Ave Britannia, ceux qui vont te lire te saluent ! [critique du tome 2]

Le tome 2 de Britannia voit le retour d’Antonin Axia le seul déceleur, entendez par là détective, de Rome et de ses enquêtes où se mêlent polar, fantastique et enjeux politiques. De l’excellent divertissement nimbé d’un voile d’horreur pour ce 2ème tome !
■ par Dragnir

 

Britannia, tome 2 (image © Valiant)

 

La jeunesse romaine en péril

C’est une période angoissante pour les familles nobles de Rome car leurs enfants rejoignent en grand nombre une nouvelle secte qui semble les envoûter. Ainsi c’est une mère inquiète qui demande l’aide d’Antonuis Axia, le plus grand enquêteur de l’empire romain. La quête du « déceleur » va le conduire à une macabre découverte. Il tombe sur le théâtre d’un massacre perpétré dans un temple d’Apollon : de jeunes hommes gisent dépecés au sol. Plus incroyable encore, le détective croit avoir vu la statue du dieu bouger et même s’adresser à lui. En plus de cela, cette situation va prendre une tournure politique. L’empereur Néron tente d’en imputer la responsabilité aux vestales qui sont les seules femmes de l’empire à avoir un pouvoir qui vaut quasiment celui du dictateur. Raison de plus pour que faire intervenir le déceleur sur ce cas qui va le conduire aux arènes et lui faire rencontrer un combattant des plus particuliers : la gladiatrice Achillia qui subjugue les femmes romaines. Quel donc le point commun entre cette femme et cette affaire obscure ?

 

Britannia, tome 2 (image © Valiant)

 

Une ambiance de Rome décadente

Ce ne sont pas les enquêteurs et détectives de tout poil qui manquent en littérature et à plus forte raison dans les comics. La peur du déjà-vu est légitime et pourtant infondée quand il s’agit de Britannia. Tout d’abord il y a le contexte de l’antiquité romaine, quelque peu fantasmé à l’américaine il est vrai, mais qui donne une ambiance toute particulière, exotique de barbarismes. Dans Britannia, on retrouve cette délicieuse note de décadence de certains péplums d’antan mais aussi l’aspect grandiose que ce décor peut offrir. Ici, la magie et les dieux sont une réalité que chacun côtoie tous les jours et la mission du détective pour démêler le faux du vrai n’en est que plus ardue. D’autre part, bien que moins présent que dans le 1er tome, l’aspect « horreur » permet de cultiver l’angoisse qui fait le sel de ce récit. S’il devait y avoir un comparatif à faire, autant le tome 1 était très « lovecraftien » autant celui-ci apparaît plus dans la forme comme un hommage à Edgar Alan Poe.

 

Britannia, tome 2 (image © Valiant)

 

Une réussite à la romaine

S’il fallait encore le prouver, le tome 2 de Britannia démontre que l’auteur, Peter Milligan, maîtrise pleinement la mise en scène et la temporisation nécessaire à tout bon récit de polar et d’angoisse. Il alterne brillamment l’action et les phases d’enquêtes, gère parfaitement les rebonds scénaristiques pour nous livrer une histoire haletante. Il y a même un je-ne-sais-quoi de « Cecil B. DeMille » concernant les scènes d’arènes sans pour autant que l’on tombe dans le côté un peu édulcoré des Ben Hur et autres 10 commandements. Car soyons clair : ça saigne pas mal ! Aux pinceaux, on retrouve un Juan José Ryp. Son style nerveux et descriptif appuie de fait les scènes d’horreur et de combat ce qui sert parfaitement l’œuvre en termes de dynamisme. On peut ajouter que la colorisation superbe de Frankie D’Armata place là aussi une ambiance qui oscille entre grandeur et décadence et donne à l’ensemble une cohérence graphique particulière en totale adéquation avec le récit. C’est donc un grand plaisir que de retrouver Britannia et pour ceux qui découvrent, n’ayez crainte ce tome se suffit à lui-même ! Alors n’hésitez pas. Populus mergitur sin glori, bon bah ça, ça veut strictement rien dire, mais ça exprime bien mon allégresse ! ■

couverture de Britannia, tome 2 (image © Valiant)

Britannia, tome 2 est un comics de 112pages écrit par Peter Milligan et dessiné par Juan José Ryp. Cet album est publié en France par Bliss Comics au prix de 14,95 €. Les épisodes originaux (Britannia : We who are about to die #1-4) sont parus aux USA chez Valiant.




A propos Sonia Dollinger 18 Articles
Sonia est tombée amoureuse de Jean Grey à l'âge de six ans et lit des comics depuis bientôt quarante ans. Créatrice du blog Comics have the Power, elle participe également au collectif LesComics.fr et au podcast les GG Comics. Son gros problème est qu'elle ne sait pas choisir et qu'elle lit tous les titres qui lui passent sous la main en gardant une affection particulière pour tout ce qui touche aux X-Men.