Comment choisir ses comics pour commencer à lire en VO ? [En Vert Et Contre Tous n°12]

Beaucoup de nouveaux lecteurs de comics se posent la question : comment se lancer dans la lecture de comics en VO ? Et très vite, on se trouve face à un problème : par quel titre commencer ? Je vous livre quelques astuces pour démarrer les comics en VO tout en douceur !
■ par Doop

 

Dans mon billet d’humeur précédent, je vous expliquais comment ma passion pour les comics m’avait permis d’améliorer mon niveau en français, mais aussi en anglais. Aujourd’hui, on va aller un peu plus loin et je vais vous donner mes conseils pour sélectionner les titres les plus adaptés aux nouveaux lecteurs VO. En effet, le marché du comics kiosque a quasiment disparu et les titres librairie ne satisfont pas toujours les gouts des lecteurs. Aussi, de nombreux fans VF se demandent comment commencer la VO. Je vais tenter d’apporter ma pierre à l’édifice.

In the Beginning

Pour commencer la lecture en VO, vous comprendrez bien qu’il faut déjà avoir un niveau d’anglais de base. Et je dis bien de base. Je pense que quelqu’un qui sort du lycée avec environ 7 années d’anglais peut tout à fait commencer à lire en VO, voire même avant. Bien évidemment si vous n’avez aucune notion d’anglais, cela risque d’être difficile de pouvoir directement attaquer par les comics (et si vous êtes bilingue, la question ne se pose même pas !). Je vais donc faire comme si tout le monde avait un niveau d’anglais équivalent à un élève moyen de lycée et essayer d’éviter quelques lieux communs. Après, ce qu’il faut surtout retenir, c’est qu’une fois qu’on a plongé dans le grand bain de la VO, il faut lire, lire et relire des tonnes de comics. Mais si c’est votre passion, cela ne doit poser aucun problème.

 

 

Il vaut mieux ne pas commencer par Moore ou Gaiman : C’EST FAUX !

Souvent je lis sur les forums qu’il ne vaut mieux pas commencer par des « grands » auteurs, comme Alan Moore, Neil Gaiman ou Grant Morrison. Je ne suis pas d’accord sur ce point. En effet, ce qu’il faut savoir, c’est que ces 3 auteurs sont des écrivains avant tout. Leur style est donc parfaitement adapté et très lisible lorsqu’ils le souhaitent. Neil Gaiman a une écriture très littéraire qui se rapproche de ce qui nous est enseigné. J’aurais donc tendance à préférer Neil Gaiman à Alan Moore. Ce dernier a souvent tendance à jouer avec les mots et les expressions. Par exemple, dans le comics Crossed + 100, il a carrément inventé un nouveau langage, donc incompréhensible pour le lecteur novice (voire même pour le lecteur confirmé). Son V pour Vendetta est en revanche superbement écrit et très compréhensible. L’un de mes 1ers recueils VO était le Sandman vol 2 par Neil Gaiman et cela n’a posé, au niveau de la langue, aucun souci. Il ne faut pas mélanger difficulté de la langue et complexité de l’histoire. Même l’histoire la plus simple peut devenir incompréhensible si elle est écrite en langage argotique (comme souvent d’ailleurs dans les histoires de Brian Azzarello par exemple). Recherchez les auteurs qui « écrivent bien » et il y en a plein dans les comics : Matt Fraction, Greg Rucka, Ed Brubaker, Chris Claremont ne sont que des exemples parmi d’autres. Essayez toutefois d’éviter les comics trop humoristiques car souvent à base de jeux de mots. L’un des rares comics impossible pour moi à lire en VO est Cerebus par Dave Sim car celui-ci fait parler ses personnages « avec des accents », il faut donc limite lire à voix haute pour comprendre le texte. De la même manière, si vous commencez par l’arc où John Constantine est en prison et où tous les détenus parlent en argot, ça risque d’être chaud.

 

 

 

Faut-il utiliser un dictionnaire ?

Pas vraiment. Pour comprendre l’histoire, vous n’avez pas besoin non plus de connaître tous les mots dans le moindre détail. Tant que vous comprenez le sens général de l’histoire (et souvent ce n’est pas non plus très compliqué), vous pouvez vous permettre de faire l’impasse sur telle ou telle expression, sinon, la lecture risque d’être très fastidieuse. Ne coupez que très rarement votre rythme de lecture en allant chercher un mot dans le dictionnaire, sauf si vous sentez que c’est un aspect important de l’histoire. Les images sont aussi là pour vous aider. Et vous allez voir, à force de lecture, que cela va venir tout seul. Vraiment. Bon, il faut s’accrocher pendant quelques mois mais à force, cela fonctionne. Acharnez vous !

 

 

La VO c’est cher

Quand on voit le prix de certaines éditions françaises, je n’aurais pas tendance à dire ça. L’avantage des comics américains, c’est qu’un TPB contenant une vingtaine d’épisodes (du genre les Complete Collections chez Marvel ou  les Epic Collections, voire les Marvel Essentials ou DC showcase (si vous vous fichez pas mal de lire sur du papier dégueulasse) ne coûtent vraiment pas cher en comparaison. Après, ce qui peut être une bonne idée, si vous en avez les moyens, c’est de suivre 1 ou 2 séries en singles. Comme ça vous aurez votre dose mensuelle de comics VO avant de passer aux recueils. Et lire 24 pages vous demanderont beaucoup moins de temps qu’un TPB. D’ailleurs, pour ceux qui auraient un peu peur de leur niveau d’anglais, je pense que c’est une bonne idée de commencer par des comics vintage. Par cela j’entends les 1ers Avengers ou Spider-man. En effet, à cette époque l’écriture était très simple, il n’y avait aucune volonté de style chez les auteurs mainstream, qui écrivaient la plupart du temps pour des adolescents. Vous voulez savoir si vous pouvez lire en VO ? Prenez le 1er Epic Collection des Fantastic Four ou des Avengers, vous aurez non seulement des épisodes classiques de l’histoire des comics mais aussi des histoires bien écrites et en plus simples. Si cela ne vous pose aucun problème, tentez quelques comics des années 80, comme les Teen Titans ou les X-Men, et vous verrez qu’à la longue, vous comprendrez sans trop de difficulté. Ready, steady, go !




A propos Doop 374 Articles
Doop lit des comics depuis une quarantaine d'années. Modérateur sur Buzzcomics depuis plus de 15 ans, il a écrit pour ce forum (avec la participation de Poulet, sa minette tigrée et capricieuse) un bon millier de critiques et une centaine d'articles très très longs qui peuvent aller de « Promethea » à « Heroes Reborn ». Il a développé une affection particulière pour les auteurs Vertigo des années 90, notamment Peter Milligan et Neil Gaiman.