Où Doop évoque sa découverte des comics VO, de Sandman et de l’étonnant lien entre cette série Vertigo et l’univers de la chanteuse Tori Amos !
■ par Doop
Ma découverte des comics VO et de Sandman
Faisons un bond dans le passé de plus de 20 ans, autour de l’année 1995. Je découvrais pour la 1re fois les comics VO. C’était dans un magasin à Nice dont je ne me rappelle plus le nom. N’ayant été élevé qu’avec les publications françaises de l’époque, j’étais comme un fou en voyant s’étaler devant mes yeux tous ces comics que je ne connaissais pas : les titres DC, qui avaient été abandonnés depuis plusieurs années, les titres Vertigo, les titres Image. Et j’avais demandé au vendeur, un passionné, ce qu’était la meilleure série du moment. Il m’avait alors tendu un TPB (mon tout premier TPB avec Daredevil : Fall From Grace), contenant les aventures d’un héros que je ne connaissais pas : Sandman par Neil Gaiman. C’était le tome 2, Doll’s House, avec la 1re apparition du Corinthien, de Rose Walker et de tous ces personnages qui me font encore rêver. Autant vous dire que c’est une des plus grosses claques de ma vie de lecteur. J’avais déjà lu Watchmen en Français (d’abord le début chez Aredit puis les gros albums chez Zenda) qui m’avait beaucoup remué, Elektra Assassin chez Delcourt mais là, c’était vraiment une autre dimension. Peut-être parce que c’était mes premières lectures en anglais. J’aurais tellement voulu écrire ce genre d’histoires. J’étais réellement jaloux de Neil Gaiman et de son style, de ses idées ! À l’époque, c’était très difficile d’obtenir les TPB, je pense que le magasin était très petit et débutait, donc lorsque j’y retournai quelques jours plus tard, je n’avais pas la suite. Quelques TPB de Sandman étaient disponibles mais pas tout. Je demandai donc à un ami de Lille de m’acheter ces TPB et de me les envoyer par la poste (on est loin d’internet !). Et chaque TPB que je recevais me confortait dans mon idée que Sandman, c’était exactement le genre de comics que j’avais envie de lire. Il y a des œuvres qui à 20 ans vous marquent à vie ; qui, si j’exagère un peu, vous définissent : Sandman en faisait partie.
« Hi Tori », « Hi Neil »
À l’époque, il y avait aussi autre chose qui me mettait en transe, les musiques de la chanteuse Tori Amos. Là aussi, impossible de comprendre pourquoi cela me touchait autant, mais c’était une grande partie de ma vie de l’époque (avec les romans de Tim Powers, d’Arthur Clarke, Twin Peaks et X-Files, oui j’étais un bon gros geek). Bien évidemment, je n’avais fait aucune connexion entre les 2 univers et pour cause : Internet n’existait pas et les paroles de Tori Amos sont pour le moins assez indéchiffrables ! Et là, voilà que mon ami du Nord m’envoie par la poste le TPB de Sandman : Brief Lives. Et que ce TPB commence par les paroles de la chanson « Tear In Your Hand » de… Tori Amos ! Bon, il n’en fallait pas plus pour que mon cerveau n’entre en ébullition, surtout qu’en lisant les crédits, un petit « Hi Tori » s’était glissé dans un coin de la page. Je fis alors le rapprochement avec le « Hi Neil » présent sur la jaquette du deuxième album de la chanteuse ainsi que ses nombreuses références à un Neil dans ses chansons. Oui, c’était bien Neil Gaiman ! Lorsque je continuai à lire ce TPB, il n’y avait plus aucun doute, le personnage de Delirium, une des sœurs de Sandman, avait au détail près l’apparence de la chanteuse ! Je ne sais pas si vous vous rendez compte, sans le savoir, les 2 univers dans lesquels je m’identifiais le plus étaient en fait liés. Si je vous dis que ça a été l’un des moments les plus fous de ma vie, vous vous direz peut-être que j’exagère, mais franchement cela n’en était pas si éloigné que ça. En fait, c’était MON univers! La boucle était bouclée. J’appris beaucoup plus tard qu’effectivement Tori Amos et Neil Gaiman étaient amis et qu’ils pensaient même avoir été mariés dans une vie antérieure. Bon, maintenant je n’écoute plus beaucoup de Tori Amos, je ne lis plus vraiment les romans de Neil Gaiman. J’ai découvert des tonnes d’autres comics qui m’ont complètement retourné mais cet instant restera toujours un moment de plénitude, le moment où l’on se dit qu’on s’est, au moins en partie, trouvé. Après on se demande pourquoi j’aime les comics. ■