
Attention lecteurs de comics amateurs de SF, arrêtez tout ! Delcourt publie en France Gone, signé par Jock, le gars qu’on ne présente plus (Batman : One Dark Knight, pour lequel nous avons enregistré un podcast). Après les trois épisodes réunis dans ce premier album, le verdict est clair : on tient là une petite bombe spatiale joliment dessinée, bien menée, avec quelques surprises… mais pas parfaite non plus, hein, sinon ce serait trop facile.

Tout commence comme un bon vieux space opera
Abi a 13 ans, et franchement, sa vie est pas terrible. Coincée sur une planète miteuse avec des gens obligés de pomper du carburant pour des vaisseaux remplis de bourgeois intergalactiques, son futur se limite à trimer dans la crasse. Mais tout change quand par un concours de circonstance Abi devient passagère clandestine sur l’un de ces vaisseaux luxueux. Et évidemment, ça ne se passe pas très bien : conflit, enjeux politiques, bref la totale. Abi va devoir se bouger pour survivre…

L’évolution du personnage : Quand Abi fait son John McClane spatial
Là où ça devient intéressant, c’est qu’entre le premier épisode et le second, bim, 15 ans passent d’un coup ! Notre Abi ado s’est transformée en une guerrière galactique de trente piges, façon Die Hard en combinaison spatiale, poursuivie par un vaisseau infesté de « zombies » (oui, oui). Et là, ça claque, parce que Jock n’est pas du genre à perdre son temps en subtilités inutiles : l’action est là, l’ambiance est digne d’un Alien ou d’un Planète des Singes.

Le final : clôture de l’odyssée avec classe (mais pas sans reproche)
Pour le dernier épisode, on passe clairement la vitesse supérieure. Abi a grandi, elle a vieilli, elle est marquée par les épreuves, on voit clairement que Jock a voulu la complexifier. Ce qui est chouette, c’est le duo avec Jay, efficace et émouvant. Jusqu’à un twist qui redonne un gros coup de fouet à l’histoire avant d’amener à la confrontation ultime avec un capitaine qui était décidément là depuis un moment à chercher la bagarre. Cette conclusion ne fait pas semblant : elle est brutale, tendue, et franchement poignante.
Petit bémol malgré tout : l’univers semble parfois si riche qu’on aurait aimé en savoir un peu plus. Il y a clairement matière à approfondir tout ça dans un spin-off ou une série dérivée.

Graphiquement : entre claques cosmiques et palettes sombres
Faut dire ce qui est, Jock est un vrai champion des ambiances visuelles. Dès le début, sur la planète d’origine d’Abi, il impose une palette sombre et désespérée. Quand Abi part dans l’espace, c’est plus lumineux mais ça reste bien angoissant. Mention spéciale aux scènes de combat : dynamiques, inventives, avec quelques plans larges juste grandioses. En plus, les cadrages sont hyper cinématographiques, et certaines pages mériteraient carrément d’être affichées en poster dans le salon (sans honte aucune, hein).
Petit bémol tout de même, c’est que parfois le choix d’une palette très sombre nuit à la lisibilité, et on peut vite perdre le fil des détails dans certaines scènes. Rien de dramatique non plus, mais c’est à noter.
Delcourt, le luxe au prix accessible
Delcourt c’est nouveau, et ça se sent : couverture prestige, grand format classe, beau façonnage, la totale quoi. Mais ça fait plaisir de voir que derrière l’objet soigné, il y a une vraie vision artistique. Jock profite de cette liberté créative et livre une histoire qui ne sent pas le cahier des charges commercial à plein nez. Ça fait du bien de voir un éditeur US, DSTLRY, qui prend des risques, et rien que pour ça, ça mérite un coup de chapeau.
Conclusion : alors, on embarque dans Gone ?
Au final, Gone est une vraie bonne pioche : une aventure spatiale bien menée, avec de l’action, des émotions, un peu de profondeur psychologique, et un univers graphique époustouflant. Ce n’est certes pas révolutionnaire en matière de thématiques (les histoires d’inégalités sociales entre planètes pauvres et riches, on connait bien) mais c’est tellement bien emballé que ça passe tout seul. Avec quelques petits défauts, notamment dans l’équilibre action/personnages parfois déséquilibré et la lisibilité graphique ponctuellement mise à mal, Gone reste un très bel objet à ajouter à sa collection comics.
Bref, une vraie réussite, et clairement une lecture conseillée, que vous soyez fan de Jock ou tout simplement amateur d’une bonne aventure spatiale qui en met plein les yeux. J’ai passé un bon moment, c’était fun, intense, intelligent… et Gone se relit facilement. À quand la suite ou un dérivé ? En tout cas, moi je signe direct !

Gone est un comics de 168 pages publié en France par Delcourt. Il contient : Gone #1-3.