Batman et Catwoman se marient et vous êtes tous conviés. Seulement, la cérémonie est gâchée à cause d’un scénario qui prend vraiment ses lecteurs et ses personnages pour des imbéciles. Une honte !
■ par Stéphane Le Troëdec
Il y a plusieurs mois, Batman a fait sa demande en mariage à Catwoman et la belle voleuse a a accepté. Les 2 tourtereaux étant fort occupés, ils n’ont toujours pas trouvé le moment pour organiser la cérémonie. Alors un soir, Batman suggère qu’ils se marient dans les heures qui viennent. Vite, Bruce Wayne et Selina Kyle doivent trouver leurs témoins pour enfin officialiser leur union. Seulement, rien ne se passe vraiment comme prévu…
Ce qu’on peut attendre d’un épisode de mariage
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Un numéro de mariage entre 2 personnages de comics, c’est généralement une triple promesse. Celle tout d’abord d’un temps fort, d’un moment un peu « magique », ou au moins extraordinaire. Soit celui d’un combat et d’une réunion incroyable (Susan et Reed Richards), soit l’aboutissement d’un processus longuement entamé (Peter Parker et Mary-Jane). C’est ensuite la promesse d’un nouveau statu quo, d’un profond changement dans la vie des personnages, puisque, comme le dit la formule consacrée, « plus rien ne sera jamais comme avant ». Bref, le mariage est une espèce de bref passage entre une période révolue et une nouvelle qui s’ouvre, où on va pouvoir observer une nouvelle facette des personnages. C’est enfin l’occasion de réunir la famille, que ce soit les personnages récurrents, mais surtout les auteurs qui ont participé à la fête depuis de longues années.
Tout ça pour ça
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Hélas, le scénariste Tom King fait le choix (gonflé, il est vrai) d’envoyer valdinguer tous ces clichés en quelques planches pour des raisons absurdes. Rappelons les faits : Batman #50 nous est vendu depuis des mois comme le sommet de la relation amoureuse entre Batman et Catwoman. Même la couverture l’affirme : le lecteur est invité au mariage (sans compter le carton d’invitation à l’intérieur) ! Ici, Tom King fait monter la mayonnaise, et met en place toutes les étapes qui conduisent les amoureux à l’autel : le choix de la date, celui des témoins, les questions de dernière minute, la préparation des mariés, les ultimes conseils aux futurs époux… Tout ça pour aboutir à un ultime twist, qui n’a jamais, à aucun moment ni la puissance ni l’émotion d’un mariage. Pire, ce pourrait être à la conclusion de n’importe quel comics, ce serait la même chose. Du coup, tout tombe à plat une fois ce numéro 50 terminé.
Un hommage raté, tout simplement
Quel intérêt ici de rendre hommage à une foultitude d’artistes de renom ? Tom King réunit dans son numéro à peu près tous les auteurs (disparus ou non) qui ont un jour écrit la légende de Batman. Mais tous ces hommages sonnent en fin de compte faux. Pourtant, il y a de l’idée quand Tom King insère les traditionnelles pin-up dans l’intrigue, par exemple. Même si, avouons-le, cela anéantit le rythme global du numéro. Sans parler de certains qui cachetonnent (Tim Sale, par exemple) pour des dessins franchement pas exceptionnels.
Un couple bien naïf
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Dans Batman #50, la déception ne vient pas tant de ce qu’il se passe (ou pas) à la fin de cet épisode. Mais bien dans la manière dont les choses se font en coulisses et dont les personnages se font berner. Car Batman et Catwoman sont ici présentés comme de parfaits imbéciles. Au mieux, ils n’ont manifestement pas réfléchi avant à ce que leur mariage allait engendrer (et n’y pensent que quelques heures, voire minutes, avant). Au pire, ils se montrent tous les deux extrêmement manipulables dans le subterfuge dont ils sont victimes. Pire encore : ce complot ne repose sur rien, à part un gros coup de chance, tant le plan repose sur des événements incontrôlables. Sans compter que les super-vilains incriminés feraient sûrement mieux de ne pas intervenir dans ce mariage… Au final, surnage au-dessus de tout le reste, une scène tendre et jolie entre Bruce Wayne et Alfred, son « père » de substitution. Après Batman #50, DC Comics ayant bien écorché la crédulité des lecteurs, bon courage au prochain éditeur qui tentera de nous vendre un « gros coup » ! ■