Meyer : la virée délirante d’un vieux mafieux juif sous le soleil californien !

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(image © H1 Comics)
Temps de lecture estimée : 4 min.

Première création H1 Originals, Meyer raconte la folle virée d’un vieux mafieux juif inspiré du célèbre mafieux Meyer Lansky. Jonathan Lang et Andrea Mutti s’amusent de différents quiproquos en lançant des gangsters à la recherche du magot de la mafia le long des plages de Miami !
■ par Fletcher Arrowsmith

 

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(image © H1 Comics)

 

Un nouvel éditeur, 2 gammes différentes !

Nouvel arrivant dans les comics depuis l’été 2019, la branche américaine des Humanoïdes Associés déploie l’univers H1 à travers 2 gammes dissociées. Ignited, Stangeland et Omni appartiennent à l’univers partagé « Ignition » ou encore « H1I ». En parallèle, ils publient également des récits originaux regroupés sous la bannière « H1O ». Récits indépendants les uns des autres, les titres de H1O n’ont aucun lien avec les titres d’Ignition et sont autant de cartes blanches données à des auteurs. Ainsi Meyer de Jonathan Lang et Andrea Mutti (IRS, Wolverine) est le 1er titre à sortir en France, quelques semaines à peine après sa publication aux États-Unis. Suivront ensuite The Big Country de Quinton Peeples et Dennis Calero (avec cover de Darick Robertson) puis Nicnevin et la Reine de Sang de Helen Mullane, Dom Reardon et Matthew Dow Smith respectivement en 2019 et 2020.

 

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(image © H1 Comics)

 

Un peu d’histoire mafieuse

Dans Meyer, le scénariste Jonathan Lang s’inspire clairement de la personnalité mafieuse Meyer Lansky. Ce dernier assura le poste pivot de trésorier du Syndicat National du crime dans les années 70 faisant de lui un des mafieux les plus puissants et surtout riches de l’époque. Plus âgé, Meyer Lansky, étant de confession juive, demanda la nationalité israélienne pour y immigrer, mais sa requête fût rejetée sous la pression des autorités américaine et il passa ses dernières années à Miami. Pour comprendre sa notoriété, on peut citer son influence dans un film comme Le Parrain. C’est de là que Jonathan Meyer puise la trame de son récit puisque que l’on retrouve un certain Meyer en maison de retraite trompant son monde sur son état mental afin de lui permettre d’imaginer comment mettre la main sur son trésor. Ainsi tout au long de la lecture de Meyer on retrouve des allusions au folklore juif et des éléments pittoresques de la Californie, plus spécifiquement Miami. Le décor est clairement original.

 

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(image © H1 Comics)

 

Meyer ressemble à Thelma et Louise revisité par Quentin Tarantino et par Michael Mann !

La réussite de Meyer se trouve dans le rythme du récit notamment grâce à son influence cinématographique. Dès le début, l’atmosphère californienne aidant, Jonathan Lang décrit des intervenants au caractère assez caricatural permettant ainsi de créer de multiples rebondissements de par leur attitude prêtant le plus souvent à sourire. Puis Meyer embarque un des aides-soignants de sa maison de retraite dans la quête du fameux trésor mafieux. Meyer est vieux, blanc et juif à l’opposé de Benny jeune, noir et pas porté du tout sur la religion. Bref, tous les ingrédients d’un buddy movie au service d’un road movie. Deux en un comme un Thelma et Louise revisité sous influence de Quentin Tarantino et Michael Mann. De ce point de vue, Meyer apparait comme une réelle nouveauté, apportant plein de fraicheur à un genre pas si exploité que cela dans les comics.

 

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(image © H1 Comics)

 

Une histoire confuse qui peine à convaincre

Meyer souffre hélas de trop de défauts pour que sa lecture soit marquante. Comme développé précédemment ce n’est pas le fond qui est en cause, non c’est clairement la forme. Jonathan Lang passe à côté de son sujet ce qui est d’autant plus dommage que l’on ressent tout le long de la lecture de Meyer l’amour qu’il a pour ce personnage fort singulier. La forme et la narration ne coïncident pas à ce que l’on attend d’un format comics. Vendu et annoncé comme oneshot et récit complet, Meyer est en fait découpé en 5 épisodes d’une vingtaine de pages, comme une minisérie en fait. Cela coupe le rythme et finalement déçoit dans la promesse attendue. Ensuite, Jonathan Lang oublie un fondamental essentiel qui va plomber Meyer dès le début. S’il reste intéressé voire fasciné par le personnage de Meyer Lansky, son interprétation du gangster juif tombe à l’eau pour le lecteur qui ne le connait pas. Aucun texte de présentation, aucune référence évidente, bref impossible de comprendre le background. Même remarque avec les références juives de Meyer surement très intéressantes et prouvant l’ambition de l’histoire avec un sous-texte évident. Mais c’est mal amené pour le néophyte. Enfin Jonathan Lang complexifie son récit avec trop de protagoniste dont les motivations semblent peu évidentes. Les dessins d’Andrea Mutti entretiennent ce flou. Pas mauvaise intrinsèquement, la prestation de l’artiste italien capte parfaitement le burlesque et l’extravagance du script. Néanmoins quand le lecteur a du mal à suivre l’histoire il se repose souvent sur les dessins, et là cela ne l’aide pas plus. ■

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(image © H1 Comics)

Meyer est un comics publié en France par Les Humanoïdes Associés.