Warren Ellis et Jason Howard sont de retour. Après Trees, les 2 artistes récidivent avec le récit complet Cemetery Beach, disponible chez Urban Comics. Récit mené tambour battant, Cemetery Beach brille notamment pas le rythme effréné impulsé dans un monde futuriste bien sombre où Warren Ellis lâche quelque réflexion dont il a le secret.
■ par Fletcher Arrowsmith
Cours, Michaël, cours
Michaël Blackburn est prisonnier d’une planète colonisée par des terriens située dans un univers parallèle. Son unique but : regagner la terre pour faire son rapport. Cemetary Beach narre la fuite de Michaël Blackburn et de Grace Moody, une criminelle grande gueule embarquée à l’occasion. Forcément leur évasion n’est pas du goût du Président Barrow, qui compte bien continuer à administrer l’exoplanète sans rendre de compte au Vieux Pays, La Terre. Pitch simple et direct, le lecteur se laisse embarquer dans une course poursuite complétement folle, bourrée d’adrénaline, d’explosion et de cadavres où tous les coups sont permis. Au passage Grace Moody endosse le rôle de tour-opérateur en assurant la visite et la description de l’ensemble des territoire traversée, conçus à l’image des cercles de l’enfer de Dante.
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Un univers graphique sombre
Jason Howard avait déjà démontré avec Trees qu’il est capable de concevoir les idées les plus farfelus de Warren Ellis en gardant son trait si personnel. Parmi les réussites incontestables de Cemetery Beach, le trait dynamique de Jason Howard se pose en haut du podium. Si la lecture de Cemetery Beach fait penser à un blockbuster comme seule Hollywood sait en produire, on le doit aux compositions des planches et à cette impression de mise en mouvement permanente du dessinateur de Trees. Conçu comme un long script sans temps mort se déroulant devant nos yeux ébahis, les périples et embûches des 2 fugitifs sont extrêmement lisibles tout comme les expressions des différents protagonistes. Surtout que Warren Ellis ne s’encombre pas avec des pavés de textes ou des bulles, de nombreux passages en étant tout simplement dépourvu pendant plusieurs pages (et Urban Comics n’entrecoupe pas les épisodes avec les covers dans la présente édition). L’enchaînement des cases agrémentées de nombreuses scènes d’actions et d’explosion s’intègrent parfaitement dans des décors variants régulièrement (en fonction des territoires) très différents imaginés pour l’occasion. Très léger bémol sur la colorisation, qui comme dans Trees est parfois un sombre ou manquant de nuances. Par contre l’aspect rushé du trait de Jason Howard convient parfaitement au scénario déjanté de Warren Ellis.
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De l’action au détriment de la réflexion
Warren Ellis sait varier son écriture comme par exemple quand il écrit Fell (publié chez Delcourt) où chaque numéro est pensé comme un one-shot. Avec Cemetery Beach il opte pour un récit 100% efficace, avec peu de temps mort, voulu comme une longue course poursuite à l’objectif unique : l’évasion des 2 protagonistes à travers l’exoplanète imaginaire crée pour l’occasion. Mais soyons honnête, 7 épisodes et près de 140 pages cela fait beaucoup. Surtout que Warren Ellis ne peut pas s’empêcher d’y glisser des thèmes qui lui tiennent à cœur, comme la violence, le steampunk, les laissés pour compte, la politique et la biotechnologie. Et là on ne peut que trouver dommage qu’il n’ait pas plus utilisé l’espace à sa disposition pour approfondir ce monde et ses théories. Reste une impression de blockbuster mené tambour battant mais qui sonne quand même un peu creux. Il y avait sûrement mieux à faire avec pas forcément beaucoup plus. Je reste sur ma faim sur la consistance de ce récit malgré la présence des covers et leurs variantes en fin d’album. ■
Cemetery Beach est un comics publié en France par Urban Comics. Il contient les numéros Cemetery Beach n°1 à 7.
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