Les critiques doopiennes, le « marathon comics » est un challenge de fou : une review de comic-book par jour ouvré emballé dans une rubrique hebdomadaire! Avec pour objectif de tenir le plus longtemps possible ! On attaque la 9e semaine de lecture, et pas mal d’imprévus m’ont mis en retard. On espère quand-même arriver aux 50 critiques la semaine prochaine !
■ par Doop
Les comics au sommaire de cette semaine
On va encore tenter de nouvelles choses avec la critique d’une bande dessinée franco-belge : Carbone & Silicium ! On enchaînera avec un comics tout frais sorti il y a à peine quelques jours : X-Men Legends avec le retour des X-Men des années 90. On chroniquera aussi un très gros bouquin : un Marvel Epic Collection sur Daredevil avec la fin du run d’Ann Nocenti et les débuts de D.G. Chichester. On ira faire un tour avec certainement l’un des meilleurs runs sur John Constantine par Peter Milligan et on finira avec un comics vintage : Wonder Woman par John Byrne !
- Carbone & Silicium
- X-Men Legends n°1
- Marvel Epic Collection : Daredevil, Last Rites
- John Constantine, Hellblazer : Scab
- Wonder Woman by John Byrne n°1
Avant propos
Les Critiques Doopiennes, le marathon comics sont le reflet de mes lectures « à chaud » et assurément trop passionnées. Je vous promets toutefois de rester le plus impartial possible, de ne pas mettre de spoilers et de toujours développer mon avis. Une règle immuable : « Lorsqu’on lit une critique, le meilleur moyen de se faire un avis, c’est toujours de lire le comics en question » ! Ces critiques sont surtout là pour vous permettre de découvrir des titres et pourquoi pas, échanger vos opinions sur notre page Facebook. Alors ? Brocoli (comics de qualité notés de 1 à 5) ou Chamois (comics qui ne sent pas très bon) ? C’est parti !
Carbone & Silicium
(Mathieu Bablet)
Carbone & Silicium : ça raconte quoi ?
L’action se situe dans un futur proche, à la Silicon Valley dans les bureaux de la Tomorow Fondation. Cette dernière vient de mettre au point 2 intelligences artificielles de 1er plan, 2 êtres synthétiques qui vont détruire la barrière entre robots et humains : Carbone et Silicium. Loin d’être uniquement des bases de données ambulantes, ces deux AI ont des désirs, des besoins à assouvir. Nous allons suivre les aventures de ces deux créatures pendant presque 300 ans, observant au passage un monde qui se meurt et qui se transforme sous leurs yeux.
Un récit qui sort de son cadre
C’est assez rare de ma part de chroniquer une bande dessinée qui n’est pas un comics. Mais cela arrivera parfois, au gré de mes envies et de mes lectures. Autant vous dire que je n’y connais absolument rien ! J’ai acheté cet album parce que les dessins m’intéressaient et que son prix était très modique au vu de sa pagination. De plus, les histoires de science-fiction sur les intelligences artificielles me passionnent depuis le plus jeune âge, lors de ma 1ère lecture des Robots d’Isaac Asimov ou de mon 1er visionnage de 2001 Odyssée de l’espace. Et pourtant, Carbone & Silicium n’est pas vraiment un récit sur l’intelligence artificielle.
En effet, ce que nous propose Carbone & Silicium, c’est avant tout de découvrir les errances d’une humanité qui va évoluer, ou pas, au gré des crises. A travers l’œil de ces 2 machines, aux caractères totalement différents, c’est tout le futur de la Terre qui se déroule, se découvre. On assistera entre autres aux différentes pandémies, à la chute du capitalisme, à l’émergence de villes poubelles et d’êtres humains augmentés. On traversera le globe plusieurs fois, on découvrira tous les continents au fil des voyages et des errances de nos 2 compagnons de route. Et sans aller très loin dans l’esprit de Mathieu Bablet, l’auteur, on comprend vite que ce futur n’est pas très réjouissant. En fait, il est même triste et solitaire.
Tristesse et solitude
C’est vraiment le sentiment que j’ai eu en lisant ce livre. D’une intense solitude. Même Carbone et Silicium, qui peuvent envoyer leurs esprits numériques dans le réseau informatique se sentent tout seuls. Ils seront d’ailleurs très souvent séparés, Silicium préférant toujours voyager seul tandis que Carbone est plus ancrée dans la réalité d’un monde qui, finalement, ne veut pas d’elle. C’est véritablement un beau voyage, long de presque 300 pages et très contemplatif. Les monologues sont très souvent intérieurs, et la dualité entre l’individualisme et le désir de collectivité est tout le temps présente. Au travers de ces 2 entités, c’est tout le cheminement de l’humanité à l’ère numérique qui nous est proposé, et du choix qu’elle devra réaliser entre le repli sur soi et le désir d’autrui. J’ai vraiment beaucoup aimé. Il faut dire que la mise en image est plutôt intrigante.
Mise en image intrigante
Le dessin de Mathieu Bablet est assez étrange mais d’une virtuosité inattendue. Les détails sont légion, les scènes de ville, de campagne ou de désert sont parfaitement réussies. Les designs sont plus que soignés et la mise en couleurs, souvent en négatif, rajoute une intériorité au récit. Après, ses personnages humains sont souvent difformes, pas réalistes. J’aurais tendance à dire organiques. Et la vie est pleine de défauts. Et c’est plutôt bien vu. Les personnages sont dessinés dans un style très subjectif mais le monde dans lequel ils évoluent et d’un réalisme cru. Et cette opposition résume à mon sens parfaitement l’histoire. Je comprends que la mise en page puisse au départ un peu rebuter, mais on s’y fait très rapidement.
Le livre est parfois un peu long, certains le trouveront trop lent, trop intérieur, trop contemplatif, mais c’est ce que j’ai véritablement apprécié ici : Mathieu Bablet prend son temps, nous dévoile des images splendides et s’intéresse au cheminement intérieur de ces personnages aux enveloppes multiples qu’à une réelle action au sens propre du terme. Une réussite, assurément.
Carbone & Silicium est une bande dessinée de Mathieu Bablet paru en France en 2020 aux éditions Ankama.
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