Critiques Doopiennes : le marathon comics : semaine 5 !

Brat Pack

(Rick Veitch)

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(image : © Rick Veitch)

Brat Pack : Ça raconte quoi ?

Nous voici à Slumburg, une ville dans laquelle quelques héros ont repris le relais depuis le départ du plus grand d’entre eux, True Man ! Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la relève est loin d’être assurée. Une princesse guerrière bouffie de misandrie, un justicier urbain pédophile, un autre drogué et alcoolique, un dernier facho, bref, c’est une catastrophe. Et le pire, c’est que ce sont leurs sidekicks qui trainent, victimes de la méchanceté de leurs mentors. Brat Pack commence alors que ces 4 sidekicks  meurent dans une explosion provoquée par le Doctor Blasphemy. Il faut désormais les remplacer. Bon courage !

Un Rick Veitch très énervé

Remettons cette bande dessinée dans le contexte. Rick Veitch, scénariste et dessinateur tout droit sorti de la Joe Kubert School assurait la relève d’Alan Moore sur la série Swamp Thing jusqu’à ce qu’il se fasse virer pour avoir rendu un script où la créature du marais rencontrait Jesus Christ. Quelques temps plus tard, DC Comics décide de mettre au vote le destin de Jason Todd, le nouveau Robin. Et les lecteurs sont sans pitié : ils votent sa mort ! Rick Veitch, toujours en colère, décide alors de régler ses comptes avec l’industrie du comics et ses grosses ficelles pour attirer les lecteurs. Il livre donc ce Brat Pack, un comics sans concessions, violent, agressif et outrancier qui dépasse toutes les limites possibles. Vous trouviez The Boys trop polémique et cynique ? Ce n’est rien à côté de Brat Pack !

Ultra Violence et critique du système

J’ai souvent entendu des critiques dire que Brat Pack est un lien entre Watchmen et Dark Knight Returns dans la mesure où lui aussi déconstruit totalement l’image des super-héros. Mais je ne suis pas vraiment d’accord. Parce que Rick Veitch n’encre pas du tout son récit dans un monde « réaliste », comme avaient pu le faire Alan Moore ou Frank Miller. Brat Pack est du début à la fin un comics critique et parodique, offrant très peu d’intrigue finalement, puisqu’il s’agit simplement d’affronter le criminel à l’origine de la disparition des jeunes acolytes de ces super-héros. Ce qui n’est d’ailleurs qu’un prétexte pour Veitch, qui s’attarde la moitié du temps sur les humiliations subles par ces jeunes recrues. J’ai beaucoup plus pensé à un comics du style de Marshall Law qu’à ceux de Moore ou Miller. Et vraiment, Veitch pousse le bouchon extrêmement loin. On a droit à des scènes de torture, de violence, de harcèlement moral des quatre héros envers leurs nouvelles recrues. Ce n’est pas un comics à mettre entre toutes les mains. Et plus l’histoire avance, plus les actions deviennent glauques et les scènes assez insoutenables. Bien évidemment, Brat Pack se terminera dans un carnage absolu ! C’est le but de Rick Veitch : choquer pour régler ses comptes. Et effectivement ça marche. Car c’est un bon artiste.

Des dessins de haute tenue pour quelle morale ?

Car Rick Veitch est un excellent dessinateur. Au style protéiforme, il enchaîne les scènes caricaturales avec des designs de ville absolument à tomber. La lecture est assez fluide, Rick Veitch partageant souvent une double page en 4 récits différents qui permettent de suivre chacun des 4 sidekicks dans leur descente vers l’horreur. La partie graphique est de haute volée. Mais j’ai quand-même une petite réserve sur la véritable morale de l’histoire. Car dénoncer l’industrie, c’est bien, mais dans le cadre d’un récit cela ne mène pas toujours quelque part. Et je trouve qu’à ce titre, la fin est totalement expédiée. De plus, j’ai toujours tendance à penser que quand une histoire est trop rentre-dedans, le message qu’il veut délivrer perd un peu de son poids. Remis dans le contexte de l’époque, Brat Pack est une série qui aura influencé pas mal de monde, mais dont le propos est peut-être trop outrancier pour être pris au sérieux. Un comics important dans l’histoire du médium mais à réserver à un public averti.

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Brat Pack est un TPB publié par King Hell et traduit en France aux éditions Delirium.

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(image : © Rick Veitch)
 

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Doomsday Clock                          (image © DC Comics, Urban Comics)

 

A suivre : la relance ratée du titre Power Pack !




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.