Il est temps pour Geoff Johns de lancer un projet préparé depuis plusieurs épisodes : briser et reconstruire Wally West. Deux sagas brutales et intenses frappent le personnage avec un drame absolu, puis le redéfinissent en profondeur. À vos marques, prêts, partons pour la chute de Wally West !
■ par Ben Wawe
Hunter Zolomon est policier à Keystone City, profileur des Lascars, les supervilains locaux. Il est un ami proche de Wally West/Flash, mais est agressé par Gorilla Grodd dans le tome précédent ; il en ressort handicapé, privé de ses jambes. Hunter s’emporte quand Wally refuse de changer le passé pour lui. Il utilise lui-même le tapis roulant temporel des Flash, qui explose et lui donne des pouvoirs de vitesse temporelle. Mais Hunter devient fou. Il est persuadé que Wally ne l’a pas aidé car il ne connaît pas la « vraie » souffrance, et n’est donc pas un assez grand superhéros. Hunter devient Zoom et décide « d’aider » Wally en faisant de lui un meilleur héros, en lui enlevant ce qu’il aime le plus pour qu’il connaisse cette douleur. Il entame un « Blitz », une campagne d’attaques rapides et ciblées pour anéantir son ancien ami.
Une double chute terrible
Geoff Johns utilise lance l’opposition entre Flash et Zoom, « sa » némésis comme Eobard Thawne/Néga-Flash l’est pour Barry Allen. L’auteur a intelligemment présenté Hunter Zolomon, il l’a fait aimer par les lecteurs. Sa transformation en supervilain est un déchirement car elle correspond aussi à la chute d’un homme bien, désormais fou, qui s’en prend au héros. Son attaque contre Wally est d’une efficacité terrible, extrêmement rapide et violente. Elle laisse le héros exsangue, brisé. Barry Allen incarne l’optimisme, mais Wally West est positif par essence ; il ne peut plus l’être, après ce Blitz. Flash s’arrête de courir et s’effondre. Le choc est total.
(ré) Allumage
Geoff Johns enchaine intelligemment. La lutte contre Zoom laisse Wally au plus bas ; ses pertes sont terribles, son espoir s’est écroulé. Flash disparait pendant des mois, Wally et Linda tentent de se reconstruire dans une Keystone City rongée par le crime. Wally ne vit et ne travaille que la nuit, plongé dans une dépression sèche et intense. Des meurtres de policiers l’amène néanmoins à enquêter sur le possible tueur, Captain Cold… mais aussi sur Flash lui-même. Sur ce qu’il est, ce qu’il veut être et incarner.
Une redéfinition du héros
Geoff Johns a certes stoppé la course de Flash, mais il entend la relancer en redéfinissant le superhéros et ses valeurs. Wally West un homme positif et lumineux ? Cette 2e saga le plonge littéralement dans la nuit, autant dans une dépression profonde que dans un travail nocturne. La reconstruction est longue et difficile, et Geoff Johns ose même un rebondissement cosmique pour modifier entièrement le personnage et son univers. Courageux et brutal, mais surtout efficace pour que le lecteur sache qui est véritablement Wally West selon l’auteur. Une redéfinition pleine d’émotions, malgré des épilogues qui rappellent que les blessures se soignent mais laissent des cicatrices indélébiles.
Graphisme adapté mais irrégulier
Scott Kolins signe les épisodes de « Blitz », dans son style nerveux et dynamique désormais associé à Flash. Ses planches intenses servent la puissance du combat, elles conservent quelques défauts visuels mais livrent de belles sensations fortes. Scott Kolins rend très bien la super-vitesse des personnages, leurs émotions et les dégâts autour. Son style « qui tâche » convient parfaitement à ce 1er choc, avant un changement graphique brutal. Alberto Dose signe la saga « Allumage », et son style sombre, proche d’Eduardo Risso, est adapté au ton général. Mais ce n’est pas une franche réussite, car son trait est trop figé pour la super-vitesse. Plusieurs visages ne sont pas travaillés, donnant une esthétique difficile à l’ensemble. Howard Porter signe les dernières pages, pour la redéfinition lumineuse de Wally West ; une bonne entrée pour le dessinateur qui va longuement impacter le héros.
Courir dans les ténèbres
Geoff Johns bouleverse Wally West. Il le plonge dans les ténèbres les plus profondes, et le redéfinit courageusement. L’exercice est difficile mais réussi, avec une guerre éclair qui choque par sa brutalité, et une reconstruction « à la dure » qui impose les valeurs de son héros. Seul le graphisme irrégulier gêne vaguement la lecture de ce tome qui est un quasi sans faute, et donne absolument envie de courir avec Flash… pour lire la suite !
Geoff Johns présente Flash tome 4 est un comics publié en France chez Urban Comics.