L’univers Wildstorm (WildCATS, Authority, Stormwatch) est en rade depuis en gros le New 52. Et qui de mieux que Warren Ellis pour proposer une nouvelle version des personnages emblématiques crées par Jim Lee dans les années 90 ? Un 1er volume très réussi et plein de promesses.
■ par Doop
Une évolution logique
À LIRE AUSSI : Les 7 plus célèbres couvertures de Jim Lee
Warren Ellis est un scénariste toujours très surprenant. Après s’être un peu perdu (à mon sens) dans les années 2000 avec des récits sanglants et pas très intéressants (No Hero ou autres monstruosités d’Avatar Press), il est revenu sur le devant de la scène avec des séries très orientées technologie et science-fiction, comme Trees ou Injection. Et c’était, il faut l’avouer, très réussi. Du coup, Warren Ellis s’est vu proposer un défi de taille : rebooter l’univers Wildstorm dans son ensemble en actualisant les concepts qui ont fait la gloire de Jim Lee chez Image. Il va donc réaliser une maxi-série en 24 parties, The Wild Storm, redéfinissant les personnages, suivie de 3 séries régulières dont 1 seule est publiée pour l’instant. Quand on y pense, cet univers, très orienté sur les opérations secrètes et les avancées de la science, correspond totalement aux caractéristiques de l’écrivain, qui a prouvé qu’il était capable de superviser la relance d’une ligne (rappelez-vous Counter X chez Marvel). De plus, les héros Wildstorm sont peut-être ceux qui ont le plus de capacités à évoluer. Regardez les WildCATS par exemple. Superhéros colorés dans les années 90 sous la houlette de Jim Lee, ils ont radicalement été transformés par Alan Moore dans les années 2000 qui les a amenés vers une équipe dysfonctionnelle et sublimés par Joe Casey dans les années 2010 qui en a fait des businessmen. Il est tout à fait normal que ces personnages, pas si connus que ça en France, soient adaptés aux contraintes des années 2020.
Des héros connus mais totalement réinventés
The Wild Storm est un véritable festival. Tous les personnages emblématiques de la série sont présents ! On peut citer en vrac : L’Ingénieur, Voodoo, Zealot, Deathblow, Savant mais aussi Harry Bendix, Miles Warren ou Christine Tremaine, un peu moins connus mais tout aussi importants. Et pourtant, ils ne ressemblent que de loin à leurs versions précédentes. L’Ingénieur souffre énormément lorsqu’elle se transforme en machine, Voodoo est une chanteuse, Zealot un simple agent secret… Bref, vous pouvez jeter aux oubliettes tout ce que vous pensiez connaître sur ces héros. Et c’est vraiment intéressant ! On reconnaît les personnages, leurs noms, mais on ne sait pas à quoi s’attendre. Ellis joue avec les lecteurs et leur adresse des clins d’œil discrets mais efficaces tout en les maintenant dans un état de questionnement permanent. Il leur amène un côté science très pointu, et redéfinit tous les concepts de base de façon plus adaptée à notre époque (la plaie, Skywatch, etc.).
Une histoire dense
Dans The Wild Storm, tous ces « nouveaux » personnages évoluent dans des intrigues denses. Le casting, composé de plus d’une vingtaine de personnes et la narration éclatée d’Ellis font de The Wild Storm une série compliquée et difficile à appréhender, mais qui en vaut largement la peine. Pour résumer, 2 agences secrètes (les IO qui s’occupent de tout ce qui se passe sur terre et Skywatch qui a mission de gérer de tout ce qui se trouve dans le reste de l’univers) commanditent un assassinat contre Jacob Marlowe, le directeur de HALO Corporation, une entreprise qui produit des ressources technologiques de pointe. Lorsque Marlowe est sauvé par Angelica Spica, une jeune scientifique de l’I.O. qui s’est greffé, après des dizaines d’opérations douloureuses, une armure au sein de son propre squelette, les agences s’affolent ! Elles créent une équipe d’intervention pour la retrouver, sans savoir que Marlowe a envoyé lui aussi sa propre équipe. Mais que viennent faire les extraterrestres là-dedans ? J’ai pris un immense plaisir à dévorer cette série, dont chaque épisode ne se lit pas en cinq minutes. Les concepts sont compliqués, les relations entre les agences et les personnages aussi mais c’est pour le mieux.
Des dessins corrects
Les dessins de Jon Davis-Hunt, qui réalise l’ensemble des dessins de la série, sont agréables à regarder. Mais il a beaucoup de personnages à dessiner et souvent ses femmes se ressemblent un peu toutes. Difficile donc de faire la différence entre Angelica, Voodoo ou Savant, voire une Jenny Sparks. C’est un petit peu gênant car le script d’Ellis ne nous aide pas beaucoup. Après, tout le reste est agréable à regarder. Sa narration est assez claire même si elle ressemble beaucoup à du dessin indépendant de base. The Wild Storm est une série particulièrement intéressante et moderne. Bref, tout ce qu’on attend d’un comic book des années 2020. Difficile à lire, elle propose des concepts pointus mais particulièrement bien trouvés. Pas étonnant que la série ait du mal à trouver son public ! En tout cas, vivement une publication en France. ■
À LIRE AUSSI : Authority revient dans The Wild Storm [critique des épisodes 7 à 12]