générations de femmes fortes.

 

The Banks
(image © TKO, Panini Comics)

 

Un casse en hommage aux classiques du genre

Une fois l’histoire familiale installée, le comics The Banks se concentre sur le casse en lui-même. Ici, Roxane Gay utilise les poncifs habituels des films du genre. On pense à Ocean’s Eleven ou à L’Affaire Thomas Crown mais aussi à Cat’s Eye, à Ocean’s 8 ou à Haute Voltige (pour le côté « casse au féminin »). De ce côté, The Banks ne révolutionne rien et suit sagement le rythme standard des films de cambriole, avec son lot de contre-temps, d’imprévus et de rebondissements. Les 1ers épisodes laissent imaginer une intrigue plus originale mais non. La lecture de The Banks nous conduit jusqu’à une fin un peu trop conventionnelle qui laisse justement sur sa fin.

 

The Banks
(image © TKO, Panini Comics)

 

Des dessins de Ming Doyle en demi-teinte

Difficile de se passionner pour les dessins de Ming Doyle. Pourtant, l’illustratrice parvient à transcrire l’ambiance imaginée par Roxane Gay. Elle est bien aidée par la mise en couleur de Jordie Bellaire. L’enchevêtrement de flashbacks des 1ers épisodes aurait pu être un véritable repoussoir, heureusement il n’en est rien et on distingue bien le parcours des 3 héroïnes à travers les époques, correctement restituée. De bonne augure ? Hélas, non, car c’est justement dans l’illustration des personnages que le bât blesse. Ming Doyle peine rapidement à créer la moindre empathie pour cette famille pourtant haute en couleurs. Ainsi les Banks paraissent continuellement figées, engluées dans leur braquage comme dans leur passé. Il ne se dégage aucun dynamisme, aucune légèreté. On aimerait des scènes virevoltantes, hélas non, cela n’arrive jamais. Pire, quand les héroïnes agissent cagoulées, bien malin celui saura les distinguer. Les points positifs de la 1re partie s’effacent. Dommage. Car ce comic-book méritait mieux graphiquement, pour qu’on ait envie de plonger au cœur de cette famille originale. On referme The Banks en se disant que, malgré des points réussis, les autrices n’ont pas su pleinement exploiter leurs idées. ■

The Banks
(image © TKO, Panini Comics)

The Banks est comics publié en France chez Panini Comics. Il contient The Banks 1-6.




A propos Stéphane Le Troëdec 628 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.

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