
Après des années d’absence et de réels problèmes de production et d’écriture, la série Daredevil revient non plus sur Netflix, mais sur Disney +. En dépit du retour des acteurs et d’une continuité pleinement assumée avec la série originale, on sent toutefois une nette différence sur la forme. Ce qui ne la rend pas inintéressante pour autant. En deçà de la première version en termes de réalisation, Daredevil Born Again reste quand-même l’une des meilleures propositions super-héroïques de Disney+ depuis longtemps. Et qui, comme on va le voir, de manière surprenante, semble davantage lorgner du côté de Dark Knight Returns que de Born Again. Une critique sans aucun SPOILER.
Un nouveau départ pour Matt Murdock ?
Cela semblait difficile de repartir de zéro, tellement les 3 premières saisons avaient marqué l’histoire des séries Marvel sur les plateformes de streaming. Daredevil reste, après tout, la toute première, celle qui a de plus tenté pas mal de choses assez différentes de ce que l’on pouvait voir au cinéma. Un ton plus réaliste, des combats plus violents, une ambiance nettement plus sombre. Daredevil reste un incontournable. Et on peut sentir à travers ces 2 premiers épisodes que l’effort qui a été fait pour coller à la première version du personnage n’était peut-être pas prévu au départ. De fait, on retrouve les personnages auxquels on s’est attaché dans quasiment la même configuration qu’à la fin de la saison 3 de Netflix.
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Mais Disney ne peut se permettre de réaliser uniquement un Daredevil saison 4, il fallait impérativement imposer un autre style sur le personnage. Un stratagème scénaristique pousse donc Matt Murdock à mettre de côté son alter ego cramoisi, projetant tout le casting un an plus tard. De fait, Disney n’a rien balancé, mais peut se permettre un nouveau statu quo, avec de nouveaux personnages comme Kirsten McDuffie, issus du comics de Mark Waid et Chris Samnee, et de très vieilles connaissances, dont une certaine Heather Glenn, très différente dans la série du personnage original. Quelques nouveaux visages viennent étoffer le casting comme la nièce de Ben Urich et le détective privé Cherry. Et bien évidemment Le Caïd.

Une réalisation qui laisse à désirer sur ses parties super-héroïques
À travers les 2 premiers épisodes, on se rend compte que le personnage du Caïd joué par Vincent d’Onofrio a certainement autant d’importance dans la série que Matt Murdock. C’est très simple, on nous raconte leurs aventures en parallèle, créant de nombreux ponts entre leurs situations respectives. Tous 2 connaissent de fait une certaine renaissance en laissant de côté leurs vieilles habitudes, tout du moins c’est ce qu’il paraît. On aura même droit à une confrontation entre les 2 personnages dès le premier épisode. Et même si D’Onofrio est encore une fois impeccable, la scène manque d’émotion. La série met en scène 2 hommes au bord du basculement, et l’interprétation du Caïd le traduit parfaitement.
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En revanche, je n’ai pas trouvé Charlie Cox très inspiré. Je trouve que son interprétation manque un peu de profondeur. C’est d’ailleurs le reproche que l’on pourrait faire à la série. Pour l’instant, la réalisation ne propose pas ce côté immersif que l’on pouvait ressentir dans la saison 1 de Netflix. C’est beaucoup plus clair, beaucoup moins urbain. Beaucoup plus Marvel en fait. Dès le départ et la scène introductive, on se rend compte que ce nouveau Daredevil est plus bondissant, plus acrobate que ce que l’on connaissait. Ce qui entraîne quelques soucis sur les effets spéciaux, qui ne fonctionnent pas lorsque Matt est en costume et se balance d’immeuble en immeuble comme Spider-Man. Mais cela reste un point mineur, dans la mesure où le reste du temps nous avons des personnages en civil.

Un « Dark DD Returns » ?
On nous vend du Born Again, mais la trame semble clairement s’inspirer davantage de l’œuvre de Frank Miller sur Batman. En effet et pour le moment, Matt Murdock a laissé son costume et son identité de côté. Il est rangé des voitures mais bien évidemment, son petit démon intérieur le pousse à chaque fois à intervenir. Et pour l’instant c’est une véritable lutte. Cela dit, le parallèle n’est pas dénué d’intérêt. Daredevil et Batman ont quand-même beaucoup en commun et c’est encore Frank Miller qui est à l’honneur. Mais certaines scènes m’ont véritablement fait penser aux planches de Miller et Janson sur Dark Knight Returns. Notamment lorsque Matt est confronté à de la violence ou à une agression qui se déroule non loin de la où il se trouve. C’est une bonne idée. Et même si elle est loin d’être originale, elle fonctionne dans le cadre de la série. Avoir intégré au casting un autre justicier masqué, Le Tigre Blanc, est aussi un bon moyen de renforcer le tiraillement intérieur de Matt, qui refoule son côté obscur.

Conclusion ? Des imperfections, mais un plaisir coupable
Ceux qui me lisent depuis longtemps savent que je suis plutôt très exigeant en matière de séries tv ou de films de super-héros. Et si quelques effets de réalisation ou quelques dialogues ont pu me faire grincer des dents, j’ai éprouvé du plaisir à retrouver des personnages que j’avais vraiment apprécié à l’époque. Je serai présent la semaine prochaine pour la suite. Sachant qu’en plus on n’a pas vu la totalité du casting.