Death or Glory : voie de garage [avis]

(image © Image Comics)

Nouvelle série estampillée Image Comics, Death or Glory réunit 2 artistes qui ont le vent en poupe, à savoir Rick Remender et le dessinateur français Bengal. Ce comics raconte les péripéties d’une jeune fille rebelle, prête à tout, et même au pire, pour sauver son père mourant. Malheureusement, ce n’est ni original, ni vraiment réussi. Retour sur un comics qui passe complètement à côté de son sujet.
■ par Doop

 

(image © Image Comics)

 

Sortie de route

J’ai réellement un problème avec Rick Remender. Je pense que la 1re fois que j’ai lu une de ses œuvres, c’était sur le comics The End League, que j’avais plutôt apprécié mais dont j’avais trouvé la fin bâclée. Enthousiasmé par Fear Agent, j’avais énormément déchanté lors de son passage chez Marvel, surtout au début de ses Uncanny Avengers. Scènes gores sans intérêt, dialogues cheap, situations faciles, rien ne fonctionnait. Et si le scénariste s’est repris en fin de run (vraiment bien), il est malheureusement retombé dans ses travers avec l’horrible Axis. Passé chez Image où il a livré de nombreuses séries récentes que je n’avais pas non plus appréciées (je trouve Deadly Class vraiment sans intérêt et digne d’un humour potache de collégien boutonneux), j’étais toutefois curieux de voir ce qu’il allait pouvoir proposer sur cette série. Et force est de reconnaître qu’il ne propose pas grand-chose. L’histoire est d’une banalité affligeante, avec une jeune femme rebelle et « badass » comme on peut en lire des tonnes depuis des années. Le souci, c’est que Glory n’a véritablement aucune personnalité propre. Rick Remender n’arrive pas vraiment à la rendre attachante, ses actions sont assez téléphonées et sans véritable profondeur. En dehors de son côté « fille à qui on ne la fait pas », les lecteurs n’ont véritablement rien à se mettre sous la dent. Et comme le reste du casting n’est guère plus développé, on s’ennuie très vite.

 

(image © Image Comics)

 

Une histoire et des personnages qui ne sortent jamais des sentiers battus

On sait que Rick Remender a une tendance à livrer des caricatures de personnages. C’est son style et il est souvent apprécié. Le souci, c’est que cela ne fonctionne absolument pas sur moi. Cela ne donne qu’une superficialité de façade, qui entraîne une lecture automatique et j’ai horreur de ça. Le méchant est très méchant et porte une braguette en forme de croix rouge, il y a des bonnes sœurs qui découpent des gens. Waouh ! Quelle originalité ! On peut décider de faire des comics caricaturaux, ce n’est pas un problème. Mais il faut avoir un discours derrière, sinon cela devient uniquement de la provocation facile. Certes c’est dans l’air du temps mais franchement, c’est très creux. L’intrigue est elle aussi peu originale et joue sur des termes assez éculés. Un road trip avec des migrants, des méchants qui organisent des trafics d’organes et comme par hasard, un « machin » qui correspond totalement à ce que recherche notre héroïne. Il y avait de quoi faire un petit discours sur les migrants mais ces derniers ne sont que prétexte à rajouter un peu d’action à l’intrigue. C’est très décevant.

 

(image © Image Comics)

 

Des dessins en roue libre

J’étais assez intéressé de voir la prestation de Bengal (Batgirl, Sillage) tellement son style expressif et ses designs semblaient faire mouche sur les previews. Et je dois avouer que j’ai finalement été un peu déçu. Attention, Bengal est un excellent dessinateur, avec beaucoup de style. Mais je trouve que cela ne fonctionne pas très bien sur les scènes d’action et de poursuites, que j’ai trouvées assez confuses. Les personnages en revanche sont vraiment bien décrits et ses designs impeccables. De fait, Bengal n’arrive pas à donner de la profondeur à un scénario assez décousu et sans vraiment grand intérêt. Je ne suis par exemple pas arrivé à prendre au sérieux les actions de l’un des méchants, muni d’azote liquide. Le graphisme est tellement caricatural qu’on ne sait pas si le personnage est réellement méchant ou s’il s’agit simplement d’une farce. Après, le concept de départ est assez faible, et malheureusement ni le scénariste, ni le dessinateur n’arrivent à le sublimer. Dommage ! Pour finir sur une note plus optimiste, on ne peut pas dire non plus que Death or Glory est une catastrophe. Je pense que le récit aura ses fans et ses admirateurs (et les dessins sont plutôt bons) mais ce n’est absolument pas mon univers. Disons qu’il faut aimer la caricature et les récits légers. ■

(image © Image Comics, Urban Comics)

Death or Glory est un comics publié en France chez Urban Comics.




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.