Basketful of heads : avis de tête tranchées à Brody Island

comics basketful of heads
(image © DC Comics, Urban Comics)
Temps de lecture estimée : 6 min.

Avec Basketful of heads, Urban Comics entame Hill House Comics, la gamme horrifique conçue par Joe Hill. Le créateur de Locke & Key commence fort dans un récit dense qui fait la part belle bien évidemment à l’horreur mais sans une pointe d’humour qui n’est pas sans rappeler certains succès cinématographiques. Alors qui y a-t-il dans le panier de June, le petit chaperon au cirée jaune ? Et qui poursuit-elle sur une île coupée du monde ?
■ par Fletcher Arrowsmith

 

Une histoire où il faut garder la tête froide

Joe Hill (Locke & Key, La Cape), écrivain à succès et également fils de Stephen King, sait poser une intrigue. Basketful of heads possède tous les éléments du thriller efficace qu’un lecteur attend. June Branch, l’héroïne de Basketful of Head, est la petite amie de Liam qui fait ses classes dans la police locale lors de l’été 1983 sur Brody Island. Quatre criminels vont profiter de l’accident de leur bus pénitencier pour s’évader et kidnapper Liam. Et c’est sans compter la tempête du siècle qui va couper nos protagonistes du reste du monde. A l’aide d’une hache viking datant du 8e siècle, June va partir à la recherche de son chéri, son arme ayant la propriété de garder consciente les têtes décapitées. La tête bien enfoncée sur les épaules, June va braver mille dangers dans un environnement hostile et découvrir l’envers du décor de Brody Island…

 

comics basketful of heads
(image © DC Comics, Urban Comics)

 

Une héroïne ayant la tête bien enfoncée sur ses épaules

Mini short, tee-shirt moulant, chevelure blonde, Joe Hill décrit June Branch comme l’archétype de l‘adolescente américaine de la fin du siècle dernier. Mais si elle semble ingénue dans les 1ers numéros, passant comme le faire valoir de son petit ami, apprenti policier, symbolisant le male dur à cuire, la suite de Basketful of Heads va nous démontrer le contraire. Joe Hill n’en fait pas un personnage parfait et June va dépasser son personnage qui fait tourner toutes les têtes. Elle va essuyer quelques déconvenues et frayeurs avant une montée en puissance qui la mènera à une dure réalité quand elle découvrira les mystères de l’île à l’apparence si idyllique et tranquille. L’atout numéro 1 de June reste de garder la tête froide devant l’horreur de la situation et surtout tenir tête aux divers hommes de l’île surtout ceux dont le minois garnit son panier. Evolution intéressante d’une protagoniste qui porte l’histoire de manière surprenante, June Branch profite d’une écriture moderne, loin d’une caractérisation manichéenne et stéréotypée. J’y vais même de mon interprétation personnelle, en période #metoo, avec un drapeau américain bien mal en point, sale, déchiré et ensanglanté, qui clout la hure des têtes de porc débordant du panier de June…

 

comics basketful of heads
(image © DC Comics, Urban Comics)

 

Joe Hill ne se paye pas notre tête

Avec Joe Hill à l’écriture, nous avons l’assurance de lire une histoire bien troussée, avec son lot de rebondissements mais surtout qui fait appel à des images de la pop culture, notamment ceux des slasher movies. Comme dans Locke & Key le scénariste chasse subtilement sur les terres de la pop culture. Il multiplie les références plus ou moins explicites et mélange avec un savant dosage l’horreur, l’humour et le thriller. En situant son intrigue en 1983, Joe Hill coupe court au recours trop facile du téléphone portable. Il isole ses personnages dans une atmosphère balnéaire familiale et renvoie à des films comme la saga des vendredi 13, la tenue des prisonniers faisant penser à celle de Jason. En parlant de dress code, June tient tête à Jennifer Love Hewitt dans Souviens-toi…l’été dernier avec un ciré jaune du plus bel effet. Parfait pour les balades dans les bois avec un panier pour mère grand où des têtes à claques encore vivantes remplacent la galette et le petit pot de beurre. D’ailleurs les têtes qui parlent et l’ambiance tranchante puisent leur source dans Re-animator et Evil Dead. On évolue en pleine iconographie pop culture et Basketful of heads devient un récit interactif qui fait appel à nos souvenirs cinématographiques mais aussi aux vieux récits d’horreurs bon marché d’EC Comics. Allez un dernier, le nom de l’île est un hommage direct aux Dents de la mer (Jaws) de Steven Spielberg et son chef Brody. Si vous vous prenez bien la tête je suis certains que vous trouverez d’autres références.

 

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(image © DC Comics, Urban Comics)

 

Des dessins à faire dresser les cheveux sur la tête

Avec Basketful of heads je découvre Leomacs, dessinateur italien qui a travaillé notamment sur Tex et Dylan Dog. Son style peut se définir comme efficace et ses influences européennes l’éloigne des codes usités des comics mainstream. Mais le dessinateur sait se fondre dans les codes de la bd américaine notamment par le découpage. Ses personnages sont tous clairement identifiables et un soin particulier a été effectué sur les expressions des visages que cela soit en réaction aux évènements ou bien les têtes tranchées qui s’animent devant nos yeux ébahis. Leomacs n’abuse pas d’effets grandiloquents même s’il sait jouer avec un découpage cinématographique en phase avec le script de Joe Hill. Il arrive à rendre grotesque les évènements en déformant les visages et trogne ou les points de vu. Côté décors et détails, c’est fourni juste comme il faut. Le lecteur n’a aucun mal comprendre l’action et la situer tout en restituant cette impression de film à petit budget avec ses décors fauchés. La colorisation de Dave Stewart complète l’ensemble. Pas de gros aplat sanguinolent et un effet très légèrement délavé comme pour vieillir les planches ou les faire ressembler à une pellicule cinématographique des années 70 à 80. C’est juste parfait.

 

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(image © DC Comics, Urban Comics)

 

Un comics à vous retourner la tête

Basketful oh heads s’inscrit dans le haut du panier des sorties comics actuelles. Sans crier gare, on est en face d’un récit exigeant avec un scénario particulièrement bien troussé et surtout qui surprend jusqu’à la dernière page. Joe Hill dose parfaitement l’ensemble, sans jamais tomber dans la facilité. Mieux il arrive encore à nous surprendre avec ce qui pourrait sembler être une farce écrite sur un timbre-poste ou bien une énième récusée d’un film de Wes Craven. Basketful of heads est bien plus que cela. Le fantastique (la hache, les têtes qui parlent) ne prend jamais le dessus et devient un accessoire moteur au service de l’ambition scénaristique. La construction du récit reste un des points forts de Basketful of heads. Joe Hill multiplie les fausses pistes et les points de vue et il faudra attendre le dernier épisode pour connaitre le fin mot de l’affaire. Mieux, bien que Urban Comics présente en un seul tome le récit complet (7 numéros au total), une attention particulière a été apportée par Joe Hill pour que chaque numéro apporte quelque chose avec à chaque fois un cliffhanger saisissant, à l’instar d’un récit construit dans un format feuilleton. Bien servi par un dessin efficace, Basketful of heads va vous faire tourner la tête, j’en donne la mienne à couper. ■

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(image © DC Comics, Urban Comics)

Basketful oh heads est un comics publié en France chez Urban Comics. Il contient Basketful of heads n°1 à 7 complétés par des variants covers ainsi que 2 interviews de Joe Hill et Leomacs.

 

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(image © Marvel Comics, DC Comics)