Snotgirl, tome 1 : joli, mais creux [avis]

(image © Image Comics)

Malgré son thème original et la crédibilité de l’histoire, Bryan Lee O’Malley et Leslie Hung n’arrivent pas à nous accrocher à ce Snotgirl décidément bien creux.
■ par Stéphane Le Troëdec

 

(image © Image Comics)

 

Vous pensez que les blogueuses mènent la belle vie ? Suivez donc celle de Lottie Person ! Cette jeune américaine de Los Angeles, chevelure verte et influenceuse mode, met sa vie en scène sur les réseaux sociaux. Elle passe son temps à faire croire que sa vie est parfaite. Seulement voilà, la vérité est tout autre ! Lottie n’a pas véritablement d’amies, ce sont toutes des ordures sous leurs aspects lolit. Son petit ami l’a trompée avec une autre fille, plus jeune et superficielle qu’elle. Et ses allergies sévères lui pourrissent la vie : il n’y a rien de pire pour massacrer votre maquillage, après tout, non ? Mais ça, c’était avant de croiser la route d’une jolie fille dont il se pourrait qu’elle ait le béguin et avant qu’elle ne se demande si elle n’a pas tué quelqu’un…

 

(image © Image Comics)

 

Leslie Hung, à la rescousse

Commençons tout de suite par ce qui, à mon sens, sauve Snotgirl : les dessins. Leslie Hung s’avère parfaitement en harmonie avec le scénario de Bryan Lee O’Malley. L’ensemble fait beaucoup penser à du Archie mais moderne, le style retro en moins. Et le côté girly en plus, car Leslie Hung insiste énormément sur cet aspect. Ses filles arborent des visages très expressifs, soulignés par des cadrages très serrés qui oublient volontairement toute tentative de décors. Pour des filles égocentriques, ça tombe et ça fonctionne bien.

 

(image © Image Comics)

 

Un milieu bien restitué et des personnages crédibles

Je n’ai pas aimé Snotgirl, mais je dois admette que Bryan Lee O’Malley réussit un point précis : caricaturer le milieu des influenceuses web. On savait l’auteur capable de saisir des portraits fins et jouissifs, lisez Scott Pilgrim pour vous en convaincre. Ici, il retranscrit tout l’arrivisme et le vide de ces existences. Il parvient parfaitement à restituer et parfois caricaturer le quotidien de ces jeunes adultes en utilisant les codes de ce milieu à travers les SMS et jargons techniques.

 

(image © Image Comics)

 

Des personnages antipathiques

Alors évidemment on pourra expliquer qu’il s’agit d’une satire (qu’une personne jolie peut être moche à l’intérieur, #MessageCachéBienLourdingue). Bryan Lee O’Malley cherche à retranscrire la vacuité de ce milieu des influenceurs et influenceuses web. Ces personnes qui en quelques années sont devenus des hommes et femmes sandwich 2.0. Oui, mais encore il eut fallu qu’on puisse s’attacher à un personnage. Malheureusement, dans Snotgirl, ils sont tous hautement superficiels et détestables. Le casting n’est qu’une sucession de personnages égocentriques et hautains, de haters vides et creux. Même l’héroïne ? Oui, même elle. Pour que la satire prenne, il fallait qu’on puisse entrer dans l’histoire. Malheureusement, Bryan Lee O’Malley ne nous donne jamais de clés, et nous laisse en permanence sur notre faim.

 

(image © Image Comics)

 

Cluedo 2.0 mais flou

En plus d’un portrait au vitriol, Snotgirl se double d’un versant polar. Mais hélas encore une fois, Bryan Lee O’Malley échoue à nous agripper. Lottie a-t-elle tué quelqu’un ? Pourquoi continue-t-elle à la voir ? Snotgirl cultive le flou en permanence, et finit par nous perdre. Peut-être que pour certains lecteurs, cet aspect de l’histoire, le côté « mais qui a bien pu faire le coup ?» sera une réelle motivation… Pour ma part, j’avoue avoir eu énormément de mal à finir ce 1er tome qui m’est littéralement tombé des mains. ■

(image © Image Comics, Glénat Comics)

Snotgirl, tome 1 est un comics publié en France chez Glénat Comics.




A propos Stéphane Le Troëdec 628 Articles
Stéphane Le Troëdec est spécialiste des comics, traducteur et conférencier. En 2015, il s'occupe de la rubrique BD du Salon Littéraire. Ses autres hobbys sont le cinéma fantastique et les jeux. Enfin, et c'est le plus important : son chiffre porte-bonheur est le cinq, sa couleur préférée le bleu, et il n’aime pas les chats.